Sept ans et demi après arrêt du traitement antirétroviral, 14 patients traités contre le VIH dès leur primo-infection étaient toujours en “rémission fonctionnelle”.

 

 

Après l’annonce, début mars, d’un enfant infecté in utero par le VIH, en état “rémission fonctionnelle” après traitement précoce (30 heures après sa naissance), une étude française vient donc confirmer sur une cohorte plus large d’adultes, l’existence de “contrôleurs après traitement” à long terme, et le concept de “rémission fonctionnelle” en cas de traitement précoce.

 

Primo-infection

Les auteurs de cette étude financée par l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (Anrs), et coordonnée par le Pr Christine Rouzioux (Hôpital Necker et Université Paris Descartes), et le Dr Asier Sáez-Cirión (Institut Pasteur), ont suivis 14 patients qui ont formé la cohorte Anrs EP 47 Visconti (Viro-Immunologic Sustained COntrol after Treatment Interruption). Ces sujets avaient tous été diagnostiqués au cours de leur primo-infection (dans les dix semaines après l’infection), et ont bénéficié immédiatement d’une thérapie antivirale sur une période médiane de trois ans, puis ont stoppé leur traitement. Les auteurs, ont alors constaté que, en moyenne 7,5 ans, après arrêt des traitements antirétroviraux, les patients contrôlaient toujours leur infection.

Le niveau de réservoirs viraux (cellules immunitaires dont la durée de vie est très longue, qui permettent au virus de persister après des années de traitement et qui explique la résurgence rapide de la virémie dès que le traitement est interrompu) des patients de la cohorte Visconti était très faible et comparable à celui des patients contrôlant naturellement le VIH (rares patients qui n’ont jamais été traités, qui demeurent asymptomatiques et contrôlent spontanément la réplication virale pendant de nombreuses années). En outre, les résultats montraient une diminution du nombre de cellules sanguines infectées chez certains de ces patients “contrôleurs après traitement”, au cours des quatre dernières années de suivi, malgré l’absence de tout traitement. “Le traitement précoce a probablement limité l’extension des réservoirs viraux, et préservé les réponses immunitaires. Cette combinaison a certainement pu favoriser le contrôle de l’infection après l’arrêt du traitement”, explique le Pr Rouzioux.

 

Porteurs d’espoir

De nombreuses questions restent cependant en suspens. En particulier, les auteurs ne peuvent pas être surs que les patients de la cohorte Visconti n’auraient pas contrôlé spontanément leur infection, en l’absence de traitement. “Néanmoins, la plupart d’entre eux ne présentent ni les caractéristiques génétiques favorables ni le même type de réponses immunitaires qui sont habituellement observées chez les contrôleurs naturels du VIH. Par ailleurs, alors que chez les contrôleurs du VIH le contrôle viral est observé dès la primo-infection, la plupart des patients Visconti était fortement symptomatiques durant cette période avec une quantité de virus dans le sang élevée, comparable à celle des patients qui ne contrôlent pas l’infection à l’arrêt du traitement”, affirme le Dr Sáez-Cirión.

En outre, on ne sait pas pourquoi seuls certains patients pris en charge dès la primo-infection sont capables de contrôler leur infection après arrêt des traitements, ni quels sont les mécanismes en jeu.

Ces résultats sont cependant porteurs d’espoir pour envisager un contrôle stable et durable de la maladie sans traitement.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Dr Marielle Ammouche