Alors que les discussions sur le mariage et l’adoption pour tous ont débuté à l’assemblée nationale, et que ce sujet fait actuellement l’objet d’un véritable débat de société, chacun des deux camps fait part d’études scientifiques pour renforcer son argumentaire. Mais qu’en est-il réellement ? La littérature scientifique penche-t-elle plutôt vers l’absence ou la présence d’un impact sur le développement de l’enfant ? Y aurait-il un préjudice à naître ou à grandir dans une famille homoparentale ?


C’est à ces questions qu’a cherché à répondre Guillaume Fond (Inserm et CHU de Montpelier) et ses collègues de Montpellier et Paris dans un article paru en 2011 dans la revue l’Encéphale.


Absence de différence

Selon ces chercheurs, 200 000 à 300 000 enfants seraient concernés par l’homoparentalité, c’est-à-dire qu’ils seraient pris en charge par un couple d’homosexuel(le)s. Plusieurs dizaines d’études ont été réalisées, même s’il faut souligner leur faible effectif et leurs difficultés méthodologiques. Ces études recouvrent trois situations bien distinctes : les familles lesbiennes avec un enfant né au sein d’une union hétérosexuelle, les enfants nés au sein d’un couple de mères lesbiennes, et enfin les pères gays.

Il en ressort globalement une absence de différence entre les enfants de familles homoparentales et les enfants de familles hétérosexuelles en termes de développement, de capacités cognitives, d’identité ou d’orientation sexuelle.


Activités masculines

Plus précisément, dans la première situation, les auteurs notent que la recherche de l’identité sexuelle serait la même pour les enfants de mère lesbienne et hétérosexuelle, sauf pour une étude qui retrouve un intérêt plus marqué pour les activités masculines chez les filles de mères lesbiennes. Et le taux d’enfants se définissant comme homosexuels serait identique dans les deux groupes. Le QI et le fonctionnement psychologique sont aussi similaires. Concernant la santé psychologique des mères lesbiennes, les études ne montrent pas de différence entre les mères divorcées lesbiennes et les mères divorcées hétérosexuelles. Les couples de lesbiennes ont les mêmes capacités de parenting, de chaleur, de capacité d’être maternante et rassurante que les couples hétérosexuels.

Dans la deuxième situation d’enfants conçus au sein d’un foyer lesbiens pouvant connaitre ou non leur père biologique, les résultats montrent qu’une majorité d’études ne retrouvent pas dedifférence par rapport aux enfants conçus dans un couple hétérosexuel, même si une étude note que les filles de mères lesbiennes avaient plus d’intérêt pour les activités de l’autre genre que les filles de mères hétérosexuelles.

Cependant le comportement global serait similaire dans les deux groupes. Concernant le fonctionnement parental, aucune différence n’est apparue dans la répartition des taches dans le couple, même si le partage du temps passé à élever l’enfant est plus équilibré dans les couples lesbiens que dans les couples hétérosexuels. En outre, la “mère sociale” semblait avoir une relation avec l’enfant de meilleure qualité que les pères biologiques dans les familles hétérosexuels. Et aucune différence n’a été retrouvée entre la santé psychologique des mères lesbiennes et des mères hétérosexuelles.


Système d’attachement

“Les pères gays sont moins étudiés que les mères lesbiennes”, expliquent les auteurs. Ces derniers affirment cependant que la littérature ne met pas en évidence de “différence dans [leurs] capacités de parenting, les pères gays étant significativement plus impliqués dans le cadre et les limites imposées au comportement de leurs enfants, et ayant tendance à répondre davantage à leurs besoins que les pères hétérosexuels. Par ailleurs, plusieurs études montrent que les enfants de pères gays apparaissent avoir des relations sociales normales avec leurs pairs et peu de préoccupations quant à l’orientation sexuelle de leurs pères”.

La plupart des études de la littérature portent sur des enfants jeunes (de quatre à 16 ans). Les auteurs rapportent qu’ “une seule étude s’est intéressée au système d’attachement de femmes adultes élevées dans une famille dont le père était gay, révélant que ces femmes avaient plus de problèmes dans leur vie intime que les femmes élevées dans des familles hétérosexuelles”.

 

Source :
http ://www.egora.fr/
Auteur : Dr Marielle Ammouche