Les progrès médicaux permettent aux personnes vivant avec le VIH d’atteindre le troisième âge. Cet allongement de l’espérance de vie porteur l’espoir,  ne va cependant pas sans poser de nouvelles et lourdes interrogations pour les patients. Le point, en ce 25ème anniversaire de journée nationale du sida, sur ces survivants invisibles.

 

Pour l’heure, quelques milliers de personnes sont concernées par le vieillissement avec le VIH  : entre 5 et 6% des près de 110 000 patients répertoriés par la French Hospital Database on HIV ont plus de 60 ans. Mais la question du bien vieillir séropositif  va devenir plus aigue dans les années à venir, puisqu’environ un quart des 150 000 personnes vivants avec le VIH (PVVIH) ont plus de 50 ans.

 

Insécurité

"Globalement, ce vieillissement génère inquiétude et insécurité", explique-t-on au sein de l’association Aides, actuellement engagée dans une analyse des besoins des plus de 50 ans. Principales difficultés identifiées : "l’isolement et le manque de ressources financières", précise Daniela Rojas Castro, coordinatrice de recherche communautaire. En effet, "80% des personnes interrogées n’ont pas de retraite à taux plein".

Olivier, 54 ans, témoigne : "j’ai été contaminé dans les années 80. Depuis, je n’ai jamais pu travailler plus d’une année sans interruption. Je ne sais pas quel sera le montant de ma pension mais je l’imagine faible. Au pire, je pourrai compter sur le minimum vieillesse".

Au même titre que la précarité, le risque de dépendance est aussi un facteur de stress, et "ce d’autant plus que les problématiques somatiques, sociales et psychologiques rencontrées par les PVVIH rendent plus difficile le maintien à domicile", explique la Direction Générale de la Santé (DGS)."Ces malades doivent avoir recours plus fréquemment et plus tôt que la population générale à des réponses institutionnelles collectives".

 

Reste à charge

Un problème se pose donc d’emblée : comment, avec de faibles revenus, assumer le reste à charge ? En Ehpad (établissement d’hébergement pour les personnes âgées dépendantes), la somme à payer s’élève en moyenne à 45 euros par jour. Par ailleurs, toutes les structures médico-sociales ne sont pas encore prêtes à accueillir des PVVIH.

Engagée depuis les années 80 dans la lutte contre le Sida et aujourd’hui responsable d’un service de soins infirmiers à domicile dans le sud de la France, une cadre infirmier explique : "dans certains EHPAD, les réactions de rejet rappellent celles du corps hospitalier au tout début de l’épidémie. Un effort dans la formation des équipes sera nécessaire". Pour ces établissements, se pose également la question de la prise en compte – ou non – des orientations sexuelles de ces résidents.

"Les difficultés rencontrées par ces malades sont souvent les mêmes que celles de patients atteints d’autres maladies chroniques ayant un impact sur le maintien à domicile", analyse le Dr Bernard Prouvost-Keller, coordinateur du réseau ville-hôpital VIH au sein du CH de Nice. "Mais d’un point de vue symbolique, cela interroge notre capacité collective à prendre en compte les besoins de personnes du troisième âge, socialement, psychologiquement et physiquement affaiblies tout en respectant les spécificités de leur parcours de vie".

 

Source :
http://www.egora.fr/
Auteur : Jérôme Narcy