Les urgences des hôpitaux du Léman sont en pleine crise. 12 urgentistes, sur les 14 du service, ont collectivement déposé une lettre de démission. Plus qu’une envie de quitter leur travail, c’est un appel à l’aide qu’on lancé ces médecins. Epuisés physiquement et mentalement, ils demandent du renfort avant le 15 décembre prochain. Sinon, ils partiront…

 

"On est tous en burn-out, au point de finir nos gardes en pleurant". Le Dr Céline Bonnet, porte-parole des médecins démissionnaires, parle la voix tintée d’amertume. Car comme ses collègues, la jeune urgentiste est passionnée par son métier. "Nous somme une équipe jeune et motivée, si la direction y mettait du sien, nous serions ravis de rester", lance-t-elle, comme une main tendue. Les dirigeants des hôpitaux du Léman ont jusqu’au 15 décembre pour changer la donne.

 

Promesses

Basés à Thonon-les-Bains, les hôpitaux du Léman voient leur fréquentation fortement augmenter lors des saisons touristiques, soit l’été et l’hiver. En revanche, du côté des urgences, la hausse des effectifs ne suit pas. "La fréquentation du service augmente de 2% par an depuis environ 10 ans. nous travaillons à effectifs constants", indique la jeune femme, avant d’ajouter que "nous sommes 12 équivalents temps plein alors que nous devrions être 18". Bilan : des journées à rallonge éreintantes, avec des pics à 170 patients par jour. Quatre praticiens sont en service le jour.

Pourtant, la situation devait s’améliorer. "A la fin de l’hiver dernier, nous avons tiré la sonnette d’alarme. Nous avons rencontré Yves Richir, le directeur de l’établissement, qui nous avait promis du renfort le week-end", raconte le Dr Bonnet. En effet, la nuit et le week-end, l’équipe est réduite à deux médecins pour assurer le Smur et les urgences. Malheureusement, Yves Richir est parti avant l’été pour le CHD de Vendée. Et les belles promesses ont été rapidement oubliées.

 

Appel à l’aide

"Lorsque nous avons vu l’hiver venir, nous nous sommes dit que ce n’était plus possible de tenir à ce rythme. Cela met en danger la sécurité des patients, mais également la notre. Nous avons donc longuement discuté et pris la décision de cette démission", explique Céline Bonnet. Le 12 novembre dernier, Christine Martinelli, la nouvelle directrice par intérim, a donc vu arriver les douze urgentistes munis de leur lettre de démission à dater du 15 décembre. "Elle a été un peu surprise", plaisante la praticienne.

Plus qu’une lettre de démission, c’est surtout un appel à l’aide qu’on lancé les médecins. Ces derniers acceptent de rester en poste si leur liste de revendications est acceptée par la direction. "Nous avons demandé une ligne de renfort pour les week-ends et la nuit, une ligne de garde 24 heures sur 24 supplémentaire pendant la haute saison et un renfort pour les filières pédiatriques et gynécologiques", énumère Céline Bonnet.

Et les choses semblent évoluer de manière positive. Plusieurs réunions ont déjà été programmées avec la direction, qui semble prête à enfin tenir ses promesses. "Nous avons eu un accord oral, nous attendons désormais un document signé", se réjouit l’urgentiste. Mais tous les problèmes ne sont pas encore résolus. Si la direction administrative est encline à faire des efforts, ce n’est pas le cas des gynécologues et des pédiatres de l’hôpital.

 

Au point mort

"Nous recevons les urgences pédiatriques et gynécologiques, ce qui oblige les patients à faire des allers-retours entre les services", regrette le Dr Bonnet. "Ce n’est pas normal de laisser des jeunes enfants attendre pendant des heures dans notre service au milieu de personnes alcoolisées ou en sang. Si c’était mon gamin qui attendait six heures à coté d’un papi qui crache, je partirais", témoigne encore la jeune femme.

Pour le moment, les discussions entre médecins sont au point mort. "C’est un problème d’organisation, cela fait des années que nous en parlons avec eux", s’exaspère la praticienne. Or cette fois ci, le temps presse. Car si la direction accepte d’augmenter les effectifs mais qu’aucun accord n’est trouvé avec les pédiatres et les gynécologues, les urgentistes maintiendront leur démission. "Je crois qu’ils ne réalisent pas vraiment que l’on pourrait partir", constate le Dr Bonnet.

Pour le moment, la direction, qui refuse catégoriquement de s’exprimer, préfère ne pas penser à un éventuel départ. Car sur l’équipe de 14 urgentistes, 12 sont démissionnaires. La treizième, qui avait déjà prévu de partir, quittera son poste à la fin de l’année. Quant au quatorzième, c’est une nouvelle recrue : le chef du service…

 

Source :
http://www.egora.fr/
Auteur : Sandy Berrebi