Plusieurs camions de CRS stationnés le long du trottoir, un ruban de plastique blanc et rouge pour barrer la route, des banderoles en préparation étalées sur le sol… L’avenue Duquesne est curieusement animée malgré la grisaille et le froid. Et pour cause, des attroupements de médecins, répondant à l’appel du BLOC et de la FMF, commencent à se former sous les fenêtres du ministère de la Santé, pour protester contre l’accord qui limite leurs dépassements d’honoraires. Il est 13 heures, ce mercredi.
 

 

"Non à l’avenant n°8", peut-on lire sur les panneaux. "Les médecins ne sont pas des pigeons !" déchiffre-t-on encore sur les t-shirts blancs de dizaines de manifestants, au dessus du dessin d’un oisillon portant un stéthoscope. Et du sigle UFML (Union française pour une médecine libre). Les organisateurs ont même convié la presse dans un restaurant de bonne tenue à l’angle de la rue.

Mais la salle est très petite, plusieurs tables sont déjà occupées. C’est l’heure du déjeuner et les médias sont très nombreux. Le message a du mal à passer. Dans un coin, entre deux tables, un attroupement s’est formé autour du Dr. Cuq, le vice-président du Bloc, qui répond aux questions d’une chaîne de télévision, mais ses réponses sont inaudibles pour les autres journalistes. Certains ont beau jouer des coudes, tenter de se rapprocher, le brouhaha les empêche d’entendre ce qui se dit. A côté, une tablée de médecins en T- shirt de pigeon commande une tournée de cafés…

Dans la cohue, il faut alpaguer le bon interlocuteur pour espérer obtenir quelques informations. "Pas de changement, chacun reste sur ses positions", dit l’un. "Il y a des signes d’ouverture : on nous a dit que si nous n’avions pas été reçus au ministère, c’est parce que nous ne l’avions pas demandé !", s’enthousiasme un autre. “La situation est totalement bloquée, je suis décidé à aller jusqu’au bout”, lâche un praticien du BLOC qui distribue des tracts devant le cortège.

A l’extérieur du restaurant bondé, l’attroupement grandit. Par groupes, en blouses ou  tenues de blocs, les internes affluent au point de rendez-vous. Selon la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP), 60 à 70% des blocs opératoires des cliniques privées étaient fermés, 14% des internes en moyenne nationale étaient en grève, 18% des internes parisiens. L’action doit se poursuivre au moins jusqu’à mardi prochain où une nouvelle manifestation de blouses blanches est organisée, à l’initiative des internes et des chefs de cliniques.

La musique monte dans les airs, les banderoles se dressent, la rue devient noire de monde. Selon l’AFP, il y avait au moins 5 000 personnes devant le ministère de la santé… Les CRS imposent sèchement aux troupes de l’UFML (le mouvement des Médecins ne sont pas des pigeons), de démonter la grande estrade montée pour les discours des leaders et les menacent, sinon, de correctionnelle. Bigre.

Dépités de n’être pas entendus par Marisol Touraine, les manifestants se dirigeaient aux alentours de 16h30 vers Matignon. A 17h15, des ordres de Matignon imposaient par mégaphone la dispersion de la manifestation.

 

Source :
http://www.egora.fr/
Auteur : Fanny Napolier et Catherine Le Borgne