Pierre Catoire est le nouveau président de l’Association nationale des étudiants médecins de France (Anemf). Il revient sur les difficultés rencontrées par les étudiants en médecine générale pour leur stage et rappelle que 51% des apprentis MG n’ont jamais côtoyé de cabinet de médecine générale.

 

Egora.fr : Quelles sont les principales difficultés rencontrées par les étudiants en médecine générale lorsqu’ils veulent faire des stages ?

Pierre Catoire : En ce qui concerne le stage de premier cycle, cela n’existe quasiment pas car il n’est pas obligatoire. Il y a tellement peu de terrain de stage que les facultés ne le proposent pas. Pour le stage de deuxième cycle, une enquête de l’ISNAR a montré qu’il n’y avait actuellement  que 49% des étudiants qui le faisaient. Je rappelle que ce stage est obligatoire depuis 1997, c’est inscrit dans le code de santé publique.

Les principales difficultés résident dans le fait que les médecins et les facultés se renvoient perpétuellement la balle. Les facultés disent qu’elles n’arrivent pas à trouver de maître de stage et le Conseil de l’Ordre répond que les médecins sont volontaires mais que d’une part ça leur coûte trop cher et que d’autre part ils n’ont pas été contactés par les facultés.

 

Les facultés sont donc en partie responsables du manque de maître de stage…

C’est le discours des médecins. Mais comme je le disais praticiens et facultés font du ping pong. Le fait est qu’il y a très peu de médecins qui se proposent à l’heure actuelle. Tout cela rend les stages assez difficiles. Certains terrains de stage sont à 2h/2h30 de transports de la faculté. Cela devient extrêmement compliqué pour les étudiants.

 

Quelles sont les solutions pour les étudiants ? Y-a-t-il des prises en charge de leur frais ?

Cela existe, c’est notamment  le cas à Dijon en Bourgogne. Sinon, dans le reste de la France, il n’y a quasiment jamais  d’aide pour ces stages. Du coup, les étudiants en médecine ne connaissent pas du tout la médecine générale. Résultat, le choix de la médecine générale ne se fait que sur une vision imaginaire du métier ou alors par défaut.

 

Avez-vous le sentiment que les facultés cherchent des solutions à ce problème des stages ?

D’après les doyens à qui nous en parlons régulièrement, oui, ils cherchent. Si certains ne sont pas du tout intéressés par ce projet, je n’en ferais pas une généralité. Malheureusement, beaucoup de PU-PH estiment aussi que ce stage n’est pas nécessaire et qu’il ne devrait pas faire partie de la formation. La reconnaissance de la médecine générale en tant que spécialité n’est pas très vieille donc pour de nombreux professeurs des facultés, la médecine générale devrait rester ce qu’elle était avant, c’est-à-dire la sortie du tronc commun à l’issu de l’externat.

 

Qu’est-ce qu’il faudrait faire pour faciliter la vie des étudiant dans leurs démarches de recherche de stage ?

Les stages coûtent très cher aux étudiants (indemnités kilométriques, logement) donc réduire leurs frais serait une option. Mais en réalité, ce ne sont pas vraiment les étudiants qui ont la main sur la possibilité ou non de faire les stages puisque c’est la faculté qui trouve les terrains. Il faudrait donc plutôt aider les facultés pour qu’elles trouvent plus de maître de stage. L’idée serait aussi de rémunérer plus les maîtres de stage mais le ministère de la santé n’a pas forcement les moyens. A moindre frais, nous proposons également de réduire les critères nécessaires pour devenir maître de stage.

 

Stages de MG : Le coup de gueule d’Emmanuel Bagourd (ISNAR-IMG). “Tout est fait pour que ça ne marche pas. Les facultés font de la rétention d’informations sur les stages et après c’est aux étudiants de se démerder. D’autant qu’il n’y a aucun dédommagement pour les frais kilométriques et que les stages sont souvent très loin. Les facultés disent avoir du mal à recruter des MG mais elles ne font aucune communication sur la maîtrise de stage. Il manque déjà des professeurs  au sein des départements de médecine générale. Les internes ne coûtent pas cher à l’hôpital et ils sont de la main d’œuvre. Je sais que dans certaines régions, les stages de MG ont été fermé de manière à garder plus de monde au CHU.”

 

Source :
http://www.egora.fr/
Auteur : Sandy Berrebi