Chers lecteurs, cet été Egora.fr a publié une série d’articles historiques. Nous retrouverons cette rubrique chaque vendredi pour découvrir un peu notre passé…

 

 

Il y avait plus de deux mois que la santé  du roi Louis XIV (1638-1715), alors âgé de 77 ans, commençait à s’affaiblir.

 

Samedi 24 août 1715

Le roi se réveille avec un pouls faible, complètement ailleurs, se plaignant les jours suivants d’une douleur à la jambe gauche, qui était très enflée.

 

Samedi 26 août 1715

Sur les coups dix heures du matin, les médecins pensèrent la jambe du Roi, dans laquelle ils donnèrent  plusieurs coups de lancette. On y fit des incisions jusqu’à l’os ; et on trouva que la gangrène gagnait jusque-là.

Les jours suivants, la progression de la gangrène fut stoppée par un mystérieux remède. Un Provençal nommé Brun, inconnu de tout le monde, avait apporté un élixir qu’il prétendait infaillible contre la gangrène. On le fit parler aux médecins et, après qu’il leur dit de quoi sa drogue était composée, on en fit prendre à midi dix gouttes au Roi, dans trois cuillerées de vin d’Alicante. Sa Majesté, en prenant ce breuvage qui sentait si mauvais, dit : « Je ne le prends ni dans l’espérance ni dans le désir de guérir ; mais je sais que, dans l’état où je suis, je dois obéir aux médecins. » Cette drogue était un élixir fait avec le corps d’un animal.

 

Jeudi 29 août 1715

Sa Majesté mangea, entre six et sept heures du soir, deux petits biscuits dans du vin avec assez d’appétit ; elle prit encore, à huit heures du soir, de l’élixir du fidèle Brun. Sur les dix heures et demie du soir, on leva l’appareil de la jambe pour la panser, et on trouva que la gangrène était dans tout le pied, qu’elle avait gagné le genou et que la cuisse était enflée.

 

Vendredi 30 août 1715

Le Roi fut toute la journée dans un assoupissement presque continuel et n’eut presque plus de connaissance. Le soir, on leva l’appareil à l’heure ordinaire : on trouva la jambe aussi pourrie que s’il y avait eu six mois qu’il fût mort, et l’enflure de la gangrène au genou et dans toute la cuisse.

 

Dimanche 1er septembre 1715

Le roi mourut à huit heures et un quart du matin, âgé de soixante-dix-sept ans moins cinq jours. Il rendit l’âme sans souffrance, comme une bougie qui s’éteint, après avoir passé la nuit sans connaissance.

 

Epilogue

Le jour même de la mort de Louis XIV, la Faculté de médecine reçut la lettre suivante :"A Versailles, le 1er septembre 1715. Lorsque le Roy meurt, on est dans l’usage d’appeler le doyen et un ancien de la Faculté de Médecine pour être t à l’ouverture de son corps. C’est pour cela que j’ai l’honneur de vous avertir,Messieurs, de vous rendre ici demain, deuxième de ce mois, à huit heures du matin. M. le marquis de Beringhem, premier écuyer du Roy, vous fera donner un carosse, qui se trouvera demain à six heures du matin à la porte des Écoles de médecine où deux chirurgiens de Paris se rendront pour venir ici avec vous. Je suis, Messieurs, votre très humble et obéissant serviteur."

Le procès-verbal d’autopsie montra que la mort de Louis XIV  était la conséquence d’une gangrène sénile ou diabétique : nous penchons plutôt vers la première hypothèse, les symptômes du diabète n’ayant pas été nettement constatés. Il convient, cependant, de dire que l’hypothèse de gangrène diabétique n’est pas insoutenable : le roi était un grand mangeur, surtout dans les dernières années de sa vie 4 ; or, la polyphagie ou exagération de la faim, est notée dans les traités de pathologie comme un signe révélateur de la glycosurie. Les diabétiques ont de la gingivite : le grand roi présenta le même symptôme. "Il se forma, écrit le docteur Helme, au niveau du collet de ses dents, des dépôts de tartre. Ces dépôts occasionnèrent de la gingivite et Louis XIV perdit ses dents de bonne heure." Enfin, il eut des troubles dyspeptiques, des vertiges, etc.

Les entrailles du roi furent portées sans aucune cérémonie à Notre-Dame par deux aumôniers du roi, dans un de ses carrosses. Quant au cœur, on le remit au supérieur des Jésuites de la rue Saint- Antoine, où se trouvait déjà celui de Louis XIII. Le roi en avait exprimé la volonté avant de mourir.  Le 9 septembre, ce qui restait du corps du Grand Roi fut enterrer à Saint-Denis.

 

Biographie. Louis XIV dit le Roi-Soleil ou Louis le Grand, né le 5 septembre 1638 à Saint-Germain-en-Laye et mort le 1er septembre 1715 à Versailles, est un roi de France et de Navarre.  Son règne de 72 ans (du décès de son père le 14 mai 1643 à sa mort) est le plus long de l’histoire de l’Europe. Il marque l’apogée de la construction séculaire d’un absolutisme de droit divin. Louis XIV construit un État centralisé, où son rôle direct est encore accentué après le décès des ministres Colbert (1683) et Louvois (1691). Par la diplomatie et la guerre, il accroît sa puissance en Europe, en particulier contre les Habsbourg.  À partir de 1682, Louis XIV dirige son royaume depuis le vaste château de Versailles, modèle architectural de nombreux palais européens et dont il a dirigé la construction. Une cour soumet la noblesse, étroitement surveillée à une étiquette très élaborée. Le prestige culturel s’y affirme grâce au mécénat royal en faveur d’artistes tels que Molière, Racine, Boileau, Lully, Le Brun et Le Nôtre. Avec d’autres, plus indépendants (le poète La Fontaine, le philosophe Blaise Pascal, l’épistolaire Madame de Sévigné, le moraliste La Bruyère ou le mémorialiste Saint-Simon), ils font du règne l’apogée du classicisme français. On parle, dès son vivant, de « Grand Siècle », voire de « Siècle de Louis XIV ». Sa difficile fin de règne est marquée par l’exode des protestants persécutés, par des revers militaires, par les deux famines de 1693 et de 1709 qui font près de deux millions de morts, par la révolte des Camisards et par de nombreux décès dans la famille royale. Son successeur Louis XV (un arrière-petit-fils) n’a que cinq ans à la mort du Roi, et pourtant, même après la régence, l’absolutisme perdure, marquant la solidité du régime construit par Louis XIV.

 

Source :
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Auteur : M.D, d’après Les morts mystérieuses de l’Histoire, Docteur Cabanès.