La situation sanitaire des Roms est déplorable. Le plus souvent sans eau ni électricité, ils souffrent des pathologies liées à l’extrême pauvreté. D’autant que leurs multiples expulsions rendent le suivi des soins impossible.
Avec une espérance de vie estimée entre 50 et 60 ans et une mortalité néonatale huit fois supérieure à la moyenne française, la santé des Roms est d’une précarité absolue. Une situation liée à leur extrême pauvreté mais rendue encore plus compliquée à cause de leurs multiples expulsions. “Certaines familles sont expulsées plusieurs fois par trimestre. Au final nous constatons un épuisement physique et psychologique qui entraîne une incapacité à répondre à leurs besoins vitaux, comme se nourrir, se vêtir ou encore se loger” déplore le Dr Jean-François Corty, directeur des missions France chez Médecins du Monde. Il ajoute “il ne faut pas sous estimer l’impact psychologique de ces expulsions, notamment chez les enfants. Cela crée des traumatismes ou encore des insomnies”.
L’association Médecins du Monde estime qu’environ 15 000 Roms vivent en France. Ils sont principalement originaires de Roumanie et de Bulgarie. “Depuis les années 2 000 on constate une hausse des expulsions du territoire, mais aussi des lieux de vie, sans propositions alternatives” constate le Dr Corty qui regrette également la violence utilisée lors des démantèlements. “Les forces de l’Ordre arrivent souvent en pleine nuit, ils utilisent des gaz lacrymogènes, tout cela a un impact sur la santé publique” juge-t-il.
Conscient de gravité du problème, le gouvernement a organisé, le 22 aout dernier, une réunion interministérielle présidée par le Premier ministre qui a alors promis “fermeté et humanité”. “Jean-Marc Ayrault a affirmé qu’il faut considérer les Roumains et les Bulgares comme des citoyens européens à part entière. Je suis assez optimiste car c’est la première fois que je constate une volonté de mettre en place une politique cohérente pilotée par Matignon et en lien avec les associations” s’est réjouit le Dr Laurent El Ghozi co-fondateur du collectif national droit de l’homme Romeurope et ancien médecin urgentiste. A la suite de cette réunion, l’accès au travail va désormais être facilité pour les Roms. Les associations présentes lors du rendez-vous ministériel ont également demandé l’arrêt des expulsions de lieux de vie sans propositions de relogement, et une facilitation de l’accès à l’aide médicale d’urgence (AME).
“80% des Roms n’ont pas ouverts leurs droits à l’AME. La démarche est compliquée. Il faut remplir un dossier administratif, justifier d’une domiciliation… ” explique le Dr Corty. “Pour réussir à avoir accès à l’AME, il faut un accompagnement militant acharné et une bienveillance des caisses. Si les personnes sont isolées ont leur refuse leur droit” ajoute le Dr El Ghozi. Résultat, moins d’un tiers des enfants sont suivis en PMI, la vaccination est insuffisante et seulement 50% des femmes enceintes sont suivies lors de leurs grossesses.
Des contacts réguliers sont prévus avec les associations dans le but de coordonner au mieux la politique interministérielle. “A la différence de la majorité des sans domiciles fixes, les Roms sont jeunes et ont la volonté et la capacité de travailler. Ils ne sont pas nomades et ne demandent qu’à être insérés dans la société” conclu le Dr El Ghozi.
Source :
http://www.egora.fr/
Auteur : Sandy Berrebi