L’unique pharmacien d’un petit village d’Indre et Loire vient de trouver la solution pour attirer de nouveaux professionnels de santé. Il est en train de construire une maison médicale attenante à son officine. Si trois cabinets sur six sont déjà loués, aucun médecin n’a encore signé. L’ouverture est prévue à la rentrée.

 

 

C’est l’histoire d’un pharmacien, passionné par son métier et amoureux d’une région qui l’a "adopté". Patrice Lellouche est installé dans sa pharmacie à l’entrée du village de Rouziers-de-Touraine, en Indre-et-Loire, depuis 10 ans. "J’ai démarré mes études en 1981, dans la région et je ne l’ai jamais quittée" sourit-il. Dans son petit village de 1 300 habitants, niché entre deux bourgs, il est le seul pharmacien. "Cette officine, je l’ai créée, avant il n’y en avant pas", rappelle-t-il. Aujourd’hui, il a un nouveau projet. Construire une maison médicale destinée à attirer des professionnels de santé à Rouziers.

 

Un médecin pour trois villages

"L’idée me trotte dans la tête depuis 2007, au final elle n’est pas vraiment de moi mais des patients. Il y a une attente très forte de la population", souligne Patrice Lellouche. L’année dernière, il a franchi le pas. D’autant que le terrain n’a pas été compliqué à trouver. "La pharmacie est en retrait par rapport à la route. Entre les deux, il restait un petit carré de 14 mètres sur 13. La maison médicale est donc construite à cette emplacement" attenant à la pharmacie. Au total, elle comptera six cabinets sur une superficie de 170 mètres carré.

"Je me suis dit que si je ne bougeais pas, il ne se passerait jamais rien", explique-t-il. Sur Rouziers, il n’y a qu’un médecin pour trois villages et très peu d’autres professionnels de santé. "Le canton compte 13 000 habitants et il n’y a que sept généralistes. Nous sommes très loin de la moyenne nationale selon laquelle il y aurait 1,3 médecin pour 1 000 habitants" déplore Patrice Lellouche. D’autant que certains professionnels de santé se sont déjà arrêtés dans l’optique de s’y installer; mais sans résultat. "Je me souviens d’un dentiste ou encore d’un podologue intéressés. Ils sont allés à la mairie pour se renseigner sur les locaux disponibles, mais il n’y avait rien, alors ils sont allés s’installer ailleurs", se désole-t-il. "Il ne peut y avoir d’engagement de soignants s’ils ne sont pas en mesure d’obtenir un local immédiatement" estime Patrice Lellouche.

 

Challenge

Alors il a décidé d’investir et les travaux ont commencé au mois de mars. "Certains font construire de très beaux pavillons. Moi, pour à peu près le même prix, je construis une maison médicale !» plaisante le pharmacien. Conscient du risque de ne pas trouver suffisamment de professionnels de santé, il rétorque : "cela reste un challenge avec les incertitudes qui y sont liées, mais aujourd’hui je ne regrette pas du tout. Ou bien si, je regrette de ne pas l’avoir fait plus tôt".

Depuis qu’il prospecte pour remplir sa maison de santé, Patrice Lellouche se réjouit de constater que les soignants sont au rendez-vous. Trois baux sur six sont déjà signés. Il s’agit de deux kinésithérapeutes et d’un ostéopathe. Mais toujours pas de médecin en vue. "Je réserve d’emblée un cabinet pour un généraliste. Sans médecin, une maison médicale n’en est pas vraiment une",  juge-t-il. Plusieurs jeunes semblent captivés par son projet, mais pour le moment, il n’y a aucune certitude. "La difficulté à trouver des médecins fait partie de la prise de risque",  admet-il. Un risque qui ne lui semble pas non plus insurmontable au regard des personnes séduites. "Sur une vingtaine de personnes intéressées, j’ai déjà eu 12 visites", note-t-il avant d’ajouter que "Je serais étonné qu’il n’y en ai pas un ou deux qui franchissent le pas"

 

Synergie

Selon Patrice Lellouche, le travail est groupe est la clé du succès. Il le réalise d’autant plus lors des visites. "J’ai vu beaucoup de jeunes diplômés, j’ai été impressionné par leur ouverture d’esprit. Ils ont tous cette volonté de travailler en équipe", s’enthousiasme-t-il. Car pour le pharmacien, les maisons de santé sont le meilleur moyen de fixer les professionnels dans le village. "L’avenir est dans la pluridisciplinarité, cela va créer une réelle synergie entre soignants et c’est les patients qui vont en profiter", prédit il. Et les clients de la pharmacie s’y voient déjà. "Tous les retours sont supers positifs. Les patients me posent pleins de questions. Ils se projettent complétement, voire même un peu trop ! Certains sont persuadés qu’il va y avoir un dentiste alors qu’il n’y a aucune certitude", s’exclame-t-il.

Bien que le village soit situé à une vingtaine de minutes du centre de Tour, les habitants ont du mal à trouver des professionnels de santé pour les soigner. Grâce à la volonté de Patrice Lellouche, cela devrait se simplifier. "Quand je me lève du bon pied, j’imagine qu’il y aura tellement de demandes que je vais devoir en refuser !" Rentrée des classes prévue le trois septembre prochain dans la maison médicale.

 

Source :
http://www.egora.fr/
Auteur : Sandy Berrebi