Le Docteur Jean-Marie Rolland est député dans la deuxième circonscription de l’Yonne depuis 10 ans. Il se présente sous l’étiquette de l’UMP pour un troisième mandat. Médecin généraliste en zone rurale, il a arrêté d’exercer dès qu’il a été élu député. Rapporteur de la loi HPST (Hôpital, patients, santé et territoires),  il a eu et aura encore à cœur de défendre la médecine générale.

 

 

Vous êtes médecin et député, continuez-vous à exercer la médecine ?

Pas du tout. J’ai arrêté le lendemain de mon élection parce que j’étais médecin rural isolé. C’était absolument impossible de faire les deux puisque pour moi la médecine générale ne peut s’exercer qu’à temps plein avec permanence des soins (PDS). J’ai eu la chance de trouver un remplaçant très vite.

 

Cela vous manque-t-il ?

Bien sûr, c’est un métier passionnant que j’ai exercé pendant plus d’un quart de siècle. C’est un rapport particulier avec les patients que l’on ne retrouve pas en politique, même si parfois, dans ma fonction de médiateur social, je reçois beaucoup de monde. Les gens viennent avec leurs problèmes. Comme en médecine générale, j’essaie de trouver une solution.

 

Est-ce un atout d’être médecin généraliste lorsque l’on est député ?

Tout à fait. Je pense sincèrement que sur les relations humaines, la médecine générale est une excellente école. Sur la connaissance des difficultés des concitoyens, notamment en milieu rural, là où j’ai exercé, c’est sûrement un atout. C’est une des raisons qui fait que nous sommes relativement nombreux, mais pas autant qu’on le croit.

 

Comment êtes-vous arrivé en politique ?

Je n’étais pas très satisfait de la façon dont les choses se passaient dans mon petit village. La population baissait, il y avait un déclin alors qu’on est simplement à deux heures de Paris et qu’on a beaucoup d’atouts. J’ai donc commencé par être maire pour développer mon territoire et après je suis devenu conseiller général. Je me suis occupé de la commission des affaires sociales de mon département. Ça m’a donné le virus. Finalement à chaque fois, on a envie d’avoir un mandat qui permet d’être un peu plus influent et actif.

 

En tant que maire et conseiller général, vous exerciez donc encore la médecine générale ?

(Rires) Eh bien oui ! Sachant que j’étais maire, conseiller général, président d’une commission au conseil général et qu’en plus j’ai créé la communauté de communes de mon canton. Quand j’y pense maintenant, je réalise que c’était une période extrêmement prenante, avec des horaires très compliqués. Je l’ai fait en prenant mes gardes tous les soirs, en prenant un week-end sur quatre et en travaillant jusqu’au samedi à 18 heures. Quand je dis ça aujourd’hui, j’ai vraiment l’impression d’un temps révolu !

 

Aujourd’hui, que pensent vos patients de votre statut de député ?

En toute modestie, je pense qu’ils ont d’abord été fiers que je devienne député, mais ils n’avaient pas tous compris que je ne pourrais pas continuer à exercer. Comme ils m’avaient connu exerçant la médecine tout en étant maire et conseiller général, un certain nombre devaient se dire que j’aurais pu continuer en étant député et médecin. Mais c’est complètement impossible. Dans un premier temps, ils n’étaient pas très contents. Ils m’ont fait des remarques. Aujourd’hui, on a des relations différentes. Je me présente pour mon troisième mandat. Beaucoup m’ont connu comme médecin, mais pas tout le monde. De temps en temps, certains me parlent de leurs problèmes de santé. Certains ont aussi la gentillesse de dire qu’ils regrettent l’époque où j’exerçais la médecine. Ils disent aussi cela parce que c’était une époque où les médecins faisaient de la vraie médecine générale, ils faisaient la permanence des soins, ils faisaient de la petite chirurgie… Ce qui n’existe plus aujourd’hui. Ils ont une certaine nostalgie.

 

Avez-vous et aimeriez-vous jouer un rôle de défenseur de la médecine générale à l’Assemblée nationale ?

Je l’ai été. J’ai été le rapporteur de la loi Hôpital, patients, santé et territoire (HPST). En tant que rapporteur, j’ai beaucoup défendu la médecine générale, la médecine de premier recours. J’ai fait voter un certain nombre d’amendements pour la revaloriser, la reconnaître surtout. La grande difficulté d’aujourd’hui, c’est que les étudiants ne connaissent pas cette médecine là. La faculté enseigne une médecine technique et non pas une médecine humaine. J’ai été un des porte-parole de cette médecine de proximité. En matière d’aménagement des territoires ruraux, c’est extrêmement important d’être capable de dire que dans un pays où 80 % de la population vit sur 20 % du territoire, les gens qui habitent en zone rurale ont l’impression d’être un peu oubliés en termes de services. Les services, ce ne sont pas la poste ou le trésor public, c’est l’accès aux soins et à l’enseignement.

 

Quelle seraient vos priorités si vous étiez réélu ?

Mon grand souci c’est l’égalité, en termes d’accès aux soins, sur tous les territoires. On va inaugurer dans mon village une maison médicale. Dans ma circonscription, on essaie de développer ce genre d’installation. Il s’agit là d’une amélioration des conditions de vie pour les professionnels, ce qui pourrait permettre de susciter des vocations  de médecins généralistes. Il faut faciliter les stages. Il doit y avoir un compagnonnage. Je pense que des médecins expérimentés doivent contribuer à la formation des jeunes médecins sur le terrain.

Je suis aussi soucieux de l’économie générale de notre système de santé. Lorsque je vois que les services d’urgences des hôpitaux sont débordés, je trouve que ce n’est pas normal. Les gens vont d’abord à l’hôpital avant d’aller chez leur médecin de famille. La loi que l’on a votée avec l’installation des agences régionales de santé permet une politique territoriale plus adaptée. Il ne faut pas faire en Bourgogne ou dans le Limousin, la même chose qu’en région PACA ou en Ile-de-France.

 

Source :
http://www.egora.fr/
Auteur : Sandy Berrebi