Le Dr Eric Bourbonnais est chirurgien-dentiste. Enfin il l’était. Passionné de médecine chinoise, il a décidé de fermer son cabinet pour exercer pleinement sa passion. D’ici septembre, il ouvrira une école de médecine chinoise à Nancy.

 

“Je ne suis pas du genre à méditer toute la journée perché sur une montagne avec des baguettes dans les mains” plaisante le Dr Bourbonnais. A 38 ans, cet eternel étudiant parle de son parcours avec dérision mais surtout avec passion. Car si aujourd’hui il exerce la médecine chinoise, il y a encore quelques années, il était dentiste en cabinet !  Après un stage très enrichissant de deux ans dans un service de chirurgie maxillo-faciale, il se destinait même à une spécialisation en implantologie.

 

De fil en aiguille

Comment a-t-il atterri dans la discipline de l’Empire du Milieu ? “Cela n’est pas venu d’un coup. J’ai en fait deux casquettes. Je suis enseignant professionnel d’arts-martiaux et de disciplines énergétiques chinois. Je pratique depuis l’âge de 11 ans. Lorsque l’on fait du tai-chi du qi-gong ou encore du kung-fu, il faut avoir une bonne connaissance du corps et de la pensée médicale chinoise” explique-t-il. Curieux, celui qui n’était encore qu’un jeune homme décide d’explorer de plus près de cette science. “J’étudie la médecine chinoise depuis que je suis en première année d’études dentaires ” indique-t-il.

De fil en aiguille, Eric Bourbonnais pousse ses connaissances de plus en plus loin. Il étudie même en parallèle de son activité de dentiste.  “Je n’ai jamais arrêté d’étudier la médecine chinoise. Au bout d’un moment c’est devenu compliqué de travailler sur les deux tableaux. J’ai donc choisi d’abandonner mon activité de dentiste” se justifie-t-il. Quatre ans après son ouverture, le cabinet du Dr Bourbonnais baisse le rideau.

 

Sur les bancs

Bien qu’il n’exerce plus, pas question pour le médecin touche à tout de rester inactif ! En 2006, il part faire de la médecine humanitaire au Tibet. Sur place, il dispense des soins en chirurgie dentaire mais aussi en acupuncture aux villageois. A son retour, ne tenant pas en place, il repart en Italie pratiquer les arts martiaux chez son maître de Kung-Fu. Quelques mois plus tard, il est sacré vice champion du monde du premier tournoi international d’arts martiaux chinois, juste derrière la Chine…

Malgré la victoire, la période est difficile à vivre sur le plan financier. Eric Bourdonnais trouve donc une solution pour gagner un peu d’argent. “J’ai décidé d’ouvrir une école d’arts martiaux à Nancy” confie-t-il. Mais pas question pour ce passionné de médecine traditionnelle chinoise d’arrêter d’étudier.  Après avoir usé les bancs de plusieurs écoles privées parisiennes*, il enchaîne avec des diplômes universitaires de médecine chinoise puis d’acupuncture et d’algologie (douleur) aux facultés de médecine de Bobigny et de Paris-Descartes.

 

Ventouses

Depuis quatre ans, le praticien exerce la médecine chinoise en cabinet. Une pratique qu’il ne cherche surtout pas à substituer à la médecine occidentale. “Au contraire, la médecine chinoise est intéressante dans le sens où elle vient compléter certains aspects de la médecine occidentale, dans sa version plus globale de l’individu. C’est une vraie discipline scientifique”  juge Eric Bourdonnais. Le spécialiste ne pose pas de diagnostic médical à ses patients. Il fait en revanche un bilan énergétique. “Il s’agit de l’observation de la personne à travers les pouls, ou encore la langue… Tout cela donne beaucoup d’information sur les organes” commente-t-il. Le praticien en médecine chinoise dispense désormais des cours à des stomatologues et des dentistes sur l’observation de la langue. “Pour les dentistes, c’est très intéressant, ils ont toujours le nez dans la bouche des patient” plaisante Eric Bourbonnais avant d’ajouter : “ils ont été très impressionnés. Ca leur a beaucoup plus”.

Pour Eric Bourbonnais, “dans leur majorité les médecins sont assez ouverts à la médecine chinoise”. Il n’est pas rare que des patients arrivent dans son cabinet envoyés par le centre anti-douleurs de Nancy. “L’acupuncture ou les ventouses permettent très souvent de soulager les patients souffrants” constate le thérapeute.

 

Faire un pont

Le Dr Bourbonnais note que “depuis quelques années, les gens sont de plus en plus demandeurs de médecine chinoise. Ils sont mieux renseignés”. Un service de médecine chinoise a ouvert depuis peu à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris. Seul regret du praticien, “les mutuelles qui ne sont pas encore très performantes”. Malgré cela, l’ex chirurgien-dentiste se félicite d’avoir du monde au cabinet, bien que sur une journée, il ne puisse voir que peu de patients. “Les consultations sont assez longues. La première dure toujours un peu plus d’une heure” témoigne-t-il.

Dernière initiative de cet hyper actif : ouvrir une école de médecine traditionnelle chinoise. “Il y a tout à construire en médecine chinoise en France. Je trouve très intéressant de pouvoir participer à ce projet. Je me suis entouré de personnes très compétentes, kiné, ostéopathes, psychologues, chirurgiens dentistes qui vont intervenir dans le programme. Je souhaite faire un pont entre la médecine chinoise et les sciences fondamentales, afin de proposer quelque chose de cohérent” souligne Eric Bourdonnais. L’établissement devrait ouvrir en septembre prochain.

 


*Les écoles privées de médecine chinoise sont accessible à tous, quant aux diplômes universitaires, ils sont réservés aux professionnels de santé.


Source :
http://www.egora.fr/
Auteur : Sandy Berrebi