Selon des projections internes, le régime complémentaire géré en autarcie par la Caisse autonome de retraite des médecins de France (Carmf) sera – à cotisations et allocations égales – en cessation de paiement en 2031. 

 

C’est un vrai coup de tonnerre et personne ne s’attendait à cela, à quelques mois de la douloureuse et longue réforme du régime ASV. Ainsi, MG France a découvert "avec stupéfaction", à l’occasion du dernier conseil d’administration de la Carmf (Caisse autonome de retraite des médecins français),  samedi dernier, les mauvaises projections à long terme du régime complémentaire, entièrement géré par la profession.

 

Sécurisation des placements

Ce régime qui représente 42 % de la retraite des médecins libéraux, aurait, accuse le syndicat, pâti en plus du rendement de ses placements. Le fonds a ainsi perdu – 10 % en 2002, – 27 % en 2008 et – 7 % en 2011… Les réserves qui se montaient à 4,3 milliards fin 2011 seraient négatives de – 4,6 milliards en 2043. "Nous demandons des explications sur la sécurisation des placements, certains d’entre eux semblent risqués, il y a des obligations convertibles en actions par exemple. Or, en temps de crise…" s’étonne Claude Leicher, le président de MG France.

Interrogé, le directeur général de la Carmf, Henri Chaffiotte, ne conteste ni la date butoir, ni la projection. "Il s’agit d’un document de travail – il y en a d’autres – où nous nous sommes basés sur des projections tendancielles démographiques pessimistes. Plus pessimistes que celles  retenues par le gouvernement pour réformer l’ASV" explique-t-il.

 

Sur le fil

A l’entendre, le rendement des placements n’est pas en cause, mais le déficit démographique, oui, certainement, car le poids des retraités ne fera que s’alourdir au fil des prochaines années, alors que celui des actifs s’allègera. "Les réserves seront effectivement épuisées en 2031, mais cela ne veut pas dire que le régime sera en faillite. Nous aurons pris des mesures techniques avant d’en arriver-là" explique le directeur, en rappelant que le sauvetage du régime ASV est intervenu sur le fil.

Des mesures techniques qui prendraient, évidemment, la forme d’une augmentation de la cotisation, et d’une réduction des allocations, voir d’un panachage des deux. "Mais rien à voir avec l’ASV, le différentiel sera d’environ 10 %. A cotisation constante, on peut rééquilibrer en baissant le point de 8 %. Et si les médecins partent tous en retraite à 67 ans, le régime retrouve son équilibre à long terme", ajoute-t-il.

 

Sombres perspectives

MG France demande des explications claires. Et ne comprend pas que le conseil d’administration de la Carmf ait déposé, aux côtés d’une association de médecins retraités, un recours devant le conseil d’Etat contre la réforme de l’ASV , une réforme "douloureuse et couteuse", explique Claude Leicher, alors que le régime complémentaire était déjà en grande difficulté. "Pour les médecins, les perspectives sont très sombres, ajoute-t-il. Si la réforme de l’ASV est abrogée, ce régime représentant 40 % de la retraite, et le régime complémentaire, 42 %, ce seront 82 % de l’allocation retraite qui seront menacés". Le seul régime qui n’est pas menacé sera donc le régime de base, qui représente 18 % du tout.

Repoussant tout catastrophisme, l’équipe de la Carmf a prévu de mettre le problème de l’équilibre du régime complémentaire, au programme d’un prochain séminaire prévu le 12 mai prochain. "Nous avons 20 ans pour agir", fait valoir M. Chaffiotte pour calmer le jeu.

 

Source :
http://www.egora.fr/
Auteur : Catherine Le Borgne