Plus d’un tiers des femmes (36 %) qui ont été déclenchées disent ne pas avoir été sollicitées pour donner leur consentement ; et en cas d’accouchement non déclenché, une femme sur quatre recevrait de l’ocytocine pour accélérer le travail sans en avoir été informée.

 

Ces constations qui pointent les insuffisances majeures, voire l’illégalité des pratiques, en matière de communication et d’information donnée aux parturientes en salle d’accouchement, sont issues d’une vaste enquête réalisée par le Collectif interassociatif autour de la naissance (Ciane*), qui a analysé 4 400 questionnaires remplis sur internet en 2012 par des femmes ayant accouché récemment.

Ainsi, concernant le déclenchement, une femme sur trois ayant eu ce type d’intervention affirme n’avoir reçu aucune information à ce sujet. En outre, 22 % des femmes à qui l’on a demandé un consentement n’ont reçu aucune information. Or "beaucoup de femmes considèrent que si elles avaient été correctement averties des conséquences possibles du déclenchement, elles s’y seraient opposées". Et "un certain nombre d’entre elles font état de pratiques inacceptables puisque non seulement on ne leur demande pas leur consentement mais elles ne sont même pas informées du déclenchement avant sa réalisation" affirme le Ciane.

 

Administration invisible 

Par ailleurs, concernant l’administration d’ocytocine, les auteurs de cette étude constatent de grandes différences entre les résultats de leur travail et ceux de l’enquête périnatale 2010 : le taux d’accouchement avec ocytocine serait de 34 % en cas d’accouchement non déclenché et 69 % en cas de déclenchement dans l’enquête Sian.  Par contre, ces chiffres seraient de 58 et 82 % dans l’enquête périnatale.

Les auteurs interprètent ces différences par le fait que "la plupart des femmes ne sont pas prévenues de l’administration d’ocytocine pendant l’accouchement, administration rendue invisible par la pose systématique d’une perfusion". En outre, parmi les femmes qui ont été informées de l’administration d’ocytocine, 55 % disent que l’on n’a pas demandé leur consentement.

 

Conséquences négatives

Ces éléments sont d’autant plus inquiétants que le déclenchement ou l’accélération du travail entrainent, dans cette étude, des conséquences négatives non négligeables. Ainsi, les accouchements déclenchés sont associés à une augmentation significative des autres interventions. Le taux de césarienne est multiplié par 2,4. On observe aussi une augmentation du nombre d’épisiotomie (+ 30 %) et de forceps/ ventouse/ spatules (+50 %).

Par ailleurs, "tant le déclenchement que l’administration d’ocytocine sont associés à une dégradation de la manière dont les femmes vivent leur accouchement" précisent les auteurs : les femmes ayant subi l’une ou l’autre de ces interventions sont pratiquement deux fois plus nombreuses que les autres à dire qu’elles ont plutôt mal ou très mal vécu leur accouchement (aux alentours de 30 % / 15 %).


 *Le Ciane (Collectif interassociatif autour de la naissance) est un collectif d’associations agréé pour la représentation des usagers dans le système de santé.   Source originale : http://ciane.net/blog/wp-content/uploads/2012/04/DeclenchementAccelerationCiane.pdf


Source :
http://www.egora.fr/
Auteur : Marielle Ammouche