Il y a tout juste un an, la petite commune ardéchoise de Lamastre était sous les feux des projecteurs de TF1 grâce à l’intervention de la généraliste du coin, le Dr Simone Farjas, choisie dans le panel de Français pour interroger Nicolas Sarkozy sur sa politique. Il avait notamment été question de la pénurie des médecins. Aujourd’hui, la ville de 2 500 âmes semble avoir trouvé la solution.

 

Sur le plateau télé, la généraliste ardéchoise de 57 ans avait fait part de son inquiétude quant au manque de médecins dans son département. "Ils ont du mal à venir et quand ils viennent, on a du mal à les faire rester. Comment donc attirer des médecins dans les régions rurales ?", avait-elle demandé au président de la République. Nicolas Sarkozy avait alors rappelé que le métier a changé, que les médecins, avant, voulaient avoir leur cabinet, mais que maintenant, ils préféraient être en maisons médicalisés. "Nous allons multiplier les maisons médicalisées", promet-il à l’antenne. Banco !

 

"Elan personnel"

Depuis, l’idée a germé dans la tête des médecins de Lamastre et une association est née en novembre dernier pour monter une maison de santé pluriprofessionnelle. "Cette rencontre avec le président a été très positive et m’a donné un certain élan personnel, une envie de me bouger localement, raconte le Dr Simone Farjas, un an après. Ça nous a permis d’élaborer des pistes pour revaloriser notre territoire et faire venir des confrères." Et ça marche puisque dans ce projet de maison pluriprofessionnelle, on compte deux nouvelles installations, dont une réinstallation.

A la tête de ce projet, il y a notamment un tout jeune médecin de 33 ans, Nicolas Langin, installé depuis cinq ans à Lamastre, tout de suite à la sortie de la fac, alors qu’"il n’était pas du pays". Il se définit à juste titre comme un "ovni". "Il y a eu deux éléments déclencheurs dans ce projet : le fait effectivement que Simone Farjas soit invitée sur TF1, explique-t-il, et le fait aussi d’accueillir des internes. L’un d’eux, dont le beau père était en train de créer une maison de ce type, nous a expliqué qu’il avait très envie de venir exercer à la campagne mais seulement à condition que ce soit dans une structure avec d’autres professionnels de santé."

Ce qui a décidé le Dr Langin, c’était pour sa part la surcharge de travail devenue beaucoup trop lourde. "J’ai failli craquer" confie-t-il. Les maîtres-mots pour sauver sa pratique : délégation de tâches, partage et coordination. Des mots qu’on retrouve encore peu souvent dans la bouche des médecins. (Ecoutez le témoignage sonore pour plus de détails).

  

"Je suivrai le mouvement"

Finalement, la maison pluriprofessionnelle de Lamastre devrait se composer de trois généralistes – Simone Farjas, Nicolas Langin et une ex-salariée de 45 ans qui a lâché l’hôpital – six infirmières, un kiné, et, si elle se situe en centre-ville, de deux pharmacies et d’un dentiste.

Christine Bouit, la pharmacienne installée dans la commune depuis trente ans suit le projet de loin. Pour l’instant, s’il lui paraît un peu vague, elle pense tout de même que ça peut être intéressant. "On est obligés de se sentir concernés parce que notre survie dépend aussi de celle des médecins de la commune. Si la maison pluriprofessionnelle se fait, je suivrai le mouvement." Ce qu’elle a regardé de plus près en revanche, c’est l’intervention de Simone Farjas sur la chaîne privée. "C’est vrai que ça a permis de donner une dynamique à la ville et de créer un lien entre les médecins. On a compris que ce nouveau mode d’exercice pouvait attirer des jeunes et que c’était peut-être le seul moyen de pérenniser l’exercice libéral."

La maison médicale devrait voir le jour au mieux en 2014. Nicolas Sarkozy y est-il vraiment pour quelque chose ? Les habitants de Lamastre veulent croire que oui.

Source :
http://www.egora.fr/
Auteur : Concepcion Alvarez