Qui a dit que les agences régionales de santé (ARS) et les médecins libéraux ne pouvaient pas s’entendre ?

L’île-de-France prouve le contraire, moins d’une semaine après que le Centre national des professions de santé (CNPS) a pointé « les nombreuses difficultés qu’ils rencontrent avec les ARS », lesquelles n’auraient « pas encore acquis une culture de négociation avec les professionnels ».

Le directeur général de l’ARS d’Île-de-France, Claude Evin, et le président de l’URPS (Union régionale des professions de santé) Médecins Île-de-France, Bruno Silberman, ont annoncé ce jeudi la signature d’un protocole d’accord pour une période de trois ans.

Premier du genre, il est issu de la loi Hpst qui prévoit la contractualisation autour d’objectifs communs entre les ARS et les Unions régionales de professionnels de santé (Urps). « Avec l’ARS, nous avons parfois des convergences, parfois des divergences, mais on arrive à travailler ensemble », s’est félicité le Dr Bruno Silberman, tout en restant prudent : « Cet accord n’est peut-être pas un contrat d’adoption, de mariage ou un PACS, mais c’est un premier pas ».

Concrètement, ce protocole prévoit des actions concrètes dans trois domaines :

la démographie et l’aide à l’installation des professionnels de santé. L’ARS et l’Urps s’engagent à effectuer 30 diagnostics de territoire (offre et recours aux soins) par an, à la demande des élus locaux de territoire de plus de 10 000 habitants, permettant d’envisager l’implantation de maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) ou d’autres solutions. « Actuellement, 12 MSP répondant au cahier des charges national fonctionnent dans la région, notre objectif se situe à 33 d’ici à fin 2013 », a précisé Claude Evin.

Deuxième action, des « Journées départementales de découverte du tissu sanitaire », déjà impulsées par l’ex Union régionale des médecins libéraux, auront lieu une fois par an dans chaque département. Les jeunes professionnels pourront y rencontrer des libéraux déjà installés et l’ensemble des institutions (Urps, Ordres, Cpam, conseil général etc.) susceptibles de favoriser leur installation. Les sites internet Soigner en Ile-de-France et de la Plate-forme d’appui aux professionnels de santé serviront de relai à cette opération de séduction.

Par ailleurs, ces mêmes institutions tiendront chaque mois une permanence locale dans chacun des départements franciliens (soit 80 permanences par an), afin de répondre individuellement aux questions des professionnels. Première édition de ce « guichet unique » : en Seine-Saint-Denis, dès décembre prochain.   

la mise en place d’un observatoire de l’accès aux soins des populations. L’idée est d’identifier les difficultés d’accès aux soins liées aux pratiques tarifaires, au niveau territorial et selon les actes, afin « d’agir communément ou individuellement de façon ciblée sur les constats partagés ». Cette réponse passerait par une contractualisation avec les professionnels des zones concernées : « L’ARS ne peut intervenir au niveau de la convention nationale, mais il est de  sa responsabilité que les soins soient accessibles, y compris financièrement. Les coûts de l’immobilier dans la région expliquant en partie les dépassements tarifaires, il faut étudier ces contraintes particulières et apporter des réponses localement », a indiqué Claude Evin, sans toutefois donner de précision sur les modalités de cette contractualisation.

– la promotion, le développement et le maintien des structures d’exercice collectif. Une enquête de recensement des cabinets de groupe, maisons, pôles et autres centres de santé sera lancée fin 2011, afin d’ « aider au renouvellement des équipes et le cas échéant à la contractualisation avec l’ARS », mais aussi d’accompagner les structures qui le souhaitent pour répondre au cahier des charges des maisons de santé. 

Les actions de ce protocole doivent désormais être formalisées dans un ou plusieurs contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens (Cpom), à conclure entre l’ARS Île-de-France et l’URPS Médecins avant la fin novembre 2011. D’autres axes de coopération pourront être ultérieurement développés autour de la coordination des soins, de la télémédecine ou encore des outils communicants.

Source :
http://www.egora.fr/
Auteurs : Catherine Holué