Alors que la convention médicale prévoit des revalorisations financières pour certaines spécialités cliniques, les syndicats signataires ont découvert en commission de hiérarchisation des actes et des prestations (CHAP) que le frottis cervico-vaginal réalisé pendant une consultation ne serait pas compté comme un acte plein, mais comme un demi-acte, rémunéré donc à la moitié de 9,64 euros, soit 4,82 euros plus la consultation C ou CS.

« Mais ils nous prennent pour qui ?! C’est pas possible, s’emporte Michel Chassang, le président de la CSMF (Confédération des syndicats médicaux français). Ils sont pingres jusqu’au bout ! Comment pouvons-faire confiance à ce partenaire, alors qu’il s’agit là d’une remise en cause de la convention ! »

La convention est, il est vrai, suffisamment ambigüe sur cette question pour laisser planer le doute aussi bien du côté des syndicats que de celui de la CNAM. Le texte prévoit en effet que l’ensemble des médecins, gynécologues-obstétriciens et généralistes, puissent « coter l’acte technique [le frottis cervico-vaginal, ndlr] lorsqu’il est réalisé au décours d’une consultation afin de favoriser le dépistage ». Mais aucun détail n’est donné sur la cotation de cet acte. En tout cas, pas dans la convention. En revanche, dans le dossier de presse envoyé aux journalistes dans la foulée de la signature, il apparaît que « les médecins auront la possibilité de coter à 50% cet acte technique ». Boulette ou stratégie délibérée ?

Pour Jean-Paul Hamon, le président de la FMF (Fédération des médecins de France), la réponse est désormais évidente. « Pour moi, dit-il, il n’y avait pas d’ambiguïté possible, c’était clair ! Il n’y avait pas de décote ! C’est culoté quand même de la part de Frédéric Van Roekeghem [le directeur de l’assurance-maladie, ndlr] de dire que c’est nous, syndicats, qui n’avions pas bien compris. C’est là toute son habileté, mais c’est insupportable sur le plan de la santé publique et sur celui de l’honnêteté intellectuelle.»

La généralisation du frottis cervico-vaginal doit permettre un meilleur dépistage pour une meilleure prise en charge. Chaque année, les cancers du col de l’utérus représentent 2 800 nouveaux cas et 1 000 décès en France. Actuellement, plus de 50% des femmes ne sont pas ou trop peu dépistées. « La seule façon d’inverser la tendance, c’est d’impliquer les médecins », dit encore Jean-Paul Hamon.

Du côté des caisses, on explique avoir provisionné une enveloppe de 20 millions d’euros pour prendre en charge le frottis sur la base d’un demi-acte. Il est impossible pour elles de doubler ce budget. Pour le président de la FMF, c’est une « aberration ». « L’Etat dépense près de 300 millions d’euros pour la prise en charge du vaccin du col de l’utérus dont l’efficacité est largement contestée, et il n’est pas capable de trouver 20 millions d’euros pour le frottis. Il ne faut pas se moquer de nous. » Il demande par conséquent une moindre prise en charge du vaccin, et un coup de pouce sur la cotation du frottis. Pour l’instant, son syndicat, qui doit signer la convention, ne l’a pas encore fait, mais Jean-Paul Hamon constate que « les syndicats signataires [SML, MG France et CSMF, ndrl]sont en train de faire marche-arrière les uns après les autres ».

Hier la CSMF, dans une conférence de presse, comptait sept menaces qui pèsent actuellement sur la convention. Espérons que son application ne réservera pas de nouvelles mauvaises surprises aux médecins.

Source :
http://www.egora.fr/
Auteurs : Concepcion Alvarez