Après le PS à la Rochelle, c’était au tour de l’UMP de rassembler ses militants ce week-end à Marseille. L’occasion de dresser le bilan de l’année écoulée avant de se mettre en marche pour la présidentielle de 2012. Quelle place va occuper la santé dans les programmes électoraux des deux partis majoritaires? Etat des lieux à huit mois du premier tour de l’élection.

 

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Sur les questions de santé, l’UMP se base sur ses acquis en s’appuyant sur la future loi sur la pharmacovigilance et sur le contenu de la loi Hpst (Hôpital, patients, santé et territoires), qui, dans ses volets, comporte la réforme hospitalière, la mise en place des Agences régionales de santé (ARS),  la revalorisation de la médecine générale ou encore des mesures de lutte contre la désertification médicale.

La loi Fourcade a parfait ce dispositif. « Nous allons donc poursuivre ce qui a déjà été initié, affirme le député Jean-Pierre Door, pour se diriger vers une médecine libérale nouvelle formule. La médecine telle que l’ont connue nos grands-parents a vécu. Il faut se faire à l’idée que désormais il n’y aura plus un médecin dans chaque village. »  Pour le « Monsieur santé » de l’UMP, la solution passe par une poursuite des incitations à l’installation en zone sensible.

Il propose ainsi de mettre en place, pour tous les étudiants en médecine, quelque soit leur spécialité, un stage de six mois à un an, rémunéré, auprès d’un praticien libéral dans les petites villes, sous forme de tutorat. « Il faut sortir le jeune de l’hôpital pour l’emmener vers une médecine territoriale. » Le député du Loiret pense aussi qu’il faudrait augmenter le numerus clausus, mais renforcer, dans le même temps, la sélection à l’entrée des spécialités. Quant au financement du système de santé, le maître mot est la « maîtrise des dépenses ». L’objectif clairement affiché pour 2012 est donc le renforcement de la lutte contre les abus et les fraudes.


Quelques propositions phares de l’UMP 

1) Création d’un « FBI » de la lutte contre les fraudes fiscales et sociales : corps d’inspecteurs, directement rattaché à la délégation nationale à la lutte contre la fraude, en lien avec les corps de contrôle de la sécurité sociale, les services fiscaux, les services de police…

2) Création d’une carte sociale biométrique sécurisée : elleregrouperait les informations ouvrant des droits pour uneperception des prestations évolutive en fonction du changement de situation.

3) Modernisation de la Carte Vitale : mise en place d’un dispositif d’alerte en cas de surconsommation de médicaments.

4) Création d’un fichier national des fraudeurs sociaux : prévention de la récidive et durcissement des sanctions.5) Lutte contre le trafic de traitements substitutifs aux opiacés : seuls certains médecins et certaines pharmacies dits « référents » pourront être autorisés par la Cpam à délivrer ce type de traitement.

6) Mise en place d’un numéro vert pour limiter les arrêts de travail répétitifs de courtes durées : obligation pour le bénéficiaire de composer ce numéro en cas d’arrêts trop fréquents.

7) Généralisation des guichets uniques CAF/Cpam/Urssaf sur un même site.

8) Suivi plus précis et régulier de la situation de l’allocataire à la fois pour le versement de la CMU et de l’AAH.


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Incitation à l’installation en zone sensible, mise en place d’un paiement au forfait… Ces propositions du PS sont déjà présentes dans la nouvelle convention médicale paraphée en juillet dernier par la Csmf, le SML et MG France. Le PS veut également un contrôle strict des dépassements d’honoraires, alors que la convention attend de la mise en place du secteur optionnel, un élément de réponse à ce problème.

Quelles marges de manœuvre lui restent-t-il encore en matière de santé dans la perspective de 2012? « Cela fait des années qu’on attend un changement, argumente Marisol Touraine, secrétaire nationale à la santé au PS. Nous sommes quand même frappés de voir que ce gouverment a soudainement beaucoup d’idées à quelques mois de l’élection présidentielle. Mais pourquoi n’a-t-il rien fait avant pour limiter les inégalités d’accès aux soins, la désertification des professionnels de santé sur certains territoires et les dépassements d’honoraires qui n’ont fait que s’envoler? »

Ainsi, bien qu’il y ait des nuances sur cette question entre les différents candidats à la primaire, elle évoque la mise en place de « dispositifs contraignants » si rien ne bouge en matière d’installation dans les zones désertifiées. « On ne peut pas s’en remettre au laisser-faire puisqu’on voit bien que ça ne fonctionne pas. C’est aux médecins de jouer le jeu. L’installation en zones sur-denses sera forcément limitée. »

La députée d’Indre-et-Loire met également l’accent sur la prévention avec le développement du paiement au forfait et la mise en place d’objectifs de santé publique pour les professionnels de santé. « Nous avons un système qui clopine avec la jambe curative qui est bien plus active que la jambe préventive. » Enfin, le PS prévoit la tenue d’états généraux de la santé sur tout le territoire impliquant « la parole des patients et de tous les Français ».


Quelques propositions phares du PS  

1) Nouveau pacte pour les professionnels de la santé : déploiement de maisons de santé, introduction du paiement au forfait pour les soins de premiers recours, régulation de l’installation des médecins (il sera demandé aux jeunes médecins d’exercer dans une zone de santé prioritaire pendant les premières années à la sortie des études), assouplissement du numerus clausus pour les étudiants en médecine.

2) Les jeunes et la santé : développement des « chèques santé » pour souscrire à une complémentaire santé, extension de la gratuité de la contraception jusqu’à 25 ans pour les jeunes dépourvus de couverture sociale autonome.

3) Grande loi « santé mentale » : abrogation de la loi sécuritaire sur l’hospitalisation sans consentement et sur la rétention de sûreté, réforme de la formation des médecins et acteurs du secteur.

4) La dépendance : mise en place de revenus de remplacement décents en cas d’impossibilité de travailler et le « reste à charge » hors hébergement supprimé.

5) Le handicap : volet « handicap » dans chaque loi,élévation progressive de l’Allocation aux adultes handicapés, durcissement des sanctions en cas de non-respect par les entreprises et les collectivités de l’obligation d’employer 6 % de salariés en situation de handicap, accessibilité dans tous les services de l’Etat et les administrations.

6) L’euthanasie : réouverture du débat pour l’instauration d’une « assistance médicalisée pour mourir dans la dignité ». 

Source :
http://www.egora.fr/
Auteur : Concepcion Alvarez