18 patients ont été porteurs cet été d’une souche multi-résistante aux antibiotiques de la bactérie Klebsiella pneumoniae au sein de l’hôpital privé Jacques Cartier à Massy (Essonne), en région parisienne. Cinq de ces patients sont décédés en juillet dernier, mais, contrairement aux affirmations du Parisien de ce jour, leur mort ne serait pas liée à la bactérie, estime Bruno Coignard, responsable de l’unité « infections liées aux soins et résistances aux antibiotiques » de l’InVS, interrogé par l’AFP.

Infection

Pour cet expert, ces patients seraient décédés du fait de la pathologie dont ils souffraient, et non du fait de la bactérie. Par mesure de précaution, l’Institut a tout de même demandé à la direction d’envoyer un courrier à 180 patients susceptibles d’avoir été exposés, la bactérie étant présente pendant près de six mois dans l’organisme. Les patients hospitalisés entre le 4 juin et le 31 juillet sont ainsi invités à signaler leur passage à Jacques Cartier en cas de nouvelle hospitalisation dans un autre établissement.

En juin 2004 déjà, et pour la première fois en France, une infection à Klebsiella pneumoniae multi-résistante avait été signalée dans un service hospitalier de la région parisienne, contaminant six patients. Trois d’entre eux étaient décédés. L’Invs s’était alors inquiété de l’émergence de cette souche. « Elle est le reflet de l’importance du problème posé par les bactéries multi-résistantes aux antibiotiques non seulement en France, mais plus généralement en Europe et dans le monde, avait alors indiqué l’organisme. Cette nouvelle alerte rappelle que le respect par les établissements de santé des recommandations pour la maîtrise de la diffusion des bactéries multi-résistantes reste une priorité de tous les instants. »

Souche mutante

A partir de 2005, l’Invs a systématisé la surveillance de cette bactérie pouvant provoquer insuffisances respiratoires et infections méningées et représentant 3,5% des microorganismes impliqués dans des infections nosocomiales. Klebsiella pneumoniae est naturellement résistante aux pénicillines et elle a acquis des résistances à d’autres catégories d’antibiotiques au fil des ans.

En 2008, 15% de ces bactéries étaient résistantes aux céphalosporines de 3e génération en France mais les carbapénèmes, la classe d’antibiotique la plus récente et la plus puissante, restaient toutefois efficaces dans plus de 99% des cas.

En revanche, la situation en Europe du sud-est, notamment à Chypre et en Grèce est plus inquiétante. Dans ce dernier pays, les carbapénèmes se révèlent sans effet dans 37% des cas, d’après le réseau de surveillance européen des résistances bactériennes (Earss). La patiente à l‘origine de l’épidémie à la clinique de Massy venait justement de Grèce d’où elle avait été rapatriée d’urgence pour un problème cardiaque. En 2004 aussi, la souche mutante avait été apportée par un malade transféré d’un hôpital grec.

Chaque année, au sein des pays de l’Union Européenne, 25 000 patients meurent d’une infection liée à des bactéries multi-résistantes qui n’a pas pu être traitée faute d’antibiotiques efficaces.

Source :
http://www.egora.fr/