Alors qu’une pétition circule et que des rassemblements sont organisés pour soutenir Nicolas Bonnemaison, le médecin urgentiste du Centre hospitalier de la Côté basque, à Bayonne (64) suspecté à la mi-août d’avoir pratiqué une euthanasie active sur quatre personnes au moins, une enquête de l’Igas a été diligentée par Xavier Bertrand, ministre de la Santé et Nora Berra, sa secrétaire d’Etat, sur cet établissement de santé. A cette occasion, la ministre a tenu a rappeler quel était le cadre légal en vigueur, depuis la mise en place de la loi Leonetti du 22 avril 2005. « Au-delà des faits, sur lesquels nous devons laisser la Justice se prononcer, les récents évènements à Bayonne ont réveillé le questionnement intime de chacun d’entre nous sur la fin de vie. Je veux dire sincèrement à ceux qui militent pour la légalisation de l’euthanasie active que j’entends leurs arguments et que je comprends la douleur des familles et de ceux qui voient souffrir ceux qu’ils aiment (…) Comment ne pas comprendre que la prise en charge appliquée pour maintenir vivant un individu devenu incapable d’assurer seul ses fonctions vitales apparaisse, aux yeux de certains, comme un « acharnement » absurde et indigne ? Et, dès lors, comment accepter qu’aujourd’hui, en France, on n’autorise pas l’euthanasie et qu’il soit illégal de mettre fin directement à la vie d’un individu par le geste d’un tiers, y compris d’un médecin ? » écrit la ministre, dans un long communiqué. Ces questions sont légitimes, ajoute-t-elle, mais elles traduisent une « méconnaissance du cadre légal qui existe déjà dans notre pays ». Et d’expliquer que la Loi Léonetti du 22 avril 2005 a rendu illégal l’acharnement thérapeutique, en donnant au médecin le droit d’interrompre ou de ne pas entreprendre des traitements jugés « inutiles, disproportionnés ou n’ayant d’autre effet que le maintien artificiel de la vie». Mais cette décision ne peut être prise qu’avec le consentement absolu du patient et de ses proches, et qu’après discussion avec l’équipe médicale. Si le patient est hors d’état d’exprimer sa volonté, une procédure collégiale est obligatoire, après concertation des proches et de l’équipe de soins et sur l’avis motivé d’au moins un médecin consultant. La loi oblige aussi le médecin à assurer dans tous les cas la continuité des soins et l’accompagnement de la personne.

Nora Berra souligne également qu’au-delà de l’absence d’acharnement thérapeutique, « les soins palliatifs visent non seulement à soulager les malades de leur souffrance physique et psychologique mais également à accompagner leurs proches. La culture palliative intègre l’environnement du patient. La lutte contre la douleur a elle-même fait l’objet de trois plans successifs, dont l’ensemble de la chaîne hospitalière s’est emparée. L’amélioration de sa prise en charge et de son traitement constitue aujourd’hui un critère d’évaluation prioritaire des établissements de santé. »

La ministre se dit persuadée que « cette méconnaissance de la réalité des soins palliatifs joue en faveur de l’euthanasie, qui est alors perçue comme la seule solution pour ne pas souffrir et échapper à la « toute-puissance » du pouvoir médical. C’est cette méconnaissance que je souhaite combattre car elle nous détourne en vérité des vraies questions –et donc des vraies réponses. »

Découlant du plan pour les soins palliatifs engagé en 2008 par le Président de la République, 5900 places en soins palliatifs sont ouvertes en France, contre environ 3 900 en 2007.

Source :
http://www.egora.fr/
Auteur : Catherine Le Borgne