Aux yeux du Dr Dominique Jeulin-Flamme, généraliste homéopathe installée à Montpellier depuis 30 ans et présidente du Syndicat national des médecins homéopathes français (Snmhf), la remise en cause du tout-médicament est l’occasion de valoriser les consultations longues.

 

Egora : Pourquoi vous réjouissez-vous de la prise de position de la Haute autorité de santé (HAS) en faveur des thérapeutiques non médicamenteuses ?

Les homéopathes limitent les prescriptions de médicaments allopathiques au profit de molécules sans effet secondaire, et correspondent donc à ces nouvelles attentes. Nous incluons de l’éducation et de la prévention dans nos consultations pour nos malades chroniques, avec un volet sur le tabac, l’alcool, le temps de sommeil etc. Nos consultations étant plus longues que celles des autres généralistes, nous en faisons moins dans la journée et avons des revenus plus faibles. Nous réclamons donc l’instauration d’une consultation à haute valeur ajoutée. L’Assurance maladie y trouverait son intérêt !

 

L’efficience médico-économique de l’homéopathie est-elle désormais démontrée ?

Mon relevé individuel d’activité et de prescription (Riap) montre que le coût de mes prescriptions médicamenteuses est deux fois moindre que celui de mes confrères généralistes, et que mes prescriptions d’arrêts de travail, d’actes paramédicaux et de biologie sont nettement inférieures. Etant donné que les homéopathes ne sont pas encore identifiés comme tels dans le système informatique de l’assurance maladie (Sniram), une étude de grande ampleur est encore difficile. Néanmoins, une étude menée en 2004 à Lyon auprès de 499 enfants souffrant de rhinopharyngites aiguës récidivantes, montre que les homéopathes prescrivent moins d’antibiotiques que les autres généralistes (ils y ont eu recours pour 20,9% des patients, versus 89,6%), et que la prise en charge homéopathique entraîne moins d’épisodes infectieux et de complications. Une autre étude sur la prise en charge de la bronchiolite du nourrisson en médecine ambulatoire, menée auprès de 520 patients, montre que les homéopathes prescrivent moins de congés « enfant malade » que les généralistes allopathes.

 

Les homéopathes seraient aussi plus épanouis, selon vous, que la moyenne des généralistes.

En effet. Selon les premiers chiffres d’une étude réalisée en 2010 chez les médecins homéopathes, pas encore complètement finalisée par la société savante d’homéopathie, 60% de médecins interrogés pensent que c’est grâce à l’homéopathie qu’ils supportent mieux leur pratique médicale. Et seuls 15% des médecins homéopathes répondants se considèrent en burn-out.

Je suis pour ma part très attachée au colloque singulier, à l’écoute et à l’autonomisation de mes patients, qui apprennent à débuter eux-mêmes un traitement pour un début de rhume le dimanche, et m’appellent très peu ce jour-là. Il y a une relation de confiance et de respect mutuel entre nous, et j’ai toujours beaucoup de plaisir à exercer la médecine générale !

Source :
http://www.egora.fr/
Auteur : Catherine Holué