Xavier Bertrand, le ministre de la Santé, a désavoué le directeur de l’ARS (agence régionale de l’hospitalisation) d’Ile de France, Claude Evin, sur un dossier hospitalier brûlant. Mercredi dernier, à l’Assemblée, il a annoncé son intention de suspendre  la fermeture du service de chirurgie cardiaque du CHU Henri Mondor de Créteil (Val-de-Marne), programmée par Claude Evin. Une mission de l’Igas est diligentée « de façon que l’on puisse voir exactement, de façon totalement indépendante, toute la question de la filière cardiologique, notamment sur l’AP-HP », a-t-il précisé, lors des questions au gouvernement. Une décision qui a réjoui la coordination de défense de la chirurgie cardiaque d’Henri Mondor, qui  se donne désormais l’objectif d’obtenir le renoncement définitif du projet de fermeture du service.

Constituée de représentants de l’intersyndicale, des personnels soignants, de la communauté médicale et universitaire, des représentants des usagers et d’élus de toutes sensibilités politiques, la coordination « n’a eu de cesse depuis des mois de se mobiliser pour dénoncer cette injustice, recueillant la signature de plus de 40 000 Val-de-marnais pour empêcher la fermeture de ce service de proximité dont l’excellence est reconnue au niveau international », écrit  Christian Favier, le président du Conseil général du Val de Marne. Il considère que ce sursis est « une belle victoire » quand jusqu’alors, Claude Evin et Mireille Faugère la directrice de l’AP-HP étaient restés « inflexibles, sourds aux arguments présentés ».

Reçus hier au siège de l’AP-HP, des membres de la coordination ont demandé à l’assistance publique-hôpitaux de Paris, « d’accompagner le service de chirurgie cardiaque et notamment d’accélérer le recrutement des postes indispensables à son bon fonctionnement ».

Dans un communiqué publié à l’issue de cette rencontre,  l’AP-HP fait valoir son point de vue. Les activités de chirurgie cardiaque, le plus souvent de recours (pontages, valves, greffes),et de cardiologie interventionnelle (rythmologie, valvuloplastie, angioplastie, cardiopathies de l’adulte et de l’enfant) s’inscrivent dans le cadre du Schéma régional d’organisation des soins (Sros) d’Ile de France mis en œuvre par l’ARS, explique-t-elle.  Les activités de cardiologie interventionnelle « sont en plein essor » souligne le plus important groupement hospitalier public de France.

Il s’avère que le Sros (schéma régional d’organisation sanitaire)  arrêté en juin 2010 prévoit que les activités de chirurgie cardiaque, soumises à autorisations de l’ARS (agences régionales de santé)  doivent passer de quatorze à dix sites en Ile de France dont un à l’AP-HP. « Spécifiquement, en janvier dernier, l’Agence Régionale de Santé a demandé à l’AP-HP de procéder à la fermeture de l’activité de chirurgie cardiaque d’un de ses centres, suggérant l’hôpital Henri Mondor en raison de son activité plus faible que celle des trois autres sites (Pitié – Salpêtrière ; Bichat ; HEGP (Hôpital européen Georges Pompidou) », explique la direction de l’AP-HP.

 L’activité de valvuloplastie percutanée a été autorisée fin 2009, « mais dans le cadre défini par les recommandations actuelles de l’HAS qui prévoient un adossement de chirurgie cardiaque.C’est ce contexte d’ensemble qui a suscité l’incompréhension de la part de la communauté médicale et soignante de l’hôpital Henri Mondor. »

L’AP-HP a également confirmé que l’hôpital Henri Mondor, « dont le rôle est majeur en termes de soins, d’enseignement et de recherche, est appelé à voir ses missions de centre hospitalier universitaire de référence confortées pour l’Est Francilien ». Dans cette perspective l’AP-HP sollicitera « un accompagnement financier au titre du programme Hôpital 2012 pour la réalisation d’un investissement destiné à la mise en œuvre d’un projet médical et universitaire ambitieux en faveur de ses patients et de ses professionnels. »

Source :
http://www.egora.fr/
Auteur : Catherine Le Borgne