« Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2010 », remis à l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) le 30 mars 2011.

Une augmentation importante des doses délivrées aux patients inquiète l’Autorité de sureté nucléaire.

Le rapport de l’Autorité de sûreté nucléaire  (ASN) qui a été remis mercredi 30 mars par son président André-Claude Lacoste à l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) fait état d’une augmentation importante des doses délivrées aux patients en imagerie médicale : de près de 50% en moyenne entre 2002 et 2007. « C’est un souci majeur » a insisté André-Claude Lacoste, lors de la remise du rapport, qui souhaite éviter à tout prix « un accroissement des doses non maitrisé, comme c’est déjà le cas au Japon ou aux Etats-Unis». Cette tendance est due principalement, à l’augmentation du nombre de scanners qui délivrent des doses plus élevées que les appareils conventionnels, mais aussi à l’augmentation du nombre de nouveaux examens (scanner du corps entier, colonoscopie virtuelle, coroscanner…) qui sont aussi très irradiants. Ainsi, un scanner corps entier peut délivrer jusqu’à 20 millisieverts, soit la dose autorisée pour les travailleurs dans les centrales nucléaires en un an.

Si le Président de l’ASN est conscient de l’utilité de ces examens, il juge nécessaire d’ « obtenir un rééquilibrage entre les scanners et les IRM, mais qui ne parait pas relever d’une démarche autoritaire mais d’une démarche d’explication et de persuasion ». En effet ce problème concerne « un multitude d’acteurs ». Parmi les actions à mettre en place l’ASN propose de favoriser l’accès à l’IRM, « en agissant dans le cadre de la planification régionale des équipements lourds et pour une tarification plus incitative en faveur de l’IRM ».

Augmentation des événements en radioprotection

Le rapport fait part, en outre, d’une augmentation du nombre d’événements significatifs en radioprotection (ESR) qui est de 419 en 2010, avec une hausse de 50% par rapport à 2008. 66% de ces ESR sont déclarés en radiothérapie, 18% en médecine nucléaire, 13% en radiologie diagnostique et dentaire et 3% en radiologie interventionnelle. La très grande majorité de ces événements (96%) sont dus à une défaillance organisationnelle ou humaine. Parmi ces 419 cas, 31 ont concerné le personnel, dont 5 ont été classés niveau 1 sur l’échelle Ines. Mais la majorité (302) a concerné les patients. L’ASN estime cependant que cette augmentation est probablement liée à une meilleure adhésion des professionnels de santé à l’obligation de déclaration des ESR. Elle confirme « l’évolution positive » concernant l’augmentation du personnel en physique médicale, le management de la sécurité et de la qualité des soins, ainsi que la mobilisation des professionnels de santé. Elle souligne toutefois que la situation reste hétérogène et fragile dans certains centres. Elle appelle ainsi à « poursuivre l’effort de formation et de recrutement de radiophysiciens : […] cet effort devra être poursuivi au moins pendant cinq années consécutives afin que les effectifs permettent à ces professionnels d’investir le champ de l’imagerie médicale.

L’ASN travaille avec l’ensemble des partenaires concernés pour identifier des actions à mettre en place pour compéter le plan national pour la radiothérapie piloté par l’Institut national contre le cancer (INCa). Ce sujet devrait être examiné par le comité de suivi du plan en 2011.

La société française de radiologie met en cause le retard de la France en matière d’IRM

Suite à la publication de ce rapport, la Société française de radiologie (SFR) a tenu à rappeler son engagement pour une amélioration des pratiques en matière de radiologie et s’est élevée contre une mise en causes des médecins prescripteurs. « Dire que les médecins ne sont pas conscients des doses reçues par les patients et qu’ils privilégient le scanner à la place de l’IRM est très surprenant lorsqu’on sait que depuis plus de 10 ans la communauté des radiologues et les professionnels de l’imagerie se battent pour obtenir un parc d’IRM digne d’un pays européen » affirme–t-elle au travers d’un communiqué. En effet, si le parc de scanners est actuellement satisfaisant, la France accuse un retard important en matière d’équipement par IRM par rapport à ses voisins européens, avec, au 1er janvier 2010, seulement 543 appareils sur l’ensemble du territoire. Les conséquences étant, pour les patients, un délai d’attente moyen de 34,6 jours, très loin des dix jours préconisés par le Pr Grünfeld, à l’origine du Plan Cancer 2. Les radiologues réclament « un plan volontariste pour équiper l’ensemble du territoire et rattraper le retard persistant de la France en équipements IRM ».

 

Source :
http://www.egora.fr/
Auteur : Marielle Ammouche