C’est en Seine-Saint-Denis (93), que les médecins sont les moins nombreux d’Ile de France. Selon les chiffres de la Caisse autonome de retraite des médecins de France (Carmf), il y a 7,13 médecins pour 10 000 habitants, alors qu’on en compte 12,32 à Paris. Libération ajoute que les médecins du 93, plus âgés qu’ailleurs, ont un mal fou à trouver des confrères pour leur succéder au moment de leur départ en retraite. Mauvaise image, surcharge de travail et peur des agressions font fuir les candidats à l’installation. De fait, c’est en Seine- Saint- Denis, comme l’a constaté l’Observatoire de  la Sécurité de l’Ordre national des médecins, que le nombre d’agressions vis-à-vis des professions de santé est le plus important –  les statistiques 2010 seront livrées demain matin par le Conseil national de l’Ordre. Saisi par la Confédération des syndicats médicaux français (Csmf), qui s’était particulièrement ému des  agressions dont trois médecins ont été victimes récemment, Xavier Bertrand s’est engagé à prendre le problème de l’insécurité à bras le corps, avec Claude Guéant, son homologue de l’Intérieur. L’idée est d’adapter, dans un protocole spécifique aux professions libérales, les dispositions déjà en vigueur à l’hôpital public. Notamment,  

– l’installation de caméras à proximité des cabinets médicaux les plus exposés, en particulier à proximité de maisons médicales de garde. Le financement de ces caméras serait assuré par les collectivités locales.

– L’installation, dans chaque département, d’un « référent sécurité » placé sous la responsabilité du préfet, chargé d’établir un diagnostic et de prendre contact avec les représentants des médecins.

– La réédition du fascicule d’information consacré à la sécurité, étendu aux autres professions de santé. Il sera réactualisé en concertation avec le Centre National des Professions de Santé (Cnps). Ce document expliquera la conduite à tenir en cas de problème.

. Référent unique dans chaque commissariat, capable d’intervenir en cas de danger. Une ligne directe reliera le centre 15 au commissariat.

Interrogé par l’AFP, le Dr Georges Siavellis, co-fondateur d’un gigantesque cabinet de groupe à Noisy-le-Sec, notamment créé pour se prémunir contre les agressions visant les praticiens exerçant seuls, explique que la première difficulté à vaincre, c’est « la mauvaise image du département ». Militant de longue date à la Csmf et élu à l’Union régionales des professions de santé, le généraliste reconnaît qu’il est plus difficile d’exercer en Seine-Saint-Denis qu’ailleurs. « La population est plus précaire, on s’investit beaucoup sur le côté social », confie-t-il. 

A noter : l’association des maires de France (AMF) présidée par Jacques Pélissard, organise demain à Paris, les premières rencontres de l’AMF, sur le thème de la « désertification médicale : une fatalité ? Urbains et ruraux mobilisés pour une médecine de proximité »

« Alors que le nombre de médecins diminuera jusqu’en 2020 ; que la médecine générale n’attire plus les jeunes diplômés ; que les territoires ruraux ou urbains sensibles sont en voie de désertification médicale, les populations attendent de leurs élus qu’ils agissent sans attendre pour leur assurer un accès durable aux soins de proximité. Que peuvent donc faire les maires pour soutenir et accompagner les mesures à venir en faveur de la médecine générale de proximité et son implantation équilibrée sur le territoire ? », expose l’AMF. Un discours qui vient en résonnance avec le colloque sur le thème de la démographie médicale, réuni la semaine dernière, au ministère de la Santé. Démographie médicale, qui sera au cœur des négociations conventionnelles qui devraient s’ouvrir le 7 avril prochain.

 « Rencontres de l’AMF » de 14h30 à 18h dans son nouvel auditorium (41 quai d’Orsay, 75343 Paris cedex 07) sur le thème « Désertification médicale : une fatalité ? Urbains et ruraux mobilisés pour une médecine de proximité ».

Source :
http://www.egora.fr/
Auteur : Catherine Le Borgne