La guerre est ouverte entre l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France, dirigée par l’ancien élu socialiste Claude Evin et plusieurs élus UMP à l’Assemblée nationale, depuis que l’ARS a demandé, le 28 février, au centre hospitalier intercommunal (CHI) de Poissy-Saint Germain (Yvelines) de « mettre fin à la procédure » qui visait à la construction d’un nouvel établissement à Chambourcy. Le projet, est enterré, a tout bonnement signifié l’ARS, étant donné que l’hôpital « n’a pas la capacité financière de construire un nouvel établissement » et n’a pu fournir « aucune méthode d’élaboration de ce programme ni aucun projet médical ». Une décision fondée sur les conclusions de la mission d’appui et de conseil menée par deux conseillers généraux des établissements de santé depuis juillet 2010, pour évaluer la capacité de l’établissement à réaliser un tel projet, a-t-elle précisé  dans un communiqué.

Le camouflet est inacceptable pour le Dr Pierre Morange, maire de Chambourcy et député des Yvelines,  à la tête de la mobilisation pour obtenir du ministre de la Santé la poursuite du projet d’hôpital de 834 lits qui devait ouvrir ses portes en 2014. « Le refus de l’Agence régionale de santé d’Ile-de-France de mettre en œuvre le projet de Chambourcy, décidé par l’Etat qui a déjà acquis, fin 2010, pour 21 millions d’euros les 17 hectares nécessaires à sa construction, est incompréhensible. Cette décision traduit un gaspillage budgétaire et un mépris pour les efforts financiers  qui sont demandés aux Français », écrit l’élu dans une pétition, ouverte aux 700 000 habitants des Yvelines, en soulignant que « cette décision remet en cause l’accès à des soins de qualité pour tous ».  Il revendique déjà le soutien de plus d’un millier d’élus locaux et de centaines de professionnels de santé. 

Le 3 mars, dans l’hémicycle, en tant que président de la Mission d’étude sur les comptes de la sécurité sociale (Mecss),  il défendait devant la secrétaire d’Etat à la santé, Nora Berra, ce « beau projet, porté par Roselyne Bachelot ». Et dénonçait avec véhémence les dysfonctionnements de l’offre de soins sur son territoire,  notamment des « violations du code des marchés publics » lors des quinze dernières années. « L’équipe administrative a réussi le tour de force de diviser par quatre le déficit annuel, le faisant passer de 38 millions d’euros à quelque 8 millions d’euros à la fin de l’exercice 2010. Fort de ces chiffres, on aurait pu imaginer que les uns seraient sanctionnés pour le non-respect des codes de marchés publics et les autres récompensés pour ce tour de force financier. Or c’est l’inverse que nous avons constaté, et c’est un peu fort de café », a-t-il asséné, en évoquant à mots couverts le départ du directeur Gilbert Chodorge, débarqué selon lui, quand Nora Berra parle de départ volontaire. Devant les députés, elle a par ailleurs récusé toutes les accusations de fraude ou d’enrichissement personnel. « Si tel avait été le cas, le procureur aurait été saisi ».

Chiffres contre chiffres, l’ARS, elle, motive sa décision : elle a  constaté un déficit cumulé de 90 millions d’euros, la disparition de fonds propres, un endettement de 106 millions d’euros et une trésorerie négative fin 2010. Le projet du centre hospitalier de  Chambourcy était pour sa part estimé à 400 millions d’euros. Claude Evin, l’ancien président de la Fédération hospitalière de France (FHF), pose la question de la rénovation du site de Poissy, construit dans les années 60. Une option inenvisageable pour Pierre Morange : « La présence d’amiante dans les bâtiments de Poissy et Saint-Germain-en-Laye et la non-conformité avec les normes de protection incendie rendent illusoires tout projet de rénovation. Les rapports successifs de l’Etat depuis 2002 l’ont démontré catégoriquement ».

A l’heure où devait être désignée l’équipe d’architectes, les défenseurs de l’hôpital de Chambourcy en appellent désormais à l’arbitrage de Xavier Bertrand. Au nom de l’accès aux soins, une thématique qui a une forte résonnance politique.

Source :
http://www.egora.fr/
Auteur : G. D. L.