Le Pr Jean-Luc Harousseau prend la présidence du Collège de la Haute autorité de santé (HAS)  à une période  mouvementée pour les acteurs de la pharmacovigilance, secoués par le scandale du Mediator. « Nous entendons bien participer à la réflexion sur la recomposition du paysage français de la pharmacovigilance et tenir notre place dans la nouvelle organisation »,  a déclaré le Pr Harousseau, en présentant le nouveau Collège de la HAS. La Haute autorité souhaite, en particulier, conserver son rôle de « deuxième regard » sur les médicaments, grâce à sa commission de transparence. « Il est indispensable qu’un avis soit donné par une commission différente de l’Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) ou de l’EMEA (Agence européenne du médicament), a souligné le Pr Gilles Bouvenot, président de la Commission de transparence. Le deuxième regard va devenir de plus en plus un deuxième rempart. Attendez-vous à ce que, à la suite de certaines AMM françaises ou européennes, la commission soit plus sévère que par le passé ».

Après la crise du Mediator, la HAS propose deux évolutions, imposant des modifications législatives : la vidéotransmission des réunions de la Commission de pharmacovigilance et la participation à ces réunions de représentants des associations d’usagers. « Depuis plusieurs années la HAS demande instamment plus de transparence, a insisté le Pr Bouvenot. Nous voulons que tout soit mis sur la table. Si une firme pharmaceutique dépose un dossier pour demander l’inscription d’un produit sur la liste des  médicaments remboursable, puis le retire parce que l’avis est négatif, nous n’avons pas le droit de le publier. Nous demandons à ce que nos avis intermédiaires soient publics, qu’il y ait une lisibilité sur le cheminement des dossiers ».

De manière plus générale, la HAS a défini trois axes prioritaires pour les années à venir : la réactivité, pour s’adapter à l’évolution très rapide de la médecine, l’efficacité, qui implique une meilleure information des professionnels et du grand public, et la complémentarité  avec l’ensemble des acteurs institutionnels. Une simplification des recommandations et des messages est nécessaire, estime la HAS, pour qu’ils soient compréhensibles par tous. Une étude d’impact sera réalisée, qui amènera à définir de nouveaux indicateurs. La HAS mène aussi une réflexion sur une meilleure information aux patients, « dans la rigueur scientifique et l’indépendance », n’excluant aucun média. « Rendre l’information accessible aux patients est un droit inaliénable », a déclaré le Dr Cédric Grouchka président de la Commission qualité et diffusion de l’information médicale et futur président de la commission des recommandations de bonne pratique. « La HAS s’engage pour une relation médecin patient plus humaniste, plus symétrique ».

Concernant les conflits d’intérêt, le Pr Harousseau s’est déclaré favorable à ce que soit adopté en France un dispositif similaire au « sunshine act » américain, qui contraint les laboratoires à déclarer sur un site public l’argent et les cadeaux versés à des médecins ou à des institutions.

Enfin, une Commission d’amélioration des pratiques professionnelles va être créée, présidée par le Dr Jean-François Thebaut, qui aura notamment pour mission d’appuyer la mise en œuvre du développement professionnel continu (DPC). Cette commission développera de nouveaux outils et méthodes destinés aux professionnels. Elle devrait étendre en particulier, la check -list, déjà en oeuvre dans les services hospitaliers, à la médecine ambulatoire.

Source :
http://www.egora.fr/
Auteur : Dr Chantal Guéniot