Une patiente brestoise de 57 ans qui avait porté plainte en 2010 contre les laboratoires Servier, accusant le Mediator consommé depuis 2007, d’être à l’origine de la grave pathologie cardiaque dont elle est atteinte, a été victime d’un arrêt cardiaque au décours d’une expertise judiciaire réalisée à Rennes, en présence notamment de son avocat, maître Charles Joseph-Oudin, d’un expert judiciaire, d’un avocat des laboratoires Servier et d’un cardiologue mandaté par ces derniers. La patiente a été soumise à une expertise « très, très éprouvante » de plusieurs heures à Rennes, relate à l’AFP le Dr Irène Frachon, la pneumologue brestoise à l’origine de la révélation de l’affaire, qui s’est rendue au chevet de la malade plongée dans un coma artificiel au CHU de Rennes. Il lui aurait été demandé un « petit test d’effort » après plusieurs heures d’interrogatoire ajoute la pneumologue qui dénonce la « violence procédurière des Laboratoires Servier ». Cette malade « subit le délire procédurier » du laboratoire. « Tout est remis en cause, discuté virgule par virgule. C’est une deuxième violence », s’est indignée le Dr Frachon. Elle insiste : « On ne peut pas dire qu’il y a un lien de causalité direct (…)  Est-il normal de faire pédaler une personne qui vit avec une insuffisance cardiaque et deux prothèses valvulaires pour vérifier qu’elle est bien malade? Le train, les quatre heures d’expertise, les conditions stressantes, on a du mal à croire que tous ces éléments n’aient pas favorisé ce type d’incident». «On imagine d’un coup la journée de cette femme, le fait de se retrouver quasiment en position d’accusée, avec sa parole mise en cause. On est dans un déni qui devient une violence».
Les laboratoires Servier ont immédiatement répliqué par communiqué. Exprimant tout d’abord, leur « profonde compassion pour la patiente victime d’un accident cardiaque postérieur à l’expertise qui se tenait à Rennes », les laboratoires précisent que c’est « à la demande de la patiente » que le tribunal a ordonné une expertise judiciaire, dirigée par un expert indépendant « désigné par le juge ». L’expertise se serait déroulée « dans des conditions normales  et régulières d’examen et dans un climat serein ». Les laboratoires expliquent que la longueur de l’examen a tenu au fait que le cas de la patiente était « particulièrement complexe ». Des questions lui ont été posées ainsi qu’à son avocat, en raison de pièces médicales manquantes nécessaires à la compréhension du dossier médical. Cette malade, ajoute la firme, présentait « de nombreuses pathologies pré-existantes à la prise de Mediator dont, entre autres, des complications cardiaques et avait par ailleurs reçu « de nombreux traitements médicamenteux par le passé ».

Président de la mission d’enquête parlementaire sur le Mediator, le Dr Gérard Bapt, cardiologue et député PS de Haute Garonne a dénoncé hier, «le parcours du combattant » des victimes. « Le but va peut être atteint : dissuader d’autres victimes de porter plainte », s’est-il indigné sur l’AFP.  « Les laboratoires Servier vont maintenant se battre comme des chiens, au cas par cas, avec leurs avocats rompus depuis des années à ce genre d’exercice, avec des médecins méprisants, en demandant l’histoires clinique des malades depuis leur naissance. C’est véritablement scandaleux ».

A noter que le Dr Gérard Bapt, fait l’objet depuis plusieurs jours de rumeurs insistantes et de révélations concernant  ses relations avec l’industrie pharmaceutique. D’abord rapportées par le Figaro, ces informations sont maintenant  relayées par  le Net. Le Post relate ainsi  de manière très argumentée, les liens organiques existant entre Hippocrate, le club parlementaire qu’il préside à l’Assemblée nationale, et le laboratoire anglais qui le finance à hauteur de 18 à 20 000 euros pour l’organisation de déjeuners et conférences, essentiellement sur l’économie de santé.  Le Dr Bapt a répondu à ces mises en causes en affirmant avoir démissionné du club Hippocrate lorsqu’il a pris la tête de la mission parlementaire sur le Mediator.

Source :
http://www.egora.fr/
Auteur : Catherine Le Borgne