Selon une volonté politique diffuse mais ferme,  tout aurait concouru à conduire depuis près de quatre ans, la médecine libérale à la disparition. Telle est en effet l’analyse du Dr. Christian Jeambrun, le président du Syndicat des médecins libéraux (SML), qui s’est réjoui hier, que cette entreprise de déstructuration  mise en œuvre par le biais d’une  « paupérisation », d’une tentative de division des médecins entre eux ou  de la régionalisation qui dilue le pouvoir de la contractualisation nationale,  ait échoué. Pourquoi vouer la médecine libérale à la disparition ? Parce qu’elle est « trop onéreuse, trop indépendante, les médecins ont trop de proximité avec les patients et ils sont trop mobilisateurs politiquement », répond le Dr Jeambrun, qui voit se profiler un « Sodexho de la médecine », par le biais de l’entrée du capital dans les cliniques privées, dans les Ehpad (établissements hospitaliers pour les personnes âgées dépendantes), les centres de rééducation y compris de soins de suite. Et bientôt « les maisons de santé pluridisciplinaires », prophétise-t-il. 

« Les patients sont attachés au libre accès, il résiste. Les spécialités cliniques ont survécu, les médecins à exercice particulier n’ont pas disparu, le médecin référent est un repaire sociétal pour les Français, les alliances syndicales ont été efficaces et les médecins se sont mobilisés » a-t-il résumé pour confier son « espoir » dans l’avenir. Celui-ci se profile sont de « bons » auspices : un changement de l’équipe politique en charge du dossier de la santé, le sentiment qu’il y a « une écoute » de la part de Xavier Bertand. Et sur le plan du SML, une « régionalisation des équipes »et  une « mobilisation syndicale » réussies  et mesurée par les nouvelles adhésions. La « cohésion des alliances » n’a pas empêché les contacts avec d’autres syndicats, notamment sur le dossier des Ehpad et de la féminisation.

Le SML veut donc avancer, et s’emploie à bousculer un peu les choses. Une mission prospective sur la médecine générale a été installée par le syndicat, confiée au Dr. Charles-Henri Guez, médecin généraliste à Sainte Foy les Lyon. Il doit rendre sa copie en mai. Celle-ci servira de feuille de route  pour les négociations conventionnelles à venir. « La reprise des négociations conventionnelles doit être immédiate et effective, l’enquête de représentativité est quasiment bouclée », a plaidé le Dr Jeambrun, en balayant d’un revers de la main l’impact des futurs élections partielles, recours ou pourvoi en cassation dont quatre élections  aux Urps (unions régionales des professions de santé) font l’objet : Aquitaine, Bretagne, Paca et Ile de France.

Le président du SML  demande ensuite, une rencontre au sommet avec les groupes tels Mederic ou Korian, qui investissent dans les Ehpad. « Je veux les rencontrer, ce sera un test » a-t-il confié en militant pour la conclusion d’un accord national entre les représentants des Ehpad et les syndicats libéraux représentatifs. D’ici-là, le SML réitère sa consigne de ne pas signer le contrat-type régissant l’activité des médecins libéraux en établissement.

En matière de secteur optionnel, même impatience. « On peut travailler en dehors de la convention », fait-il valoir en exigeant, par ailleurs « le retour à une FMC libérale, prise en charge par les médecins libéraux eux-mêmes ». C’est en fait à un « véritable plan Marshall pour la réinstallation libérale sans les technocrates » auquel le SML aspire, un plan où le sort des femmes médecin, des seniors proches de la retraite, des Médecins à exercice particulier et des spécialités cliniques sera pris en compte. « Xavier Bertrand nous avait promis l’arrêt de la coercition. Ce n’est pas fait », s’est énervé le Dr Jeambrun en prenant l’exemple de la taxe sur la télétransmission. Le SML penche à l’inverse pour l’installation, aux frais des caisses, de lecteurs gratuits chez les médecins récalcitrants. « Xavier Bertrand a approuvé ma proposition, mais le directeur de la Caisse nationale d’assurance maladie a fait preuve d’une surdité sélective », a-t-il regretté. Idem pour la simplification administrative ; promise par Xavier Bertrand et où, dans les relations avec les caisses, il y aurait loin de la coupe aux lèvres.

Une assemblée générale prévue courant avril, indiquera au syndicat la marche à suivre d’ici 2012. « Le cas échéant, nous pourrons faire appel aux Français », a confié le Dr. Jeambrun.

Source : http://www.egora.fr/
Auteur : Catherine Le Borgne