C’est la loi des séries, une série noire. Après la consœur gynécologue poignardée  à plusieurs reprises par une ancienne patiente à Soyaux, en Charente, puis le Pr. Jean-Charles Delchier, chef de service de gastro-entérologie à l’hôpital Henri Mondor, à Créteil (Val-de-Marne), atteint en début de semaine de plusieurs coups de couteaux à la tête assénés par une femme vêtue d’une blouse blanche, voici qu’une nouvelle agression sème le trouble dans la communauté médicale. Elle vient d’avoir lieu à Pierrefitte, en Seine-Saint-Denis où le climat d’insécurité est tel que les professionnels de santé du département appellent à une manifestation de solidarité, le vendredi 4 mars, devant le cabinet de la victime.  Frappée à la tête par le soi-disant fils d’une patiente venu prendre un rendez-vous pour sa mère, cette consoeur gynécologue a lutté pour protéger son sac à main, aidé par des patientes. Elle a eu une main fracturée. 

Quatre autres agressions violentes de médecins et professionnels de santé se sont produites depuis le 24 décembre dans le département, relèvent Le Parisien et La Croix : vol d’iPhone durant la garde d’un confrère pour le SUR, le service médical de la Saint-Saint-Denis,  vol de matériel informatique, tentative de vol, arrachage de sacs à mains de patientes dans la salle d’attente…. « Désormais, on demande aux gens de nous accueillir et de nous raccompagner à notre voiture », relate le Dr Georges Hua, responsable du SUR, dans Le Parisien. L’exaspération est à son comble et une matinée Santé morte a déjà été organisée en octobre dernier, par les professionnels de Pierrefitte et Stains, qui ont défilé d’une ville à l’autre pour protester contre la violence dont ils sont l’objet. Kinésithérapeute et présidente de l’Association de professionnels de santé de Stains, Josselyne Buruchian souligne dans La Croix, que les patients aussi sont inquiets. « Ils se demandent comment ils seront soignés demain. Tous les soignants, ici, ont dépassé la cinquantaine et ils savent qu’ils risquent de pas être remplacés », explique cette responsable. Une rencontre avec le préfet de Seine-Saint-Denis, Christian Lambert doit intervenir prochainement.

Hier, la Confédération des syndicats médicaux français (Csmf) rappelait qu’une rencontre avec le ministère de l’Intérieur sur le sujet de l’insécurité des médecins, avait donné lieu à l’élaboration d’une liste de mesures de prévention et de protections à mettre en place rapidement pour les professions de santé. Mais rien ne s’est passé depuis janvier 2010.

Selon les statistiques de l’Observatoire de la sécurité  2009, créé par l’Ordre national des médecins, une aggravation de la nature des actes est notée avec notamment une évolution des agressions physique (16% en 2009 contre 11% en 2008). Depuis ces trois dernières années, le département de la Seine Saint-Denis reste en tête des déclarations d’incidents, comptant 54 des 512 déclarations recensées par l’étude. Ce département est suivi de près par le Val d’Oise (31), l’Isère (26), la Seine-Maritime (26), le Nord (22) et le Val de Marne (22).

Par ailleurs, une fiche de signalement (fichier PDF) permet aux médecins victimes d’agression de transmettre l’information à leur conseil départemental pour que le médecin agressé reçoive, s’il le souhaite, le soutien de l’Ordre et pour permettre au Conseil de l’Ordre de connaître plus précisément la nature des événements au niveau local, d’analyser les problèmes rencontrés par les praticiens et d’étudier les réponses possibles.

Source :
http://www.egora.fr/
Auteur : Catherine Le Borgne