Après la publication de la liste de 77 médicaments et classes de médicaments, officiellement placés « sous surveillance renforcée » de l’Afssaps en raison de leurs « signaux de risques » ou de leur commercialisation récente (lire article associé), le Collectif interassociatif sur la santé (Ciss) dénonce la méthode employée : « Les principaux concernés, médecins et associations d’usagers, n’ont pas été associés à cette annonce, rendus incapables de donner les messages utiles aux publics utilisateurs de ces produits, et bien en peine de comprendre la notion de « surveillance renforcée » sauf à penser que tous les autres médicaments font l’objet d’une « surveillance légère », ce qui n’est guère rassurant ! ».

Le Ciss semble perplexe sur la signification de cette liste qui regroupe à la fois des spécialités dont le retrait est annoncé et des médicaments déjà placés sous surveillance dans le cadre du Plan de gestion des risques. « Et puis de quelle « surveillance renforcée » parle-t-on ? S’agit-il de reprendre les mêmes ? De conduire cette surveillance renforcée sans les patients eux-mêmes ? Décidément, la démocratie sanitaire est un mot d’usage courant mais de pratique restreinte ! ».

Pour le président de l’Unof, Michel Combier également, la publication de cette liste « impressionnante et qui ressemble à une auberge espagnole »  est la réponse exagérée à une demande médiatique. Il y a un vrai danger selon lui : « créer une suspicion des médecins et des patients vis-à-vis de la thérapeutique dans son ensemble ». Par ailleurs, il s’inquiète pour les possibilités de prescription : « Le Di-Antalvic va être retiré, le Tramadol est sur la liste. En antalgiques de type II, il ne reste plus que la Lamaline et le paracetamol codéiné … Ou alors on met tout le monde sous morphine ? » La solution? « Qu’on nous redonne le pouvoir par rapport aux médicaments ! Comment aujourd’hui un médecin peut-il faire de la pharmacovigilance dans sa pratique quotidienne alors que sur les logiciels médicaux, il n’existe même pas de formulaire de déclaration », s’interroge-t-il. Lui-même avoue s’être plusieurs fois trouvé confronté à l’observation d’effets indésirables, et ne pas avoir su à qui s’adresser.