Coutumier des enquêtes réalisées dans les cabinets de ville par un enquêteur jouant au patient, le journal de consommateurs Que choisir a cette fois-ci (publication de février prochain), jeté son dévolu sur les prescriptions d’antibiotiques dans le cas d’un simple mal de gorge. Ce sujet a généré plusieurs campagnes de communication de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam), préoccupé par le développement de souches  résistances sur le thème : « Les antibiotiques c’est pas automatique » puis, « Les antibiotiques, si on les utilise à tort, ils deviendront moins forts ».

Si la Cnam avait salué le succès de ces campagnes ,  suivies par une baisse de consommation des antibiotiques, notamment chez les  enfants, le journal de consommateurs juge à l’inverse « inquiétants » les résultats de son enquête. 52 % des consultations ont donné lieu à prescription d’antibiotiques « alors que la personne était en parfaite santé », relève le journal. Un seul médecin  a retiré cette prescription après que le faux patient a émis des doutes sur son utilité.  En moyenne, chaque ordonnance comprenait 2,4 médicaments en plus des antibiotiques. « Certains médecins ont même prescrit des corticoïdes, pourtant non recommandés pour un mal de gorge », commente le journal, en évoquant des « prescriptions aberrantes ».

Que choisir profite de cette publication pour réitérer ses recommandations, émises dans le cadre de l’affaire du Mediator  de la création d’un corps de 1 700 visiteurs médicaux publics et indépendants, placés sous l’égide de la Haute Autorité de Santé. Une proposition balayée immédiatement du bras par Christian Lajoux, président du Leem, dans sa réponse à  Martin Hirsch, qui avait formulé la même requête.  Qualifiant cette sortie de « politique et démagogique », le président du Leem avait renvoyé l’auteur du pamphlet à ses chères études. « Ce métier est très professionnalisé et régi par une charte entre le Leem et le Comité économique des produits de santé (Ceps). Les visiteurs médicaux ont une conscience citoyenne qui n’a rien à envier à certains donneurs de leçons. D’autant qu’ils permettent de faire remonter des éléments de pharmacovigilance », avait-il conclu.

Pour réaliser cette enquête, un seul enquêteur en bonne santé s’est rendu  entre mi-octobre et mi-novembre, dans le cabinet de 50 médecins généralistes à Paris, région parisienne et province. Le scénario suivi par l’enquêteur était toujours le même : il se plaignait d’un mal de gorge et disait redouter une angine. Que choisir précise que ces rendez-vous « ont été à la charge complète de l’association de consommateurs, et n’ont donné lieu à aucun remboursement de l’assurance maladie. »