Dr. Jean Hvostoff

Je suis étonné par l’acharnement des medias sur le médicament Mediator, jusqu’à le traiter de médicament assassin ! Pourquoi un tel harcèlement entretenu tous les jours depuis plusieurs semaines ? Pourquoi désigner, voir affirmer le laboratoire Servier coupable avant toute décision de la justice ? Serais-ce actuellement le seul moyen pour les medias de s’enrichir, car nous savons que tout malheur bien exploité  et entretenu est un gagne pain facile pour eux.

En tant que médecin, je suis également étonné que la revue Prescrire se fasse sa publicité sur le retrait du Mediator, et s’acharne à vouloir démontrer qu’elle est la quintessence pour les prescriptions médicales. Dois-je mettre le Vidal au feu et m’abonner à Prescrire ?

  • Qui dois-je choisir, entre l’Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé), l’HAS ou Prescrire ? Selon la revue, je ne peux que la choisir. Par son honnêteté, sa fiabilité, ses garanties d’indépendance, de méthodes documentaires, de rigueur rédactionnelle… elle dit assurer aux médecins de bonnes et justes recommandations. Elle s’octroie après vérification, la validation du Vidal et des recommandations de l’HAS.
  • Dois-je faire confiance aux laboratoires de recherche médicale (…) ? Oui, mais seulement si Prescrire leur a attribué la distinction de la Pilule d’Or. (…)

Mais à vouloir être trop parfait, à dénigrer systématiquement toutes informations n’ayant pas eu son aval, la revue Prescrire devient despotique. Et tout despote ne peut assujettir qu’en annihilant  l’intelligence, la réflexion, le raisonnement de l’être humain et les progrès de la science. Formatage du médecin pour une médecine comptable ?

Tous les médicaments ont des effets indésirables (et des contre-indications) qui peuvent aller jusqu’à entraîner la mort. Faut-il pour cela retirer du marché tous les médicaments en commençant par le paracétamol ? (…) En surdosage, tous les médicaments peuvent être mortels. La logique dans ce cas voudrait que l’on retire du marché tous les médicaments, le risque zéro n’existant pas.

Je n’ai rien contre la revue Prescrire, c’est une bonne revue, mais elle n’est pas Dieu. Qu’elle laisse la liberté du choix de prescription aux médecins, qu’on leur laisse le choix d’analyser les recommandations de l’Afssaps, de l’HAS, du Vidal, des laboratoires par l’intermédiaire de leurs délégués et de la revue Prescrire. Ne sont-ils pas aptes à juger sereinement le traitement le plus judicieux pour leurs patients ? On oublie souvent ce que nos anciens maîtres nous ont appris : la médecine est un art et non une science exacte.

.  A lire également dans les Echos du jour, l’enquête : « Prescrire », la revue qui a révélé le scandale Mediator »