Nouvelle offensive du groupe de distribution Leclerc vis-à-vis du secteur de la pharmacie non remboursée, qu’il convoite depuis plusieurs années. Deux ans et demi après la mise à disposition en libre-service devant le comptoir des officines de 245 médicaments non soumis à prescription, le groupement des centres Leclerc souligne que la réforme de juillet 2008 n’a pas provoqué de baisse de prix et qu’il demeure des disparités de prix importantes (jusqu’à 20 % d’écart), y compris au sein des mêmes villes.

Une étude, réalisée  à la demande de Leclerc par un bureau d’étude et de conseil, le Bipe,  et publiée aujourd’hui dans Le Parisien  montre qu’en moyenne, les prix sont restés stables depuis un an (-0,38 %), mais surtout qu’il existe des écarts très importants selon les officines. Alors que les comprimés de magnésium ont été déremboursés entre 2009 et 2010, l’étude réalisée entre cinq villes (Vitry-sur-Seine, Rodez, Mont-de-Marsan, Echirolles et Clermont-Ferrand) révèle également que leur prix a augmenté de 46 % en un an.

Pour Michel-Edouard Leclerc, dont les propos sont rapportés par le Parisien, « il est temps d’ouvrir la concurrence pour rendre du pouvoir d’achat aux patients ». Le groupe de distribution assure qu’avec sa « force de négociation », il parviendra à faire baisser les prix de façon très importante. « Notre réseau est prêt, nous employons 210 docteurs en pharmacie dans nos 155 parapharmacies. Si le gouvernement ne nous y autorise pas, la Commission européenne l’imposera », affirme-t-il.

LECLERC AVAIT GAGNE EN APPEL EN AVRIL 2010

En mars 2008, la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot,  faisait valoir que la mesure permettant le libre accès d’un certain nombre de médicaments contribuerait « à améliorer le pouvoir d’achat des citoyens français, en favorisant l’éducation thérapeutique et en préservant l’ensemble des garanties de sécurité sanitaire que l’officine apporte aujourd’hui ».  Lors du salon Pharmagora 2008, elle avait souligné qu’elle garantissait « une transparence légitime » et permettait à la fois de « faire jouer le jeu de la concurrence » et de « renforcer le conseil ». Pour Leclerc, seule la fin du monopole des pharmaciens permettrait de faire baisser les prix des médicaments en vente libre. Il l’affirmait déjà à l’époque.

L’Ordre des pharmaciens était monté au créneau en avril 2008pour dénoncer « le risque sanitaire » que présenterait la vente de médicaments à prescription facultative dans les grandes surfaces. «« Un rayon de supermarché n’est pas une pharmacie. Les médicaments ne sont pas des produits de consommation courante (…) Le caractère remboursable ou non d’un médicament n’est pas un indicateur de sa toxicité : le paracétamol surconsommé peut être toxique très rapidement », précisait alors le conseil de l’Ordre.

Après plusieurs mois de procédure, en avril 2010, le distributeur avait finalement gagné en appel contre trois groupements de pharmaciens qui, en première instance, avaient obtenu l’interdiction d’une publicité qu’ils considéraient « dénigrante » et « de nature à induire en erreur car elle parle de santé ». Cette campagne interrogeait ainsi les consommateurs : « Pourquoi s’acharne-t-on à préserver le monopole officinal de la distribution des médicaments non remboursés ? » alors que ces derniers ont subi « une forte augmentation ». Face à la Fédération des syndicats pharmaceutiques deFrancequi défend « le monopole de dispensation des médicaments en officine, véritable monopole de compétence », le distributeur ressort les armes, en utilisant l’argumentaire du pouvoir d’achat.