Depuis juin 2007, date à laquelle la médecine générale a été reconnue comme une spécialité à part entière, ce qui aurait pu lui permettre  d’accéder au CS à 23 euros, la profession est restée au C à 22 euros… jusqu’au 1er janvier 2011. « C’est à dire qu’à raison de 250 millions d’euros par an, nous avons subi un préjudice financier de 875 millions d’euros sur la période », s’est employé à calculer ce matin le Dr Claude Leicher, président de MG France. Cette « note », ce « passif à solder », il compte bien les présenter au directeur de la Caisse nationale d’assurance maladie, ou les négociations pour une nouvelle convention doivent s’ouvrir d’ici le 15 février, une fois connus les résultats de l’enquête de représentativité syndicale en cours.

Le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, a d’ores et déjà bordé le champ de la négociation : la valorisation du médecin traitant certes, mais dans un « cadre contraint celui du  champ de l’Ondam (Objectif national d’évolution des dépenses d’assurance maladie) ». Néanmoins pour MG France, des marges de manœuvre existent bel et bien puisque ledit Ondam « augmente de 5 milliards d’euros par en  moyenne ». Ce que veut le syndicat : le fléchage de mesures concernant la médecine générale, en ciblant le métier. « Cela en est fini de l’unité du corps médical, c’est une idée du 19ème siècle. Elle est aujourd’hui éclatée en diverses professions, évolution que nous favorisons, avec une politique des revenus ».

MG France veut donc une « politique métier, et un véritable parcours de soins, prenant en compte une  politique des interfaces », ville-hôpital, urgences,  Ehpad notamment.  « Ce qui n’a pas grand-chose à voir avec un parcours tarifaire, où on dérembourse les gens ».  Claude Leicher demande un « investissement fort sur les soins de proximité », la mise en place de forfaits comme le souhaite Xavier Bertrand, mais sous forme d’un « forfait médecin traitant », d’un niveau qui reste à établir, prenant en comte la coordination, le temps de synthèse, l’alimentation du DMP par exemple. Cette revendication qui sera pour le syndicat « un enjeu majeur de la négociation », s’appuie sur le Capi où les médecins volontaires perçoivent déjà une rémunération de 7 euros par patient. « Nous voulons que tous les plans de santé publique se traduisent par une application conventionnelle, pas besoin de construire une structure ad hoc », a ajouté Claude Leicher. Autre sujet : la réforme de l’ASV, qui n’aura plus de réserves en 2012. MG France propose une réunion de toutes les parties, avant le début de la négociation, de manière à ce que celle-ci ne soit pas « sous pression » d’un accord sur la retraite.

Bien d’autres dossiers sont à l’ordre du jour du syndicat, qui réunit son comité directeur le 27 janvier et s’investit dans le suivi du rapport Hubert sur la médecine de proximité : la formation initiale et le DPC, le DMP, le travail en Ehpad, la responsabilité civile professionnelle « qui intéresse de plus en plus les généralistes », et la taxation des feuilles de soins papier pour tous les patients qui télétransmettent moins de 75 % de leurs feuilles. MG France a demandé à ses adhérents de noter tous les cas où les caisses « ne font pas leur boulot », notamment en cas de délai trop long pour un renouvellement de carte vitale. Une guéguerre, menée pour  « revoir le seuil et la rémunération déclenchant les pénalités, ce qui représentent une pression supplémentaire pour le médecin généraliste ». Le syndicat envisage ensuite de présenter à la caisse, un récapitulatif en forme d’addition taxant chaque feuille de soins papier remplie par le généraliste faute de carte Vitale du patient.