Alors que de nouveaux médicaments sont épinglés par la revue Prescrire qui demande le retrait du marché d’un vasolidatateur, le buflomédil et d’un anti-inflammatoire, le nimésulide, le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, a indiqué ce matin vouloir « accélérer » les procédures d’évaluation du bénéfice-risque. « Quand il y a des médicaments qui posent des problèmes (…), il faut dans ces cas-là prendre des décisions, et je le pense des décisions dans des délais plus rapprochés, au niveau national comme au niveau européen », a-t-il déclaré sur Canal +. Dès les premières indications, ajoutait-il, « il faut renforcer et accélérer la pharmacovigilance pour bien déterminer si le problème qu’il peut y avoir sur certains patients est un problème qui peut se reproduire chez d’autres patients ».

Le ministre de la Santé attend le 15 janvier, date de la remise du rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) sur le Mediator, pour prendre des décisions. « Je n’hésiterai pas une seconde à prendre les mesures les plus radicales, de façon à redonner davantage de confiance dans notre système du médicament », a-t-il assuré aujourd’hui sur Canal +. Tout en soulignant que si les médicaments en question font actuellement l’objet d’un rééxamen, ce n’est « pas parce que la revue Prescrire le dit (mais) parce que la procédure est engagée depuis maintenant plusieurs mois ». Selon l’adjointe du directeur général de l’Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé), Fabienne Bartoli, au micro hier de France-Info, la décision concernant le buflomédil – maintien, suspension ou retrait- sera prise « dans les premières semaines de 2011 ». Interrogé par La Croix, le laboratoire Céphalon qui commercialise le Fonzylane a déclaré ne pas « vouloir entretenir la polémique » et se plier aux préconisations de l’Afssaps « comme nous l’avons toujours fait ».

Le vasolidatateur buflomédil, commercialisé en France depuis 20 ans, est accusé par Prescrire d’avoir « des effets indésirables neurologiques et cardiaques parfois mortels, en particulier en cas de doses élevées ou inadaptées à l’insuffisance rénale ». Quant au nimésulide, anti-inflammatoire non stéroïdien, commercialisé depuis 1998, il serait « à l’origine d’effets indésirables hépatiques graves, voire de décès ».  Ce médicament, commercialisé sous le nom de Nexen (laboratoire Thérabel Lucien Pharma)  a été retiré du marché en Belgique, en Finlande, en Espagne, en Irlande  ainsi qu’en Argentine et à Singapour. Une procédure est également engagée aux niveaux européens et français pour évaluer la balance bénéfices-risques de la vinflunine, anticancéreux cytotoxique prescrit pour les cancers de la vessie avancés ou métastasés, dont l’efficacité clinique serait « très incertaine » selon la revue.

Par ailleurs, une association bordelaise de victimes présumées du Mediator, présidée par le Dr Dominique-Michel Courtois, déposera mardi prochain 110 plaintes pour blessures et homicides involontaires contre le laboratoire Servier, auprès du pôle de santé publique du tribunal de grande instance de Paris.