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Toujours plus de remplaçants, toujours moins de libéraux…

Pour la quatrième édition de son Atlas de la démographie médicale française, le Conseil national de l’ordre des médecins (Cnom) s’est attardé sur la question des remplaçants, et « l’évolution préoccupante » de leur nombre.

Au 1er janvier 2010, 10 006 médecins remplaçants (4,5% des médecins en activité) dont 6 003 qui ne se sont jamais installés étaient inscrits au tableau de l’Ordre, ce qui représente un accroissement de 9,1 % entre  2007 et 2010. Grâce à deux enquêtes spécifiques menées par l’Ordre, les besoins et les attentes professionnelles de ces confrères d’un nouveau type sont un peu mieux cernés. Ces médecins sont majoritairement jeunes (un sur deux ayant moins de 34 ans), et 66 % sont des femmes. Le remplacementconstitue pour eux un mode d’exercice proche du plein temps, puisque près de 80% d’entre eux travaillent plus de 6 mois par an. Si les hommes privilégient les remplacements sur le long terme (période supérieure ou égale à 6 mois), 50% des femmes travaillent moins de 3 jours par semaine. Par ailleurs, 82,8% d’entre eux exercent dans le secteur libéral, seul ou en cabinet de groupe.

Près d’un sur deux (45 %) envisagent de s’installer à plus ou moins court terme, privilégiant l’exercice de groupe (85%) en zone urbaine (76%). « L’engouement pour cette activité suscite de véritables inquiétudes pour les médecins qui exercent seuls en zone rurale car ils trouveront difficilement des successeurs » note l’Ordre.  A contrario, 32% des remplaçants souhaitent poursuivre cette activité ou diversifier leurs modes d’exercice salarié, libéral et/ou hospitalier.

Pourquoi ces médecins refusent-ils de s’installer ? Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas la recherche d’une rémunération conséquente ni celle de temps libre qui prime dans le refus de l’installation, répond le Cnom, mais bien les problèmes d’organisation du travail et le poids des charges administratives. Cependant, quand bien même le poids de leurs charges sociales  pose un réel problème, les médecins retraités remplaçants (5 612 actifs sur 44 928 retraités),  « jouent un rôle important » aujourd’hui en matière de continuité des soins.

Confronté à ce constat, le Cnom a mis en place un Observatoire de veille démographique au printemps dernier, dont le but est de mettre en relation les médecins qui souhaitent s’installer et les élus locaux préoccupés par l’offre d’accès aux soins sur leur territoire. 

Par ailleurs, l’étude démographique menée par l’Ordre pour la quatrième édition de son Atlas met en évidence l’écart croissant entre les nombre de médecins entrants (+ 1,8 % en un an) et sortants (+ 6,6 % en un an).

Au 1er janvier 2010, sur 261 378 médecins inscrits au Tableau de l’Ordre, 44 928 médecins étaient retraités dont 5 612 actifs, soit une part de 17% de l’ensemble des effectifs, est-il noté. L’Atlas 2010 confirme par ailleurs que l’activité libérale reste peu attractive pour les nouvelles générations de médecins. Moins d’un sur dix : seulement 8,6% des nouveaux inscrits entre le 1er janvier et le 31 décembre 2009 ont choisi ce mode d’exercice. Un désintérêt qui concerne autant la médecine générale que les autres spécialités. A titre d’illustration, relève l’Ordre, seuls 4,4% des radiologues et 9% des ORL ont choisi l’exercice libéral parmi les nouveaux médecins inscrits.

Concernant les médecins de nationalité européenne et extra-européenne, dont le nombre d’inscrits aux Tableau augmente chaque année, ces derniers ne suffisent pas à pallier le manque de médecins en zones désertifiées et ne parviennent pas non plus à combler le déficit d’installation en médecine libérale, puisque les deux-tiers de ces confrères exercent en salariat, prioritairement en zones à haute densité médicale. Et à cette occasion, le Cnom réitère « les plus grandes réserves » sur le recrutement médical par l’intermédiaire d’ agences spécialisées auxquels certains élus peuvent avoir recours pour pallier le manque sur leur territoire. « Les exemples de déconvenues étant malheureusement fréquentes », rappelle le Cnom.

L’intégralité du rapport est disponible sur : www.conseil-national.medecin.fr