Jacques Servier, le président fondateur du groupe pharmaceutique éponyme, fabriquant du Mediator, antidiabétique interdit depuis 2009  et qui serait à l’origine de 500 morts en trente-quatre ans selon l’Afssaps, souligne que ces statistiques sont « basées sur des présomptions ».

Dans un entretien accordé au Monde,  il se dit « sidéré » par l’affaire et appelle à « étudier cette question » du lien entre Mediator et valvulopathie, faisant valoir que « jusqu’à 2008, aucun cas de décès par valvulopathie avec le Mediator n’était signalé ». « C’est à se demander si cette affaire est une fabrication », argue le président du groupe créé en 1948, avant d’avancer qu’ « il y a peut-être l’idée d’embêter le gouvernement ».

 Il précise qu’ « en trente-quatre ans, ce produit n’a pas suscité la moindre plainte » et que le médicament n’a pas été retiré en Espagne en 2003 en raison du soupçon d’un cas de valvulopathie mais « en raison de problèmes logistiques et de responsabilité ».

Le Mediator, rappelle Jacques Servier, représentait 0,7 % du chiffre d’affaires qui s’affichait en 2008-2009 à 3,6 milliards d’euros. Deuxième groupe pharmaceutique français au niveau mondial,  Servier est présent dans 140 pays et a plus de 20 000 collaborateurs dans le monde.Les sénateurs du groupe CRC-SPG (communiste et Parti de gauche) ont demandé vendredi à  Gérard Larcher, président du Sénat, la création d’une mission d’information sénatoriale sur l’affaire.

ZOOM : La Mutualité française demande que « la lumière soit faite sur les conditions de mise sur le marché de Mediator ». Pour Jean-Pierre Davant, son président, l’affaire sanitaire « illustre des dysfonctionnements majeurs dans le circuit du médicament ». Elle pose selon lui la question de l’indépendance des experts et des décideurs et appelle à renforcer le rôle et les actions du dispositif de pharmavigilance.