« Le diagnostic en trois clics » n’est pas pour demain », estime le syndicat MG-France, alors que la ministre de la Santé a annoncé que les premières téléconsultations (par téléphone ou internet) auront lieu début 2011.

L’organisation de généralistes souligne que « l’attrait des médias pour la haute technologie ne doit pas faire oublier que l’un des éléments essentiels du diagnostic reste et restera l’examen clinique attentif du patient ». Ainsi le décret du 21 octobre, estime-t-il, « n’apporte pas de réponses aux nombreuses difficultés rencontrées par notre système de santé : non-reconnaissance et non-valorisation du travail des professionnels, absence de définition des rôles et des tâches, priorité donnée à la technique contre l’humain, manque d’attractivité des métiers les plus indispensables, aggravation des couts et régression de la prise en charge collective. »
MG-France rappelle qu’après l’annonce « tonitruante » du Dossier médical personnel, il y a six ans, et « malgré les sommes englouties, 90% des examens biologiques, 95% des comptes-rendus hospitaliers et 100% des déclarations de « médecin traitant » circulent encore sous forme de papier. »
Pour l’Agence des systèmes d’information partagés de santé (Asip), si la parution de ce décret est « une étape importante pour le développement de la e-santé en France », il convient de rappeler que « la télémédecine ne se résume pas à de la médecine virtuelle ». La pratique médicale à distance est au service du professionnel de santé pour l’accompagner dans son diagnostic (et non le remplacer), et au bénéfice du patient, qui gagne ainsi en rapidité et en prise en charge, parfois de manière tout à fait transparente pour lui, rappelle l’agence. A cet effet, le décret a pour objectif de définir la télémédecine et de l’inscrire, justement, dans un cadre légal et organisationnel clair. « Il prend acte en cela de l’évolution des pratiques médicales en France, qui intègrent déjà depuis plusieurs années les nouvelles technologies de l’information et de la communication au service des professionnels de santé », souligne l’Asip.
Deux exemples sont rapportés par l’agence : celui du service de neurologie du CHU de Besançon, en lien avec 11 centres hospitaliers de la région dans le cadre du réseau RUN-FC (réseau d’urgence neuro – Franche-Comté) et celui de la Picardie avec une garde alternée en neurologie entre les CHs de Soissons et Compiègne, assurée grâce à des solutions de visio-expertise mobile. Tous deux utilisent la téléexpertise à distance, en cas d’urgence, dans les cas d’une personne victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC) arrivant dans un service d’urgence d’un centre hospitalier dépourvu d’une Unité neuro-vasculaire (UNV). Selon l’Asip, il est du rôle des pouvoirs publics d’encadrer ces évolutions, « d’une part pour protéger les données de santé des patients et d’autre part pour préserver la pratique médicale de travers économiques parfois mal cadrés ».