C’est pour « regagner la maîtrise de nos finances publiques, socle de la croissance », que Jacques Attali, président de la commission de libération pour la croissance française,  a soumis vendredi dernier au Président de la République – dans son dernier rapport intitulé « Une ambition pour 10 ans » – une trentaine de propositions dont quelques-uns touchent au secteur de la santé.L’une d’entre elles devrait particulièrement faire débat : la suppression progressive du numerus clausus pour les médecins et les pharmaciens.
Les cursus, propose la commission, devraient ainsi s’articuler exclusivement autour d’examens et non de concours, de façon à sélectionner des professionnels aux profils plus diversifiés. L’augmentation probable du nombre de médecins pallierait ainsi les pénuries constatées dans de nombreuses régions alors que les numerus clausus, explique l’ancien conseiller de François Mitterrand, « contribuent à un rationnement de l’offre de soins préjudiciable aux patients, réduisent la concurrence et poussent à une hausse des tarifs sans améliorer la situation des professions de santé ». Le rapport appelle également à réformer la formation permanente des médecins «  qui leur permettrait d’être formés dans l’université, sans dépendre des seuls laboratoires pharmaceutiques, et de disposer des moyens de réorienter leur carrière vers des nouvelles spécialités ».
Les autres propositions sont moins innovantes et dans la ligne de la loi Hôpital, patients, santé et territoires (Hpst) qui aurait été « inspirée par notre premier rapport » revendique Jacques Attali: renforcement de la gouvernance aux niveaux des régions – avec l’élaboration d’ « une carte globale de l’accès aux soins incluant l’offre ambulatoire et en établissement, le sanitaire et le médico-social » –  renforcement de la responsabilité des directeurs des établissements de soins et promotion de l’efficience des assurances complémentaires santé, qui « doivent connaître les prix et la qualité des soins offerts par les offreurs de soins ».  La mise en place d’un bouclier sanitaire enfin est recommandée par la commission, dans l’objectif de le substituer au régime des  ALD, de façon à simplifier les systèmes d’exonération existants et de limiter « les effets pernicieux de la complète gratuité ». Fixé à 450 euros pour les soins de ville, ce bouclier sanitaire permettrait selon le rapport, de faire des économies de l’ordre de 2 milliards d’euros sur 3 à 5 ans.
De façon générale, le rapport appelle à changer de paradigme. Comme l’agriculture et  le tourisme, plaide la commission, la santé ne doit pas  simplement être considérée comme une source de coût et de dépense publique qu’il faudrait à tout prix comprimer, mais aussi comme un secteur qui occupe une place importante dans l’industrie et dans la dépense publique française. « La France doit dans ce contexte gérer un paradoxe : d’un côté ces secteurs alimentent la dépense publique en offrant des produits toujours plus sophistiqués et coûteux ; de l’autre, ils constituent des secteurs à haute valeur ajoutée, des gisements d’innovation et d’emplois souvent non délocalisables ».