Le professeur Georges Mathé, qui avait créé, en 1961, à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif, l’Institut de cancérologie et d’immunogénétique est décédé vendredi à l’âge de 88 ans.
Immunologiste et cancérologue de renom, ses travaux novateurs ont ouvert la voie à de nombreux traitements du cancer en particulier les polychimiothérapies, les greffes de moelle osseuse et l’immunothérapie.Formé auprès de Jean Hamburger, de Robert Debré, de Jean Bernard et de René Küss, il a selon le Premier ministre « apporté une contribution décisive pour le développement de la cancérologie ».
Georges Mathé fut notamment un pionnier dans le domaine des transplantations. Ses travaux novateurs en immunologie ont permis de définir la fenêtre d'irradiation subléthale permettant de préparer les patients à bénéficier d'une greffe sans rejet du greffon, travaux qui ont conduit au succès des premières greffe de rein réalisées par le Professeur Küss chez l’homme et de conclure de façon formelle à la nécessité de ne pas choisir les donneurs en fonction des groupes sanguins. En 1959, il sauve quatre physiciens yougoslaves irradiés accidentellement, grâce à une greffe de cellules de moelle osseuse. Ce traitement révolutionnaire a un retentissement mondial et donne le coup d’envoi aux premières greffes de moelle osseuse sur des patients leucémiques. Ses expériences pionnières donneront lieu ainsi à la première greffe de moelle humaine pratiquée chez un receveur adulte atteint de leucémie prétraité par irradiation corporelle totale.
Pour ses travaux sur les leucémies et sa contribution à l'immunologie, notamment par
l'utilisation du BCG, il a obtenu en 1994 le prix Léopold-Griffuel, rappelle la ministre de la Recherche, Valérie Pécresse, qui lui rend également hommage
Grande Médaille de l’Académie Nationale de Médecine 2004, Prix Medawar 2002, Georges Mathé a également été l’un des grands architectes de la recherche médicale française au sein de l’Inserm, dont il a contribué à la création en 1964, du Centre international de la recherche sur le cancer (Circ) à Lyon et de l’Organisation européenne de recherche sur le traitement du cancer (Oertc)
« C’est une personnalité de la cancérologie française qui vient de disparaître », a souligné la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot.« Nous avons un devoir collectif d’honorer la mémoire de ce précurseur en poursuivant et en »renforçant l’excellence française dans le traitement et la recherche sur le cancer », a rendu hommage François Fillon.