Dans l’affaire du patient ayant porté plainte contre un médecin ophtalmologiste d’Aix- en- Provence pour refus de soins accompagné de propos racistes (lire l'article), de nouvelles informations amènent à nuancer, voire remettre en cause les événements tels que relatés vendredi dernier.
Jeudi soir, le Conseil départemental des Bouches du Rhône a été saisi d’une plainte d’un patient d’origine arabe venu pour des soins avec sa fille de six ans, affirmant qu’un ophtalmologiste d’Aix-en-Provence lui aurait intimé : « Sale arabe, dégage, tu me salis mon cabinet. »
.Mis en cause, le Dr Jean-Christophe Pinelli nie les accusations portées à son encontre, et estime être victime « d’un coup monté ». « Je n’ai jamais tenu de tels propos ! Je vais m’organiser pour répondre à ces accusations et je vais porter plainte contre ce monsieur. Ce qu’il a fait est extrêmement grave. », vient-il de déclarer.
Tenu informé de la situation, le Conseil national de l’Ordre des médecins avait rapidement réagi en rappelant à la fin de la semaine dernière les obligations déontologiques des médecins. Et les sanctions encourues en cas de manquements.
Actuellement, l’enquête diligentée par le parquet d’Aix-en-Provence donne raison au praticien, aucun des trois témoins entendus ne confirmant les propos racistes prêtés au médecin, contrairement à ce qui avait été affirmé vendredi dernier. « En l’état actuel, les faits allégués ne sont ni établis, ni fondés et l’on s’oriente vers un classement de la plainte », a fait savoir Pascal Guinaud, procureur adjoint d’Aix-en-Provence. « Il s’agit d’une non-affaire. Il y a bien eu une altercation quand M. Mazoira a tenté de pénétrer dans le cabinet du médecin qui l’en a fait sortir un peu fermement, mais rien de plus. »
Le Syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof) a tenu quant à lui, à dénoncer « la manière dont, dans la plus grande précipitation, un médecin ophtalmologiste a été stigmatisé aux yeux de ses proches, de ses patients, de ses confrères et de la France entière » et il regrette le « parti pris délibéré de la part des medias », sur la foi d’une seule des parties. « Cette dérive démagogique, qui fait fi de la présomption d’innocence, est une atteinte aux droits de l’homme, quelle que soit sa religion ou sa race. », tacle le Snof.
Selon Jean-Paul Hamon, co-président d’Union généraliste, le procès qui devrait être fait est davantage celui de la non revalorisation des tarifs du secteur 1 qui impose un rythme insoutenable à certains spécialistes s'ils veulent avoir les moyens d'exercer correctement leur métier avec le matériel adéquat. « Les médecins sont obligés de prendre de nombreux rendez-vous, ce qui peut entraîner des retards et contraindre les patients à une attente », a noté le médecin. Le patient à l’origine de la plainte est effectivement entré dans le cabinet de l’ophtalmologiste, apparemment en retard, afin de connaître le temps d’attente avant son rendez-vous.