C’est un plan d’économie à 2,5 milliards d’euros – un record-  qui a été dévoilé ce matin par les Echos pour redresser les comptes de la sécurité sociale. En vue du Projet de loi de financement de la sécurité sociale (Plfss), le gouvernement envisage un panel de mesures qui mettront à contribution les assurés, les industriels du médicament et les professionnels de santé, soumis à un renforcement de la maîtrise médicalisée. Objectif : maintenir l’Ondam  dans les clous en 2011, à 2,9 %, dont + 2,8 %  pour les dépenses de ville, + 2,8 % pour les dépenses hospitalières et + 3,8 % pour le secteur médico-social.
Baisse du remboursement des médicaments actuellement pris en charge à 35 % et qui passeraient à 30 % (165 millions d’euros d’économie), baisses de prix de certains médicaments et dispositifs médicaux (500 millions d’euros), relèvement du ticket modérateur ( pour les consultations de médecins, les actes d’infirmière ou de kinésithérapeute) d’un demi point et hausse de la contribution des patients à l’hôpital : ces mesures devraient rapporter quasiment 1,5 milliards d’euros.
Les autres gisements d’économie pointés du doigt par le plan – avant sa présentation officielle le 28 septembre- toucheraient les professionnels de santé. Comme depuis 2008, des baisses de tarifs (100 millions d’économie) sont envisagées pour les biologistes et les radiologues dont le coût des actes unitaires serait de « 2 à 10 fois supérieur à celui de la Belgique et de l’Allemagne », selon l’assurance maladie. Le quotidien économique révèle enfin que les médecins de ville seront appelés à poursuivre leurs efforts de maîtrise médicalisée mais aussi à s’engager toujours plus nombreux à signer le Capi (contrat d’amélioration des pratiques individuelles).
« Il faudra des efforts de tous, des caisses d’assurance maladie (…) mais aussi des professionnels de santé et vraisemblablement des assurés », a estimé ce matin Frédéric Van Roekeghem, le directeur général de l’assurance maladie, en marge d’un point presse consacré aux premiers résultats du Capi après un an d’existence. Selon les derniers chiffres officiels, le déficit de l’assurance maladie devrait s’élever à 11,6 milliards d’euros en 2010 et un peu plus de 12 milliards en 2011.
Virulentes sont les réactions des représentants des médecins, qui ont pris connaissance aujourd’hui des mesures envisagées. « L’Etat va-t-il continuer à abuser la population  et les médecins généralistes ? » s’interroge MG-France, qui appelle à mettre en place deux mesures incontournables pour organiser un système de santé efficient en terme sanitaire et économique : « reconnaître et valoriser la médecine générale de premier recours par un plan d’investissement massif pluriannuel matérialisé dans les Plfss dès cette année et réellement flécher le parcours de soins pour limiter les dépenses inutiles avec une meilleure prise en charge des patients respectant ce parcours ». La Confédération des syndicats médicaux français (Csmf) s’élève quant à elle contre « ce serrage de vis (qui) ferme la porte à la construction d’une nouvelle convention médicale faute de grains à moudre ».  Le syndicat dénonce des mesures « parfaitement inéquitables car elles font porter tous les efforts, une fois de plus, sur les soins de proximité en ville et les patients ». Elle demande au gouvernement et à l’Elysée de « faire preuve de responsabilité lors des derniers arbitrages sur le Plfss 2011 et de rechercher les solutions du côté des recettes plutôt qu’encore et toujours du côté des dépenses de soins de ville ».
La Mutualité française regrette pour sa part de n’avoir été « nullement informée et encore moins associée au projet de baisse des remboursements de l’assurance maladie obligatoire », qui représenteraient, rappelle-t-elle, « une dépense supplémentaire de 500 millions d’euros pour les ménages, s’associant au 1,1 milliard d’euros de taxe nouvelle annoncé il y a 15 jours ».
Le Collectif interassociatif sur la santé (Ciss) estime que le « cru 2011 renoue avec les plus mauvaises habitudes : faire payer les usagers ». Et rappelle qu’il existe d’autres sources d’économies, mises en avant par la Cour des comptes dans son rapport annuel la semaine dernière ( lire Egora : La Cour des comptes a elle-aussi les niches sociales dans le collimateur), en l’occurrence le renoncement à certaines des 178 niches sociales, qui pourrait rapporter 67 milliards d’euros. Mais le Ciss ne s’en tient pas là. Il appelle à « traquer les dépenses inutiles » que sont les « soins inadéquats ». « Pourquoi prescrit-on trois fois plus de médicaments en France que dans les pays comparables (Grande-Bretagne, Allemagne), pourquoi prescrit-on deux à trois fois plus de séances de kinésithérapie d’une région à l’autre, pourquoi y-a-t-il dans certaines régions et dans certaines pathologies deux à trois fois plus d’interventions chirurgicales que dans d’autres ? », ose le collectif d’associations.  Qui appelle de ses vœux des « régulations basées sur l’opportunité des soins ».
Lire également :