Depuis le lancement de leur mot d’ordre tarifaire, dès le 16 avril dernier, la Csmf et l’Unof ont été très clairs : C à 23 euros, V à 33 euros, C2 à 46 euros et rémunération des gardes et astreintes dans les établissements. Cela pour protester contre les promesses non tenues – promis depuis mars 2007, le C à 23 euros n’a toujours pas vu le jour – et que les seules réponses apportées par la puissance publique, résume la Csmf, sont « toujours plus de coercition, toujours plus de mépris ». La bataille du C à 23 euros a été privilégiée par la centrale, au détriment du CS à 23 euros, défendu par l’intersyndicale formée de MG France, Union généraliste, l’Union collégiale, le SMG et le Snjmg, car cela concerne d’une part, « tous les généralistes » et non les seuls praticiens qualifiés par l’Ordre spécialistes en médecine générale. D’autre part, les caisses acceptent de rembourser sur la base de 22 euros, la consultation facturée à 23 euros, alors qu’elles rejettent purement et simplement les actes de médecins généralistes facturés en CS.
Certes, le président de la République a promis, le 16 avril dernier, que le 1er janvier 2011, les spécialistes en médecine générale auraient le droit d’utiliser la nomenclature spécialisée pour leur acte de consultation, il n’empêche que cette guérilla-là est difficile à mener. Même s’il s’agit d’un symbole. Signe des temps ? Dans la Manche, 57 médecins généralistes qui ne sont pas membres de la Csmf ou de l’Unof, mais sont soutenus par Union généraliste, ont décidé de se montrer à visage découvert, tant vis-à-vis de leurs Cpam que des patients. Ils viennent de signer de leur nom un manifeste où ils avouent clairement être en conflit avec leur caisse primaire. Et appliquer le C à 23 euros. Ce conflit tient aux « conditions de travail dégradées », aux relations avec leur Cpam «tournant au harcèlement administratif permanent » et aux revalorisations d´honoraires sans cesse reportées bien qu´elles aient été actées. Après s´être réunis en quatre assemblées générales tenues à Saint-Lô, Cherbourg, Avranches et Coutances, les 57 ont décidé d´arrêter le service de la télétransmission et d´appliquer les accords tarifaires signés.
Ces médecins généralistes reconnaissent « participer au mouvement de contestation en appliquant l´accord de revalorisation tarifaire du montant de la consultation à 23 euros signé par la caisse nationale d´assurance maladie en mars 2007 et qui devait s´appliquer le 1er juin 2008 ». Et répondent, en agissant ainsi, au directeur de la Cpam de la Manche, qui avait minoré le mouvement, faisant état dans la presse d´un mouvement marginal ne concernant que 8 médecins. Ils informent également leurs patients de la situation « dans un souci de transparence ».
Les mots d’ordre se mélangent et, sur le fond se rapprochent, ce qui révèle l’homogénéité de l’exaspération des médecins de terrain de quelque chapelle qu’ils se revendiquent.  Cette tension se traduira-t-elle par une forte participation aux prochaines élections aux unions professionnelles ? Les syndicats le souhaitent tous. Dans cette attente, la Csmf demande au chef de l’Etat de « faire un geste » en débloquant les revalorisations tarifaires promises au 1er janvier 2010.
Pour aider les confrères en conflit tarifaire, la Csmf a mis en place un « pack offensif et défensif ». Les médecins sont ainsi invités à écrire un mail à l’adresse suivante : sos-caisses@csmf.org