Les médecins généralistes ont été appelés pour la troisième fois depuis le début de l´année à faire grève. Le mot d´ordre : fermeture des cabinets et manifestation pour exprimer le ras-le-bol général des médecins libéraux. Une initiative de l´intersyndicale de cinq structures – MG France, Union généraliste, le Syndicat de la médecine générale (Smg), le Syndicat national des jeunes médecins généralistes (Snjmg) et l´Union collégiale.

A la mi-journée, les divers syndicats se sont dits satisfaits du mouvement : « Nous pensions que la mobilisation allait être minime mais finalement des médecins libéraux qui n´avaient pas répondu présents le 11 mars se sont mobilisés aujourd´hui », a raconté Claude Leicher, président de MG France.
Les manifestations ont été essentiellement concentrées devant les Caisses primaires d´assurance maladie « afin de dénoncer leur harcèlement », a expliqué Jean-Paul Hamon, président de l´Union généraliste. Parmi les régions les plus mobilisées la palme revient à la Bretagne où divers pique-niques ont été organisés à Brest et Vannes devant les CPAM. Pique-nique également à Paris avec une centaine de médecins regroupés devant la Caisse nationale d´assurance maladie (Cnam). Les lyonnais n´étaient pas en reste puisque 300 médecins ont manifesté leur mécontentement devant l´Agence régionale de santé (ARS), sans parler de Bordeaux, de la Roche-sur-Yon, etc. Malgré le caractère ponctuel des manifestations, ces dernières ont couvert l´ensemble du territoire. « Cette mobilisation montre l´épuisement professionnel des médecins et la volonté qu´ils ont de voir cet état de fait reconnu par les pouvoirs publics », a souligné Claude Leicher.

Les représentants syndicaux de MG France, Union généraliste, Smg et Snjmg ont d´ailleurs manifesté leur exaspération au directeur de la CNAM, Frédéric van Roekeghem, qui s´est entretenu avec eux pendant une heure en début d´après-midi. « Nous avons demandé à Frédéric Van Roekeghem de mettre fin au harcèlement des caisses, a indiqué Jean-Paul Hamon. Il en a le pouvoir et c´est indispensable pour restaurer la confiance des médecins ». Ce à quoi le directeur de la Cnam a répondu qu´il était effectivement nécessaire d´instaurer une nouvelle culture d´écoute et de nouvelles bases pour améliorer les relations entre les caisses et les médecins.
Parmi les autres revendications, les syndicats souhaitent que le forfait médecin traitant soit généralisé à l´ensemble des patients et non pas aux seuls patients en affections longues durées (ALD). Ils veulent également la suppression de l´ordonnancier bizone ; une demande considérée comme envisageable ultérieurement par le directeur de la Cnam.

Concernant les revendications tarifaires, les syndicats ont fait savoir à Frédéric van Roekeghem qu´ils reconnaissaient le geste de Nicolas Sarkozy de porter le C à 23 euros en janvier 2011. « Mais cela fait quatre ans que c´est prévu et on en a marre que les économies se fassent sur le dos des généralistes », a indiqué le président de l´Union généraliste. Dès le mois d´octobre, à l´issue des élections professionnelles, le cycle des négociations conventionnelles devraient reprendre avec pour toile de fond les innovations en matière de rémunérations.

Du côté de la Snjmg, les jeunes médecins ont fait savoir au directeur de la Cnam qu´ils n´étaient pas intéressés dans s´installer en tant que médecins libéraux dans les conditions d´exercice actuel. « Notre diplôme a plus de valeur à l´étranger qu´en France, a souligné Alexandre Husson, président du Snjmg. Si cela n´évolue pas, les 11 000 remplaçants vont aller exercer ailleurs ». Le syndicaliste a par ailleurs précisé avoir déposé un préavis de grève hier pour permettre aux internes et aux médecins généralistes salariés de participer à la mobilisation. « Mais il y a eu beaucoup d´intimidation de la part des chefs de service, même les membres du bureau du syndicat n´ont pas pu manifester », a-t-il conclu.