Nicolas Sarkozy en a fait pratiquement le point central de son discours prononcé à Perpignan, devant un auditoire hospitalier de professionnels de santé, à l’occasion des vœux. La médecine libérale est malade et le chef de l’Etat veut la soigner. « Rendez-vous compte que sur dix inscriptions à l´Ordre de nouveaux médecins, il n´y en a plus qu´une aujourd´hui en libéral. Les autres inscriptions sont le fait de médecins salariés ou remplaçants  (…). « L´exercice libéral a perdu de son attractivité », a martelé le Président de la République en annonçant avoir chargé une « personnalité reconnue», le Dr Michel Legmann, président du Conseil national de l’ordre des médecins (Cnom) d’une mission prospective sur la sauvegarde de ce mode d’exercice. Une mission qui devrait avoir un terme court – d’ici la fin du mois de mars – et partirait d’un état des lieux tout en incluant des propositions sur la simplification de la vie du praticien. « Le temps passé à la paperasse, c´est du temps en moins pour soigner les malades », a souligné Nicolas Sarkozy.
Chargé  « d’inventer un nouveau modèle de soins de premier recours qui fasse toute sa place à la médecine libérale », le président du Cnom devra explorer un certain nombre de thèmes énumérés par le Président : la qualité des soins et de l´évaluation, la diversification des conditions d´exercice avec le développement des maisons de santé et des centres de soins ambulatoires, la mobilité et la coopération avec les autres professionnels de santé. « Le défi numérique touche particulièrement l´exercice libéral » a également souligné le chef de l’Etat.
Exclus du discours, les spécialistes de la Confédération des syndicats médicaux français (Csmf) sont montés au créneau pour dénoncer « une fois de plus » l´oubli de la médecine spécialisée libérale de proximité dans la politique de santé du président. Pour l´Umespe, qui attire l´attention de l´Ordre sur la nécessité de revaloriser à sa juste valeur l´acte clinique, cet oubli concrétise un système de filières à l´anglaise médecins généralistes/hôpital. Dubitative sur le choix du rapporteur, la Csmf a néanmoins promis de participer efficacement aux travaux du Dr Legmann.
Bien que la lettre de mission du président de la République ne lui fût pas encore parvenue à l’occasion de ses vœux à la presse, ce dernier a saisi cette occasion pour lever un peu un coin du voile sur ses travaux. Tout à fait éloignée des enjeux actuels liés à la convention médicale et voulant traiter du fond, de la « nécessité d´une refondation », cette mission s´appuiera sur un groupe de travail d´une douzaine d´experts qui comportera des médecins, mais aussi des économistes, des personnes qualifiées mais pas de syndicalistes, dans les locaux du ministère de la Santé, a-t-il expliqué. Et durera… « Le temps que cela prendra », le Dr Legmann ayant « horreur  de bâcler le travail ».
Alors que le médecin généraliste a acquis le statut de médecin spécialiste, son droit à coter en CS n´est toujours pas entériné, a relevé le Pdt Legmann, « le rôle de cette mission sera de comprendre les raisons de ce blocage. Nous chercherons à comprendre aussi les raisons de la désaffection des jeunes vis-à-vis de cette profession, pourquoi les jeunes internes en médecine générale postulent pour le salariat, pourquoi il n´y a qu´un médecin thèsé sur dix qui choisit d´exercer en libéral » ? Autre signe de la crise : les 10 000 remplaçants d´un âge moyen de 37 ans que compte notre pays. Et le fait inédit que « certains médecins installés dévissent leur plaque pour le devenir. »

Insistant sur le fait que les maisons de santé, promues par la loi Bachelot, ne représentent « qu´une solution parmi d´autres », le président du Cnom affirme vouloir s´employer à trouver des solutions « qui répondent aux attentes des jeunes », et ne sont pas des « coups de bâton ». Cette mission, il la conçoit en effet comme une prolongation des débats des Etats généraux de l´organisation des soins (Egos), réunis préalablement à l´élaboration de la loi Hôpital, patients, santé, territoires. Les travaux qu´il mènera porteront sur l´étude du pan libéral, du lien entre l´hôpital et la ville et de la place des libéraux dans le système de soins.

« Je suis un homme libre, je ne suis au service de personne sinon de la santé publique », a tenu à souligner le Dr Legmann. Voulant que ses réflexions et propositions « partent du terrain », il va organiser, en mars, un séminaire de travail décentralisé sur ce sujet, avec les conseils département aux qui ont tous reçu un questionnaire à remplir auprès des médecins de leur département.