Les médecins généralistes seront appelés en renfort pour vacciner contre la grippe A (H1-N1), … à la seconde phase de la campagne, a déclaré Roselyne Bachelot devant la presse, quelques heures avant de recevoir les syndicats médicaux libéraux et les représentants des unions régionales de médecins libéraux (Urml), au ministère, la semaine dernière, pour faire le point sur l’épidémie.

Confrontée au démarrage extrêmement lent de la campagne dans les gymnases réquisitionnés pour l’occasion, et au très grand scepticisme des patients pour cette opération de masse (200 000 personnes seulement s’étaient faites vacciner la semaine dernière sur 8 millions de bons envoyés par l’assurance maladie), la ministre s’est résolue à entendre les demandes pressantes de la Csmf appuyée par la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (Fspf), d’ouvrir la porte aux médecins de premier recours. Pour la confédération et pour l’Unof, les médecins de famille déjà rompus à l’exercice récurrent de la grippe saisonnière auraient été les meilleurs VRP possible de cette campagne de vaccination d’un nouveau style s’ils y avaient été associés dès le début. Mais le plan quasiment militaire et centralisateur concocté par le gouvernement ne leur avait réservé qu’un rôle de supplétif réquisitionné en cas de manque de personnel médical… Ce qui, selon le gouvernement, les protègerait contre toute poursuite en responsabilité liée à la vaccination.
La ministre a donc entrouvert la porte « a minima », tant sont grands, selon elle, les contraintes logistiques qu’il faudra résoudre avant de donner le feu vert aux médecins de premier recours. Pour n’en citer que quelques unes : la réfrigération des lots conditionnés en dix doses, leur traçabilité – ce qui génère une importante paperasserie – le suivi et le signalement des événements indésirables, la double injection éventuelle à organiser, à partir des mêmes lots etc. La ministre n’a pas éludé la question de la rémunération des médecins de famille, précisant devant la presse que la solution « publique » choisie avait aussi été dictée par le souci de « faire le meilleur usage possible de l’argent de la collectivité ». A cet égard, il faut bien souligner que le Projet de loi de financement de la sécurité sociale (Plfss) 2010 (voir ci-contre), réintègre les dépenses liées à la grippe dans le champ de l’Ondam – ce qui n’était pas initialement prévu par le gouvernement – au risque de déclencher une procédure d’alerte en cas de dépassement de l’objectif…

Tous ces problèmes sont donc sur la table. La Csmf et l’Unof affirment qu’aucun d’entre eux n’est insoluble dès lors qu’on s’y attelle. Des réunions sont prévues. Reste malgré tout une impression d’improvisation de dernière minute, bien dommageable alors que le nombre de vaccinations quotidiennes dans les centres a été multiplié par huit depuis cette annonce par la ministre.