«Nous avons été trahis». Réunis en conférence à Paris ce mardi, les présidents des commissions médicales d’établissement (CME) de CHU ont pris acte du recul de leurs prérogatives inscrit dans le projet de loi Hôpital, Patients, Santé, Territoires (Hpst), tel qu’il a été adopté en première lecture par l’Assemblée nationale le 11 mars. Certes, ils avaient entendu, dès l’automne 2007, le discours de Bordeaux dans lequel Nicolas Sarkozy avait indiqué vouloir «un seul patron à l’hôpital». Mais le rapport Larcher, au printemps 2008, de multiples rendez-vous au ministère et la préparation d’une série d’amendements au projet de loi Hpst leur avaient laissé espérer une issue favorable. Jusqu’à la nuit du 10 au 11 février, durant laquelle la poignée de députés présents a rejeté leur ultime amendement, qui rendait «l’accord» du président de CME et Du Doyen nécessaire pour l’organisation de l’établissement en pôles… Aujourd’hui, ils ne cachent plus leur amertume: «Avec la légitimité que nous confèrent l’élection et notre représentativité de tous les personnels médicaux, nous assurons le lien entre le management et les missions de soins, de recherche et d’enseignement. Nous avons contribué à la mise en œuvre du plan Hôpital 2007, de la T2A, de la nouvelle gouvernance. Nous nous sommes formés à la gestion, nous passons depuis quelques mois 60 à 70% de notre temps à aider les directeurs en matière d’organisation, et les déficits des CHU ont été réduits en 2008. Nous ne comprenons pas qu’on rejette aujourd’hui nos compétences, qu’on ne puisse pas avoir l’initiative des nominations des chefs de pôles ni la responsabilité d’élaborer le projet médical», plaide le Pr Alain Destée, président de la conférence des présidents de CME de CHU.