Nouveau départ de la négociation conventionnelle. Au delà de la formule incantatoire habituelle de la revalorisation de la Médecine Générale, tentons de faire preuve à la fois de pragmatisme et d’ambition face à une évolution économique très négative tant nationale que mondiale.
Par enchantement, on a l’impression que le C à 23 euros a disparu dans le brouhaha de la crise financière.
Pourtant, l’UNOF continue à réclamer (parfois bien seule) ce qu’elle considère comme un dû pour la Médecine Générale qui accède à la spécialité. L’iniquité actuelle ne fait pas bon ménage avec la volonté gouvernementale d’en appeler aux médecins pour améliorer la réponse aux besoins de la population. Il faut d’autant moins regretter cette revendication que la baisse du nombre d’actes légitime notre demande et assure de la responsabilité des médecins face aux difficultés.
Par le passé, chaque stagnation de l’acte avait déclenché un effet volume, toujours reproché par les tutelles. Elles se gardent bien de nous attribuer le mérite de la démarche inverse.
Oui le C à 23 euros est mérité, équitable. Continuer à le refuser, vouloir le conditionner à un engagement complémentaire, c’est afficher le plus profond mépris à l’égard des Médecins Généralistes Français.
Le PLFSS approche avec son automnale fixation de l’Objectif National des Dépenses d’Assurance Maladie. Il devrait être crédible. Pour la médecine ambulatoire. Acceptons en l’augure mais il semblerait que l’espoir risque d’être déçu dans le maelström économique actuel. On ne peut qu’encourager les politiques à réfléchir à deux fois, car les périodes de grande tension nécessitent une réponse sociale et médicale permettant de maintenir le lien sociétal.
Enfin, commence le travail sur la loi Hôpital, Santé, Patients, Territoires. Nous avons les plus grandes appréhensions sur le devenir de l’aspect libéral de la Médecine Générale. La première mouture qui définit le médecin généraliste uniquement dans son rôle du premier recours, en le cantonnant aux affections courantes est bien en deçà de la définition de notre métier et de sa spécialisation. L’augmentation du montant de l’amende en cas de refus de réquisition, l’inversion de la charge de la preuve en cas de refus de soins, le pouvoir quasi judiciaire donné au directeur de la caisse dans le cadre de sanctions relevant de la déontologie font craindre une modification de la relation aux patients. La mise en place d’un Schéma Régional d’Organisation des Soins en ambulatoire peut faire penser que la liberté d’installation, y compris celle d’être installée, sera rapidement mise à mal, après une probable courte période de non opposabilité.
Tous ces éléments inquiètent l’UNOF, porteuse d’un projet dont les effets positifs se font sentir depuis trois ans que ce soit en terme de maîtrise que de revalorisation – rattrapage des professionnels.
On peut toujours penser qu’une nouvelle avancée est nécessaire. Nous le pensons, tant les deux volets, hôpital et financement, avaient été oubliés dans la Loi de 2004.
Mais, on peut craindre que, comme en 1996, la loi se vide progressivement de son contenu sous des mouvements sociaux pour ce qui concerne l’hôpital (ce fut le cas alors sur le versant retraite) et qu’il ne reste comme à l’époque que le versant ambulatoire et libéral qui fera office de bouc émissaire.
Et on attendra dix ans pour refaire une nouvelle loi, cette fois la dernière, promis juré.