Alors que le mouvement #MeToo secoue à nouveau l’univers hospitalier, l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) s’est dit “pleinement engagée dans la lutte contre les violences au travail”. En 2021, elle a mis en place une cellule pour recueillir et traiter les signalements. Premier bilan.

 

279. C’est le nombre de signalements qui ont été enregistrés par la cellule dédiée de l’AP-HP depuis sa mise en place, en septembre 2021. Ces signalements concernent tous types de violences, d’agissements sexuels et sexistes ou de discriminations qui auraient eu lieu au sein des hôpitaux parisiens : propos dégradants, intimidations, insultes, menaces, moqueries, reproches, gestes déplacés, remarques sexistes, regards insistants, chantages, insultes, préjugés, stigmatisations, intolérances, dévalorisations, inégalités, propos racistes…

Dans un communiqué, publié quelques jours après la résurgence d’un #MeToo hôpital à la suite des accusations de harcèlement sexuel de la Pre Karine Lacombe envers le Dr Patrick Pelloux, l’AP-HP rappelle la procédure mise en place pour signaler ce genre de faits. “Tout professionnel de l’AP-HP” peut signaler des actes de violence, quelle qu’elle soit, auprès de la cellule, qui se superpose à d’autres dispositifs déjà existants au sein de certains hôpitaux et/ou facultés. Lorsqu’un professionnel le fait, “un entretien lui est systématiquement proposé garantissant écoute, impartialité et confidentialité”.

 

 

Lorsque les comportements inadaptés sont “clairement établis”, l’AP-HP assure engager “des mesures concrètes” “dans les meilleurs délais” pour les faire cesser. Cela peut aller du rappel à la règle à la suspension, ou à la sanction disciplinaire. “Dans certaines situations, des mesures de protection immédiates du signalant sont prises”, précise le communiqué signé par le directeur général Nicolas Revel, le président de la commission médicale d’établissement de l’AP-HP, le Pr Rémi Salomon, et le président de la conférence des doyens de santé d’Ile-de-France, le Pr Bruno Riou.

Une enquête interne peut aussi être diligentée “pour analyser la situation et recueillir des éléments factuels” dans l’éventualité où le doute existe mais où “les faits” doivent être “étayés”. Au terme de cette enquête, des mesures peuvent être prises : “appel à la règle, suspension, sanction disciplinaire ou transfert à la juridiction concernée, non renouvellement de mandats et/ou responsabilités managériales le cas échéant”, voire “signalement au Procureur de la République”.

 

“Aucun signalement ne reste sans réponse”

L’AP-HP l’assure : “aucun signalement ne reste sans réponse”. Parmi les 279 réalisés depuis 2021, “5%” concernaient “des situations à caractère sexuel et sexiste – la majorité recouvrant des situations de conflits et de faits de harcèlement moral”, précise-t-elle.

Consciente de la persistance d’un phénomène de sous-déclaration – souvent lié à la peur de représailles, l’AP-HP indique avoir mis en place des “actions de sensibilisation auprès de l’ensemble des professionnels” au cours des derniers mois, qu’il s’agisse de campagnes de com’ ou d’actions de formation par exemple. “La dernière campagne de prévention, engagée en novembre dernier, a ainsi donné lieu à une augmentation de 29% du nombre de signalements effectués chaque mois”, relève le communiqué. L’AP-HP indique qu’elle renouvellera les campagnes de prévention chaque année.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Louise Claereboudt

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