“Valletoux affirme qu’un bon ministre ‘ne doit pas forcément être un docteur’, mais il devra vite proposer la bonne posologie”

La nomination de Frédéric Valletoux à la Santé vue par Karen Ramsay, rédactrice-en-chef du pôle magazines (Egora-Le Panorama du médecin et Concours pluripro) à Global média santé.

Parti pris

Ces derniers jours, plusieurs hypothèses ont été formulées pour tenter de cerner l’identité de celui (ou celle) qui porterait la casquette de la Santé. Jeudi soir, peu après 19 h, la nouvelle est tombée: le député Horizons Frédéric Valletoux hérite du fauteuil de l’Avenue Duquesne, vacant depuis un mois. Souvent pressenti lors des précédents remaniements, l’ancien président de la Fédération hospitalière de France, journaliste de formation, a été “préféré” à Agnès Pannier-Runacher pour son profil plus politique et sa maîtrise des sujets… Des “qualités” essentielles dans le contexte de fortes turbulences que connaît le secteur de la santé. Essentielles également vu le super-ministère et les gros portefeuilles dont a hérité Catherine Vautrin.

Auteur d’une proposition de loi adoptée en décembre 2023, visant à “améliorer l’accès aux soins par l’engagement territorial des professionnels”, Frédéric Valletoux s’est attiré les foudres des médecins libéraux qui se sont largement mobilisés contre plusieurs mesures*. Sa nomination, c’est “le cauchemar des médecins libéraux et une gifle” pour le SML, une “déclaration de guerre” pour la CSMF et, nous a glissé Jérôme Marty (UFMLS) jeudi soir : “Je n’ai pas pour habitude de tirer sur les gens avant qu’ils pratiquent [mais] ce n’est pas un bon signal parce qu’il y a un passif”… D’autant que cette nomination survient en pleines négociations conventionnelles, alors que la Cnam se dit prête à accepter un G à 30 euros, mais sans calendrier de “montée en charge”, avec des revalorisations pour “certaines” spécialités cliniques seulement… et sous conditions que des efforts soient consentis pour améliorer l’accès aux soins et leur pertinence.

Pour les médecins, le compte n’y est pas. Accès à un médecin traitant, manque de lits hospitaliers, conditions de travail, saturation des urgences, budget serré… Les dossiers ne manquent pas. Au micro de LCP, en mai dernier, Frédéric Valletoux affirmait qu’un bon ministre de la Santé “ne doit pas forcément être un docteur”.. Pourtant, appelé au chevet d’un système de santé en crise, il devra rapidement proposer la bonne posologie. Mais surtout, surtout, être à l’écoute et trouver les mots pour renouer le dialogue.

* Plus polémiques, les mesures concernant l’adhésion automatique aux CPTS et la remise en cause de la liberté d’installation ont été supprimées de la version finale.

Source :
www.egora.fr
Auteur : Karen Ramsay

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“Déclaration de guerre”, “cauchemar”… Les médecins libéraux remontés après la nomination de Frédéric Valletoux

Après la nomination de Frédéric Valletoux, jeudi 8 février, au poste de ministre délégué chargé de la Santé et de la Prévention, les acteurs du monde de la santé ont vivement réagi. Si le secteur hospitalier se félicite de cette annonce, les médecins libéraux s’insurgent face à ce qu’ils considèrent comme une “déclaration de guerre”.

 

Près d’un mois après l’arrivée de Catherine Vautrin à la tête du ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités, Frédéric Valletoux a été nommé, jeudi 8 février, ministre délégué en charge de la Santé et de la Prévention. Le député Horizons de 57 ans, dont le nom circulait depuis plusieurs semaines, aura en charge le portefeuille ministériel de l’avenue de Ségur. Une responsabilité importante pour l’ex-journaliste, ancien maire de Fontainebleau (Seine-et-Marne) et président de la Fédération hospitalière de France (FHF) de 2011 à 2022, qui devra faire face à de nombreux défis, à commencer par la réforme de l’Aide médicale d’Etat, ainsi que la possible restauration de l’obligation de garde pour les médecins libéraux, avancée par Gabriel Attal, le 30 janvier dernier.

Sur le réseau social X, Frédéric Valletoux s’est dit “fier et heureux de porter cette responsabilité ministérielle essentielle pour les Français”, remerciant Emmanuel Macron et Gabriel Attal pour leur confiance. Il a rapidement été félicité par Aurélien Rousseau, qui a affirmé être “très heureux que ce très beau ministère garde à son fronton l’ambition de mener simultanément les politiques de santé et de prévention”. “Notre système de santé a besoin de réformes et d’actions“, a, de son côté, souligné la médecin et députée Stéphanie Rist, assurant son soutien à Frédéric Valletoux.

La nomination de l’ancien président de la FHF est pourtant loin de faire l’unanimité parmi les acteurs du monde de la santé. Elle est même un “cauchemar” pour le Syndicat des médecins libéraux (SML). Dans un communiqué, publié jeudi 8 février, l’organisation assure voir dans cette nomination “une gifle lancée aux médecins”. La Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) parle, elle, de “déclaration de guerre” envers la médecine libérale. “Le mot est fort mais amplement justifié”, maintient le syndicat, dans un communiqué : “Personne ne peut en effet avoir oublié les prises de position scandaleuse [de Frédéric Valletoux] accusant la médecine libérale d’être la cause des maux de l’hôpital.”

Une position partagée par le président de l’Union française pour une médecine libre (UFML). Assurant “attendr[e] les actes” du nouveau ministre délégué à la Santé et à la Prévention, le Dr Jérôme Marty a toutefois tenu à revenir sur le bilan de Frédéric Valletoux à la tête de la FHF. Durant ces dix années de présidence, il y a eu “des milliers de lits fermés, des pénuries de personnels, des services en mode dégradés partout, une crise, des urgences aux étages…”, a réagi le syndicaliste sur le réseau social X, avant de pointer du doigt la proposition de loi sur l’accès aux soins de l’ancien député. Adoptée en décembre dernier, cette dernière qui entend s’attaquer au problème des déserts médicaux avait provoqué la colère des médecins libéraux.

La Conférence nationale des URPS Médecins libéraux “s’étonne”, elle, de la nomination de Frédéric Vallettoux, “un ennemi numéro un et auto-déclaré du monde libéral”, écrit-elle dans un communiqué. “Au regard de l’état du système de santé français, de la place des libéraux dans la prise en charge quotidienne des patients et de la nécessité de faire union pour assurer la qualité des soins en France, nous sommes dubitatifs sur ce choix de fin de mandat”, prolonge l’organisation.

De son côté, le président de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) s’est exprimé sur le réseau social X. Affirmant que Frédéric Valletoux a “perdu” la confiance des médecins libéraux, “nous demandons maintenant à ce que vous fassiez un bon usage de votre nouvelle fonction”, a déclaré Jeremy Darenne.

Côté FHF, on se “félicite” de la nomination de Frédéric Valletoux. “Le choix d’un élu de terrain, très bon connaisseur des enjeux de santé est un marqueur très positif”, insiste la fédération, rappelant toutefois que “le discours de politique générale du Premier ministre [le 30 janvier dernier, NDLR] avait laissé beaucoup de questions budgétaires en suspens”. “La FHF espère que le nouveau ministre saura répondre rapidement” aux craintes des établissements publics, poursuit la fédération dans son communiqué.

Une réaction partagée par la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP), qui salue l’arrivée du député Horizons au ministère de la Santé. “Frédéric Valletoux connait les fortes inquiétudes des acteurs de santé, les fragilités de notre système, et les dossiers urgents qu’il convient de prendre à bras-le-corps”, note la FHP. Il “a aussi porté une loi qui privilégie la confiance envers les acteurs de terrain pour mettre en place les meilleures organisations au service de l’accès aux soins. Nous comptons donc sur lui pour rester fidèle à cet esprit de confiance également distribué entre acteurs publics et acteurs privés, et pour remédier sans délai, dans un souci évident de justice, aux discriminations qui touchent les professionnels de santé du secteur privé”, conclut la fédération.

Source :
www.egora.fr
Auteur : Chloé Subileau

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Frédéric Valletoux à la Santé : les réactions les plus drôles des médecins sur X

Depuis la confirmation par le Gouvernement, jeudi 8 février, de la nomination du nouveau ministre délégué chargé de la Santé et de la Prévention, Frédéric Valletoux, les réactions pleuvent sur les réseaux sociaux, et en particulier sur X. Egora a sélectionné les plus “drôles”.

 

Nommé ce jeudi 8 février au poste de ministre délégué chargé de la Santé et de la Prévention, Frédéric Valletoux suscite déjà de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux. Si les internautes de la plateforme X, connue pour ses messages parfois violents, sont nombreux à dénoncer son penchant “anti libéral”, d’autres préfèrent utiliser l’humour pour réagir à cette nouvelle annonce.

Source :
www.egora.fr
Auteur : Mathilde Gendron

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“Il ne reste plus qu’à enterrer la médecine générale” : vos réactions à la nomination de Frédéric Valletoux

La nomination de Frédéric Valletoux, ancien président de la Fédération hospitalière de France (FHF), à la Santé préoccupe les médecins lecteurs d’Egora, qui craignent “la mort de la médecine libérale”. Certains appellent à la mobilisation pour défendre leur profession face à ce qu’ils estiment être “un nouvel affront” du Gouvernement.

 

“La nomination de Frédéric Valletoux à la Santé est-elle une bonne chose ?” Au jour d’aujourd’hui, pour 96 % des 1 020 professionnels de santé lecteurs d’Egora (en majorité médecins) qui se sont exprimés sur le site depuis le 8 février, la réponse est “non“. “C’est juste une catastrophe !”, s’émeut D.C, médecin. “On ne pouvait pas rêver ou plutôt cauchemarder pire !”, lance H.G., généraliste. “On voudrait éliminer les médecins qu’on ne ferait pas autrement… Idem pour les IDE et autres” professions de santé, regrette F.S. Tous dénoncent un nouvel “affront” à la profession de la part du Gouvernement. C’est “une véritable déclaration de guerre vis-à-vis des soignants libéraux”, juge R.G.

Une majorité de lecteurs soulignent que Frédéric Valletoux, ancien président de la Fédération hospitalière de France (FHF), est “un farouche opposant de la médecine libérale”, comme D.D., gastroentérologue. Certains prédisent même “la mort de la médecine libérale”, à l’instar de S.C-L.D, généraliste. “Il ne reste plus qu’à enterrer en grande pompe la médecine générale”, lâche un autre confrère, pessimiste. Plusieurs lecteurs se souviennent des “attaques verbales répétées contre les médecins libéraux” du nouveau locataire de l’avenue de Ségur, “adepte plus de la coercition que de la discussion”.

Début juin, le député Horizons estimait par exemple que les pouvoirs publics avaient “peut-être” été “trop lâches et pas assez courageux vis-à-vis d’une médecine libéraleces dernières années. Il défendait sa proposition de loi sur l’accès aux soins, contre laquelle des milliers de médecins ont manifesté dans les rues de la capitale, la jugeant excessivement coercitive. Le texte avait finalement été adopté après avoir été grandement amputé des mesures de régulation à l’installation – entre autres.

“Ce triste sire passe son temps à traiter de feignasses les médecins libéraux alors que nous travaillons entre 55 et 80 heures par semaine. D’après lui, nous ne ferions pas les gardes ? Sauf que 95 % des secteurs sont couverts, et que dans les autres cas, soit il n’y a quasiment pas d’appel, soit il faudrait répondre au péril de nos vies ! Ce sont les politiciens qui à coup de lois de santé plus tordues les unes que les autres ont fait passer notre système de santé de la première place en 2000 à la 17e maintenant. Sûrement pas les médecins libéraux qui le tiennent à bout de bras !”, dénonce S.B., chirurgienne thoracique et cardio-vasculaire.

En pleine négociations conventionnelles, cette nomination apparaît comme un coup bas. “Avec lui on sera de garde tous les jours et le G sera revalorisé à 30 euros au prochain remaniement… dans 3 ans”, craint M.C., généraliste. “En santé il a tout raté, tout. De la première année de médecine à la chute de l’hôpital public dont il était le représentant, juge sévèrement F.B. Donc on le nomme ministre parce que c’est le copain d’un copain. Il va avoir les mains libres pour se venger de la profession qu’il a toujours jalousé. Et ça commence déjà avec les négociations qu’il bloque à 30 euros avec un maximum de contreparties inacceptables, dans l’unique but d’atteindre la servitude des médecins via la capit(ul)ation”, présage ce médecin.

Certains pointent en outre son “manque d’expérience”. “En dehors du fait que son DEUG d’histoire et son poste de président de la FHF ne constituent en rien une expérience du monde libéral et de ses contraintes, on peut surtout mettre en doute sur son niveau d’expertise sur la santé dans son ensemble”, écrit R.G. “Voilà un individu qui ne connait strictement rien à la médecine générale, voir à la médecine dans son ensemble”, abonde L-J. T, maître de stage. “Je suis bien content d’être un médecin retraité actif qui peut s’arrêter du jour au lendemain. Je plains nos jeunes confrères.”

“Une nomination qui va pousser encore plus au déconventionnement”

Nombre de lecteurs appellent à réagir à cette nomination vécue comme un nouvel “affront“. A l’instar de P.R., médecin généraliste : “Arrêtons de pleurer, agissons à tous les niveaux, n’ayons pas peur, faisons de véritables actions”, écrit-il. “Préparez les brassards ‘en grève'”, ajoute F.M., un autre généraliste. Si F.D. a répondu “oui” à la question “La nomination de Frédéric Valletoux à la Santé est-elle une bonne chose ?”, c’est parce qu’il pense qu’elle pourra “initier la révolte”.

Pour beaucoup, cette nomination va “pousser encore plus au déconventionnement”, comme le prédit le Dr H-L.T, qui adresse “toutes [ses] condoléances à madame la médecine libérale”. “Le seul levier dont disposent les médecins c’est le déconventionnement qui à défaut d’influencer le Gouvernement permettra au moins de sortir de cette nasse, estime cet autre Egoranaute. L’élément le plus récurrent à la lecture de témoignages de déconventionnés est cette sensation de s’être affranchi de l’asphyxie.”

“J’ai tendance à penser que tout est mieux que cette lente agonie, cette longue, épuisante, descente aux enfers… nuance ce lecteur pour qui la nomination de Frédéric Valletoux à la Santé est une ‘bonne chose’.”

Source :
www.egora.fr
Auteur : Louise Claereboudt

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