Les Journées nationales de médecine générale (JNMG), qui se sont déroulées les 12 et 13 octobre derniers, ont, cette année encore, constitué l’un des principaux temps forts annuels de la spécialité. Les 1 500 professionnels présents ont pu actualiser leurs pratiques ou participer à l’un des nombreux débats. Le format hybride qui était disponible pour de nombreuses sessions cette année a, en outre, permis d’offrir un large programme de formation au plus grand nombre.

 

Au programme :

– Intelligence artificielle en santé : entre espoirs et méfiance
– Fatigue chronique : une démarche diagnostique méthodique et progressive
– PSA : un bon outil
– Céphalées : identifier les situations d’urgence
– BPCO : nouvelles étiologies, nouvelles recommandations
– Dysthyroïdies : un diagnostic et une prise en charge à revoir


Intelligence artificielle en santé : entre espoirs et méfiance

L’intelligence artificielle devrait constituer un outil extraordinaire au service de la médecine, permettant de sauver de nombreuses vies. Mais il est fondamental d’encadrer son développement et que les médecins se l’approprient.

 

L’intelligence artificielle a déjà bouleversé nos vies. En médecine, en particulier, elle constitue un outil extraordinaire au service des praticiens et des patients, qui a le potentiel de sauver de nombreuses vies. Mais les enjeux et les risques sont multiples et sources de nombreuses inquiétudes, comme l’a détaillé au cours de la séance plénière des Journées nationales de médecine générale (12-13 octobre 2023), le Pr Jean-Emmanuel Bibault, médecin radiothérapeute à l’hôpital européen Georges Pompidou, à Paris.

Si l’intelligence artificielle (IA) a récemment connu un essor majeur, du fait de la croissance de la numérisation des informations médicales, et de l’évolution des capacités de traitement des algorithmes, son implication en médecine remonte à la fin des années 1960 et “les années 1970 ont été témoins des premières avancées tangibles en matière d’IA médicale”, rappelle le Pr Bibault, notamment en chimie organique et en biomédecine. Puis, les premières applications médicales concrètes ont eu lieu concernant des conseils pour l’utilisation d’antibiotiques, le diagnostic et le traitement du glaucome, ou encore en médecine interne.

Un outil “transformateur”

Avec l’évolution rapide des technologies, l’IA offre déjà actuellement des avancées majeures dans le domaine médical. Cela concerne l’aide au diagnostic, à la décision, ou encore la prédiction de maladies et la médecine personnalisée, mais aussi la découverte des médicaments et la télémédecine. Les apports diagnostiques concernent particulièrement l’oncologie. Ainsi, par exemple, elle permet d’identifier des cancers pulmonaires à partir de scanners, des mélanomes à partir de photos, ou encore des cancers du sein, en divisant par deux, le temps nécessaire à la lecture de mammographies. D’autres applications sont aussi constatées pour le diagnostic d’anomalies pulmonaires sur radiographies, de rétinopathie diabétique à partir de l’analyse des fonds d’œil, ou encore pour la prise en charge des AVC.

L’IA est par ailleurs capable d’analyser des informations génomiques et d’autres données médicales permettant de prédire le risque de rechute d’un cancer, ou l’efficacité d’un traitement. C’est le cas, en particulier pour le cancer de la prostate, où une IA est capable de prédire les risques de décès – et donc l’utilité d’un traitement –, en prenant en compte plusieurs paramètres du patient.

A l’avenir, on peut même envisager que l’IA soit couplée à la robotisation pour pouvoir réaliser les interventions chirurgicales les plus simples. Des programmes de reconnaissance des instruments et gestes chirurgicaux sur vidéos sont déjà en cours.

Dans le domaine de la recherche, la place de l’IA est aussi importante. Elle permet d’anticiper l’efficacité d’une molécule, avant même les tests en laboratoire, contribuant à une meilleure évaluation du potentiel d’une molécule par les entreprises, et ainsi, un accès plus rapide à de nouveaux traitements.

Enfin, l’IA a logiquement tout sa place en télémédecine, et pourrait aider à lutter contre les déserts médicaux et à favoriser l’accès aux soins. “Récemment, il a été démontré que ChatGPT pouvait diagnostiquer 85 % des maladies d’un ensemble donné, tandis que les médecins n’en identifiaient que 65 %”, indique le Pr Bibault. Pour ce spécialiste, “l’IA s’avère un outil transformateur dans le domaine médical, offrant des avancées majeures en matière de diagnostic, de traitement et de gestion des patients”. Toutefois, “elle soulève des défis éthiques, techniques et cliniques qui nécessitent une attention rigoureuse”.

Des limites

La question de la fiabilité des données est majeure. Or “l’efficacité de l’IA dépend grandement de la qualité des données avec lesquelles elle est créée. Si les jeux de données ne reflètent pas fidèlement la population ou comportent des anomalies, les conclusions de l’IA peuvent être erronées”, souligne ainsi le Pr Bibault. Dans le cas de la détection du mélanome, par exemple, l’IA s’est révélée peu performante sur les peaux foncées, du fait de leur faible représentation dans les données initiales. Autre exemple, certains algorithmes développés aux Etats-Unis pourraient ne pas être efficaces sur des populations européennes.

La sécurité des données est un autre enjeu. Du fait de leur volume, elles constituent en effet un poids économique majeur ; et il existe un réel risque de fuite. “Si ces informations sont capturées par des individus malintentionnés, elles pourraient servir à des fins néfastes, comme l’usurpation d’identité ou la discrimination”, détaille le Pr Bibault. Les dérives peuvent être nombreuses (estimation des préférences sexuelles sur analyse d’un visage, lecture des pensées d’une personne etc.).

La question de la responsabilité se pose aussi. Et à ce niveau, “la législation actuelle ne fournit pas de réponse tranchée”, considère le spécialiste.

Un outil complémentaire pour les médecins

Sur le plan médical, la place croissante de l’IA est donc une réalité. Toute la question est de savoir comment les médecins vont se l’approprier. La peur d’une “déshumanisation des soins” est réelle. Cependant, en pratique, il est plus probable que l’IA vienne constituer un outil complémentaire aux médecins, sans s’y substituer, en particulier pour les tâches très techniques et fastidieuses ; ce qui les renforcerait, au contraire, pour la dimension humaine de la profession. En outre, une vigilance particulière doit être apportée aux risques d’accroissement des inégalités de santé entre les personnes qui pourront bénéficier de l’IA et les autres.

Il est donc impératif que les médecins soient formés à cette technologie – en particulier à reconnaitre les qualités d’un modèle d’IA. Ils doivent s’approprier ce nouvel outil, ne serait-ce que parce qu’ils sont les seuls à avoir prêté le serment d’Hippocrate, et donc à intégrer la notion de “bonne pratique”. “La collaboration entre professionnels de santé, chercheurs en IA et décideurs est essentielle pour garantir une intégration responsable et efficace de l’IA en médecine, afin d’optimiser les soins tout en préservant la confiance et la sécurité des patients”, conclut le Pr Bibault.

[D’après les Journées nationales de médecine générale (CNIT-La Défense, 12 et 13 octobre). Communication du Pr Jean-Emmanuel Bibault lors de la session plénière “Intelligence artificielle en médecine ; enjeux de pratique ; enjeux éthiques”. Et d’après La Revue du praticien – médecine générale : Bibault J.E. Octobre 2023. 37(1080):387-90.]

Source :
www.egora.fr
Auteur : Marielle Ammouche

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Fatigue chronique : une démarche diagnostique méthodique et progressive

Le diagnostic de trouble somatique fonctionnel doit être positif, et non pas d’élimination : il serait sinon considéré comme le résultat d’un échec diagnostique par le patient.

 

Première étape avant de qualifier une fatigue de trouble somatique fonctionnel (dont le retentissement est très grand), écarter toutes les raisons somatiques de fatigue, potentiellement graves, éventuellement curables. Elles sont très nombreuses : anémie, iatrogénie (antalgiques, bêta-bloquants, etc.), cancer, infection, maladies endocriniennes (thyroïde), auto-immunes, douleur chronique, pathologies respiratoires, hépatiques, digestives (maladie cœliaque), neurologiques (la fatigue n’est ici pas isolée), insuffisance cardiaque, etc. On doit apprécier les facteurs d’amélioration ou d’aggravation, les symptômes associés, le mode de vie, les traitements, etc. Les problèmes graves sont écartés avec les dépistages de cancer, un scanner thoracoabodminopelvien si l’altération de l’état général est objectivable, une polygraphie ventilatoire en cas d’apnées. Une biologie de débrouillage, de première intention, comprend une NFS, une CRP, une glycémie, une ferritinémie, un TSH et une sérologie VIH. En 2è intention, après 6 mois de ce syndrome de fatigue, elle peut être complétée par : taux sanguin de magnésium, CPK, LDH, électrophorèse des protéines sériques, sérologies VHB, VHC, syphilis, Epstein Barr et CMV. La recherche des facteurs antinucléaires est inutile parce que présents chez 10 % de la population sans traduction clinique de connectivites. Contre-productif également, le profil cytokinique élargi pour un diagnostic global de l’immunité.

“Pour chacun des symptômes éventuellement associés à la fatigue (déficit moteur à l’effort, troubles digestifs, etc.), la Haute Autorité de santé (HAS) a établi 13 fiches pour la conduite à tenir diagnostique et la prise en charge”, a signalé la Pre Brigitte Ranque, spécialiste de médecine interne (Hôpital européen Georges Pompidou, Paris), lors d’une session médecine interne des JNMG.

Autres repérages indispensables avant de conclure, un trouble du sommeil, un syndrome des jambes sans repos, une anxiodépression, des pathologies urinaires ou prostatiques, une consommation de toxiques. “Point trop d’explorations toutefois puisqu’à peine 10 % des fatigues chroniques sont effectivement dues à une cause somatique”, prévient la Pr Ranque.

Au terme de cette longue enquête, le syndrome de fatigue chronique peut être étiqueté “trouble somatique fonctionnel” ; il perturbe donc la vie quotidienne depuis plus de 6 mois, génère des pensées excessives vis-à-vis de ce symptôme, qui est d’ailleurs parfois déclenché par une maladie somatique (emblématique, le Covid). La fatigue est fluctuante, présente dès le réveil, améliorée par l’activité physique (un distracteur), produisant un brouillard cérébral, accompagnée de symptômes neurovégétatifs (oppression thoracique), à l’origine de cercles vicieux cognitifs, d’anticipations erronées non contrôlables. Un syndrome qui touche plus volontiers des femmes, perfectionnistes, intolérantes à l’incertitude.

[D’après les Journées nationales de médecine générale (CNIT-La Défense, 12 et 13 octobre). Communication de la Pre Brigitte Ranque, spécialiste de médecine interne (Hôpital européen Georges Pompidou, Paris).]

Source :
www.egora.fr
Auteur : Brigitte Blond

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PSA : un bon outil

Le dosage du PSA est utile dans le cadre du diagnostic précoce de cancer. Mais il doit être utilisé à bon escient. La stratégie doit être individualisée au patient.

 

Le cancer de la prostate touche 50 000 nouveaux hommes par an, premier cancer de l’homme, un sur 8 avant 75 ans ; il est à l’origine de 10 000 décès par an, à peu près autant que le cancer du sein, hormonosensible lui aussi. “Parce qu’il est très commun, inéluctable (à 100 ans, 100 % des hommes en ont un), il est préférable de débusquer LE cancer qui tue”, a souligné le Pr de la Taille, chirurgien urologue (Hôpital Henri Mondor, Créteil) et président de l’Association française d’urologie, lors d’une session urologie des JNMG. Dépister en population générale n’est donc pas intéressant. Mieux vaut pratiquer le diagnostic précoce à bon escient.

Certes les conditions du dépistage paraissent réunies – problème majeur de santé publique, moyen approprié de diagnostic (le PSA), phase de latence où la maladie est curable, traitements ; mais à l’échelle de la population, le gain d’espérance de vie n’est que de quelques jours. A titre individuel en revanche, plus l’espérance de vie est longue et plus le gain d’espérance de vie est conséquent : 10 ans pour un patient de 61 ans.

Le dépistage doit être ainsi proposé tous les 2 à 4 ans – à partir de 50 ans (dès lors que l’espérance de vie est de plus de 10 ans) et de 45 ans aux populations à risque, afro-antillaises et/ou quand, dans la famille, deux parents ou plus ont eu un cancer du sein ou de la prostate (possiblement muté BRCA2).

Si le PSA est inférieur à 1 à l’âge de 50 ans (<2 à 60 ans), on considère que le risque est faible et il peut être refait tous les 3 à 4 ans. En cas d’augmentation, il faut tenir compte du fait que le PSA n’est pas spécifique de cancer. La prostate grossit avec l’âge et le PSA s’élève alors naturellement et faiblement comme avec une infection : prostatite, grippe ou Covid (+ 3 points). Par ailleurs, il augmente de 20 à 30 % après un toucher rectal (de peu d’intérêt désormais avec l’IRM), de 10 % après un rapport sexuel et baisse après une séance de vélo intense (à la faveur de la réduction de testostérone liée à la fatigue). Le PSA doit alors être recontrôlé dans les 15 jours (les six mois pour une prostatite).

Entre 4 et 15 ng/ml, la stratégie la plus sûre est de réaliser une IRM qui peut objectiver un cancer agressif. En cas de doute, les biopsies confirment ou infirment la cancérogénicité des anomalies, leur grade (apprécié sur le score de Gleason) étant complètement corrélé à l’évolution de la maladie.

PSA libre/total ou total seul ? Pour un premier dosage, c’est le PSA total qui convient. Le rapport peut être utile après l’IRM et une première série de biopsies négatives pour savoir s’il est pertinent d’en réaliser une seconde, une fraction libre plus élevée étant en faveur d’un adénome.

Enfin, peut-on légalement ne pas faire de dépistage ? Oui, car il n’y a pas de recommandation en ce sens… En revanche, si un dosage de PSA est demandé et revient anormal, cela doit constituer une première étape à la démarche diagnostique. “Si le résultat est sujet à discussion en effet, il convient d’aller jusqu’au bout, c’est-à-dire demander une IRM, voire des biopsies”, conseille le Pr de la Taille.

[D’après les Journées nationales de médecine générale (CNIT-La Défense, 12 et 13 octobre). Communication du Pr Alexandre de la Taille, chirurgien urologique (Hôpital Henri Mondor, Créteil) et président de l’Association Française d’Urologie.]

Source :
www.egora.fr
Auteur : Brigitte Blond

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Céphalées : identifier les situations d’urgence

Il importe de savoir différencier les céphalées pour apprécier leur sévérité et leur caractère d’urgence.

 

Le diagnostic étiologique d’une céphalée passe avant tout par l’interrogatoire du patient, pour connaître l’ancienneté de la douleur, son mode d’apparition (brutal ou progressif), son caractère habituel ou non, son évolution (amélioration, aggravation…), le nombre de crises par mois (épisodiques ou quotidiennes), les facteurs déclenchants (effort, orgasme, post-partum, émotion, prise ou arrêt d’un médicament, toxiques, facteurs hormonaux…) et la présence de pathologies ou signes associés : vomissements, fièvre, infection, déficit neurologique, troubles visuels, douleur cervicale, lombaire…

Le caractère ancien et habituel oriente vers une céphalée primaire, une survenue récente et inhabituelle, ou vers une céphalée secondaire. Dans ce deuxième cas, “il faut faire une imagerie en urgence, car la majorité des céphalées secondaires sont d’origine neurovasculaire et à risque d’aggravation et de complications”, a alerté la Dre Caroline Roos, neurologue au centre d’urgence des céphalées de l’hôpital Lariboisière (AP-HP), lors d’une session neurologie des JNMG.

Céphalée primaire : réduire le nombre de crises

80 % des céphalées sont des céphalées primaires, qui regroupent notamment les migraines avec ou sans aura (15 % de la population), la céphalée de tension (30 %) et l’algie vasculaire de la face. Les migraines sont définies par la classification internationale des céphalées – 3ème édition (ICHD-3) : au moins cinq crises par mois durant 4 à 72 h, ayant au moins deux des caractéristiques suivantes : topographie unilatérale, pulsatile, douleur modérée ou sévère, aggravée par l’activité physique de routine, et accompagnées de nausées et/ou vomissements et/ou photophobie et/ou phonophobie. L’examen physique est normal et ne donne pas lieu à exploration.

Le traitement est spécifique du type de céphalée. “Le traitement de crise n’a pas beaucoup changé avec le temps”, a commenté la Dre Roos, saluant toutefois les anticorps anti-CGRP “qui ont tous des niveaux de preuve d’efficacité très élevée” dans la migraine chronique.

L’impact de la migraine sur la qualité de vie est évalué avec l’échelle HIT-6 et la comorbidité anxio-dépressive, avec l’échelle HAD. “Ces pathologies doivent être prises en compte de façon concomitante, en adressant le patient à un psychiatre”, a indiqué Caroline Roos. Un traitement de fond peut être instauré. “L’objectif malheureusement n’est pas de guérir le patient mais de diminuer la fréquence des crises.”

Céphalée secondaire : traiter la cause et la douleur

Toute modification récente d’une céphalée chronique fait suspecter une céphalée secondaire. Cette dernière peut constituer le symptôme de pathologies parfois graves, le syndrome méningé et le syndrome d’hypertension intracrânienne (HTIC) relevant de l’urgence vitale. Des examens doivent être réalisés en urgence : imagerie cérébrale, angiographie cérébrale et/ou cervicale, ponction lombaire en l’absence de diagnostic, parfois complétés par des examens biologiques, ophtalmologiques… “Le profil du patient et le contexte de survenue de la céphalée peuvent aider dans la démarche exploratoire : un sujet âgé évoque une maladie de Horton ; une fièvre, une méningite ; une contraception orale, une thrombose veineuse cérébrale… ”, a illustré la Dre Roos.

Les principales causes de céphalées récentes à début brutal sont l’hémorragie sous-arachnoïdienne (10 à 30 % des cas, dus pour 85 % d’entre eux à la rupture d’un anévrisme intracrânien) et le syndrome de vasoconstriction cérébrale réversible (10 à 45 % des céphalées en coup de tonnerre vues aux urgences). Les céphalées récentes d’aggravation progressive peuvent être dues – entre autres – à une méningite ou méningo-encéphalite, un syndrome d’hypertension ou d’hypotension intracrânienne, une intoxication au monoxyde de carbone, des traitements médicamenteux (inhibiteurs de la phosphodiestérase, dipyridamole, dérivés nitrés, anticalciques sauf flunarizine…), une apnée du sommeil, une dysthyroïdie…

La prise en charge comprend un traitement symptomatique par antalgique non spécifique (paracétamol, néfopam) et un traitement étiologique de l’affection décelée.

[D’après les Journées nationales de médecine générale (CNIT-La Défense, 12 et 13 octobre). Communication de la Dre Caroline Roos, neurologue (centre d’urgence des céphalées, hôpital Lariboisière, Paris).]

Source :
www.egora.fr
Auteur : Muriel Pulicani

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BPCO : nouvelles étiologies, nouvelles recommandations

Alors que la prévalence de la BPCO augmente, avec une diversification du profil des malades, sa définition et ses modalités de prise en charge évoluent.

 

La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) constitue la troisième de mortalité dans le monde, avec 3,23 millions de décès en 2019. Si elle est essentiellement due au tabagisme, d’autres facteurs de risque émergent : le vapotage et le cannabis, la pollution extérieure et intérieure et les expositions professionnelles (métaux, silice, arsenic, plastique, caoutchouc, poussières, textiles végétaux, agriculture…). Autres facteurs de risque : la prématurité, un petit poids de naissance, la nutrition, un microbiote appauvri, le surpoids, des infections, un asthme, une tuberculose, le VIH. Ils s’accumulent au fil de la vie et peuvent conduire à l’apparition de la maladie, souvent vers 60 ans mais désormais plus précocement. Le dépistage de la pathologie en population générale reste insuffisant. “Sur les 3 millions de personnes présentant une BPCO en France, les deux tiers sont non diagnostiquées”, a signalé le Dr Gilles Jébrak, pneumologue à l’hôpital Bichat-Claude Bernard (Paris), lors d’une session pneumologie des JNMG.

Cumul des facteurs de risque

Le diagnostic repose sur la clinique et sur l’exploration fonctionnelle respiratoire. Le rapport VEMS/CVF mesuré par la spirométrie “est un diktat qui est remis en cause. De nouvelles définitions intègrent des formes avec un rapport de Tiffeneau conservé”, a décrit le Dr Jébrak. L’exposition au tabac et à un ou plusieurs autres facteurs de risque augmente la probabilité de BPCO : emphysème ou épaississement bronchique, symptôme tel que dyspnée ou bronchite chronique, et/ou anomalie spirométrique. ”L’exposition associée à une autre anomalie rend la BPCO possible, l’exposition à deux autres anomalies la rend probable, et à trois autres anomalies la rend certaine”. Si le diagnostic est confirmé, des examens fonctionnels et biologiques complémentaires peuvent être demandés : TDM du thorax, volumes non mobilisables, DLCO, gaz du sang, test d’effort, alpha-1-antitrypsine (AAT) pour la substitution du déficit et le dépistage familial, éosinophiles pour l’indication de corticostéroïdes inhalés.

Des comportements à changer

La première mesure à mettre en place est le sevrage du tabac, de la cigarette électronique et du cannabis. Le patient doit aussi être encouragé à adopter un bon équilibre alimentaire et à pratiquer une activité physique. Pour les BPCO stables, la vaccination contre la grippe, le Covid-19 et le pneumocoque est conseillée. La réadaptation respiratoire permet “une véritable diminution du risque de réhospitalisation et de la mortalité”, a noté le Dr Jébrak. Elle doit être menée assidument pendant deux ans minimum et fait intervenir une équipe comprenant kinésithérapeute, infirmière, assistante sociale, nutritionniste, psychologue, tabacologue…

Le traitement pharmacologique de première intention est un bronchodilatateur oral de courte durée d’action. ”Le choix de l’inhalateur doit être individualisé”, a indiqué le Dr Jébrak, insistant sur la nécessité d’une “éducation thérapeutique” du patient et du “contrôle de l’utilisation des systèmes”. La prise en charge porte également sur les maladies pulmonaires associées et les autres comorbidités.

[D’après les Journées nationales de médecine générale (CNIT-La Défense, 12 et 13 octobre). Communication du Dr Gilles Jébrak, pneumologue (hôpital Bichat-Claude Bernard, (Paris).]

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www.egora.fr
Auteur : Muriel Pulicani

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Dysthyroïdies : un diagnostic et une prise en charge à revoir

Les recommandations de dépistage et de prise en charge des dysthyroïdies sont souvent mal appliquées, avec une surprescription des examens et des traitements.

 

2 % des Français souffriraient de dysthyroïdie, dont 1,3 % d’hypothyroïdie, 0,34 % d’hyperthyroïdie et 0,3 % de thyroïdite, selon les estimations de la HAS. Les femmes sont bien plus touchées que les hommes (40,3 sur 10 000 contre 7 sur 10 000), du fait principalement des changements hormonaux au cours de leur vie (grossesse, post-partum, ménopause).

Hypothyroïdie : améliorer la pertinence des prescriptions

Le diagnostic d’hypothyroïdie est complexe en raison de la non-spécificité des signes cliniques : fatigue, frilosité, constipation récente, prise de poids modérée, ralentissement psychomoteur, dépression inexpliquée, raucité de la voix, gonflement des paupières, crampes, troubles du cycle menstruel… Le phénomène peut s’expliquer par un traitement par amiodarone ou lithium, une exposition à de l’iode radioactif, des antécédents personnels ou familiaux de maladie auto-immune, un syndrome de Down ou un syndrome de Turner, une chirurgie de la thyroïde. Le diagnostic doit toujours être confirmé par un bilan hormonal, avec deux dosages de la TSH espacés dans le temps. “Attention à la surprescription ! Il faut faire des examens en cascade : TSH, puis, si elle est anormale, T4 libre, puis T3 si besoin”, a précisé la Pre Françoise Borson-Chazot, PH-PH au sein du service d’endocrinologie, de diabétologie et des maladies métaboliques des Hospices civils de Lyon (HCL), lors d’une session endocrinologie des JNMG. Le traitement de référence est la lévothyroxine. Or en 2013, environ 30 % des prescriptions n’avaient pas été précédées par un dosage de TSH, selon un rapport de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). “Les prescriptions sont sans doute beaucoup mieux adaptées après la crise du Levothyrox (Merck)”, a estimé la Pre Borson-Chazot. Les recommandations diffèrent pour les plus de 65 ans et les femmes enceintes, chez qui la TSH est naturellement plus élevée.

Hyperthyroïdie : limiter le recours à la chirurgie

L’hyperthyroïdie primaire, de forme avérée ou fruste, a pour causes principales la maladie de Basedow, le goitre multinodulaire toxique et l’adénome toxique. “L’hyperthyroïdie gestationnelle transitoire concerne 2 % des grossesses au 1er trimestre et régresse en 2e partie de grossesse”, a décrit la Dre Hélène Lasolle, endocrinologue à l’hôpital Louis-Pradel à Bron (HCL). S’y ajoutent les thyrotoxicoses. Là aussi, les symptômes ne sont pas spécifiques : palpitations, essoufflement, fatigue, faiblesse musculaire, nervosité, anxiété, irritabilité, tremblement des extrémités, troubles du sommeil, perte de poids, accélération du transit, transpiration excessive, et dans moins de 10 % des cas, troubles menstruels, anorexie, œdème des membres…

Le diagnostic repose sur l’interrogatoire du patient (antécédents de maladies auto-immunes, prise de médicaments et/ou de compléments alimentaires, infection ORL récente, symptômes compressifs, grossesse), sur un examen clinique approfondi (poids, rythme et fréquence cardiaques, pression artérielle, auscultation pour déceler un souffle thyroïdien, examens thyroïdien, oculaire, neuromusculaire, cardiovasculaire, cutané) et des dosages en cascade.

Un premier épisode de maladie de Basedow se traite par thiamazole ou carbimazole en première intention. La prise en charge de l’orbitopathie inclut le sevrage tabagique et l’adressage à un ophtalmologiste et un endocrinologue. “Sa prévalence est multipliée par sept chez les fumeurs et plus difficile à soigner chez eux”, a indiqué la Pre Borson-Chazot.

Le goitre multinodulaire toxique et l’adénome toxique sont plus fréquents après 60 ans. “Les facteurs favorisant un goitre sont la carence iodée, la génétique, des facteurs hormonaux, le tabagisme…”, a repris Françoise Borson-Chazot. Le diagnostic se fait par scintigraphie. L’irathérapie – ou traitement par iode radioactif – est recommandée en première intention, la chirurgie intervenant dans des contextes particuliers (malignité, goitre volumineux…), de même que les anti-thyroïdiens de synthèse (comorbidités). De nouvelles techniques de radiologie interventionnelle (thermoablation par radiofréquence) sont développées dans l’adénome toxique. Elles pourraient permettre de réduire le nombre de thyroïdectomies, trop élevé en France.

[D’après les Journées nationales de médecine générale (CNIT-La Défense, 12 et 13 octobre). Communications de la Pre Françoise Borson-Chazot, PU-PH en endocrinologie (Hospices civils de Lyon), et de la Dre Hélène Lasolle, endocrinologue (hôpital Louis-Pradel à Bron, HCL).]

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www.egora.fr
Auteur : Muriel Pulicani

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